Zorah
Voilà six jours que je suis rentrée de Calais. Ce petit retour aux sources m'a fait un bien fou malgré toutes les larmes que j'ai pu laisser sortir. Je me sens comme revigorée et le fait qu'Aydan passe au café chaque matin depuis mon retour, alors que Marvin ne l'a pas vu une fois la semaine dernière, n'y est pas pour rien non plus. Ce n'est pas grand-chose, on ne se dit que des banalités professionnelles, mais c'est déjà ça et aujourd'hui, je suis bien décidé à faire un pas timide vers lui.
- Salut toi ! Comment tu vas, aujourd'hui ? demandé-je à Yoann qui est installé au comptoir depuis trois bonnes minutes.
- Salut ma belle ! Très bien, juste un peu déçu de ne pas déjà avoir ma commande sous le nez. Je pensais être un client roi, je me trompais...
Je pouffe doucement à sa remarque et fixe l'entrée du café dont la porte vient de s'ouvrir. Je me penche alors vers mon interlocuteur et lui murmure :
- Lui, c'est mon client roi ! Je dirais même qu'il est mon favori, mais ça reste entre nous.
Yoann se tourne et observe le nouvel arrivant, tandis que je me dirige vers la caisse pour accueillir Aydan.
- Même pas tu me sers du coup ? se plaint-il.
Je tourne la tête vers lui, un sourire moqueur sur les lèvres.
- Je me dois de faire redescendre sur terre mon client roi de pacotille.
- T'es une garce, Zorah !
J'ignore sa remarque et m'attarde sur le bel homme face à moi. Ce dernier fixe Yoann d'un regard torve, je ne sais pas s'il le doit à son insulte, mais j'aime à croire que oui et mon cœur en frétille de joie.
- Salut, tu prends quoi aujourd'hui ? demandé-je, en souriant.
Aydan reporte son attention sur moi, le bleu glacial de ses iris me percutent de plein fouet. Bordel! Ça me remue toujours autant.
- Deux expressos sans sucre et sur place, s'il te plaît.
Je ne parviens pas à cacher ma surprise et arque un sourcil. Pour seule réponse, Aydan m'offre ce sourire en coin qui m'en ferait perdre mes moyens.
- OK !
Alors que je m'apprête à préparer sa commande, Aydan m'interrompt :
- Tu saurais me dire ce que William aime en matière de gourmandises ?
Je me tourne vers lui avec un grand sourire, puis je me dirige vers la vitrine.
- Il adore les moelleux au chocolat, surtout quand ils sortent du four comme c'est le cas pour ceux-là.
- Mets-m'en deux alors, s'il te plaît.
J'acquiesce et lui dis d'aller s'installer, que sa commande arrive dans un instant. Je rejoins la machine à expressos et en prépare deux que je dépose sur un plateau, puis j'ajoute les moelleux et me vient une petite idée. Je fouille partout à la recherche de papier et d'un stylo, quand je trouve mon bonheur, je note : « Je te souhaite une belle journée. » accompagné d'un émoji qui sourit. Je plie la feuille, la dépose sur le plateau et me dépêche de l'apporter.
- Et voilà, souris-je, en posant le tout sur la table.
- Tu fais le service maintenant ?
- Non, mais j'avais envie.
Je n'attends pas sa réponse, je prends la poudre d'escampette. Aussitôt derrière le comptoir, je jette un œil dans sa direction. Installé face à moi, j'ai le loisir d'observer sa réaction quand il ouvre la feuille. Il fixe mes mots pendant un certain temps, si bien que je commence à me dire que je n'aurai pas dû, puis sans crier gare, il lève la tête, son regard s'ancre au mien et ses lèvres s'étirent au point de découvrir ses dents. J'ai bien fait, finalement. Mon cœur vibre sous l'éclat de son visage. Ce qu'il est beau. Ce que je l'aime. Perdue dans mes songes à dévorer l'homme de ma vie, j'en oublie mon travail, jusqu'à ce que Yoann me rappelle que je ne l'ai toujours pas servi.
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Nous Étions Destinés | Tome 1 et 2 |
Lãng mạn⚠️ Attention! il s'agit d'un premier jet, les corrections ne sont pas faites ⚠️ Trigger Warning : Violence, maltraitance infantile, sexe, mort, deuil prénatal, vulgarités. Les ténèbres ne se trouvent pas seulement dans les endroits sombres. Elles s...