Les secrets des (Hunter Partie 2)

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Alors qu'il avançait sereinement vers le bureau royal derrière lequel siégeait son grand-père, Julian sentit que sa violente contrariété battait retraite face à sa grande admiration pour l'abominable saint patron de la famille.

À quatre vingt ans, et après une vie exclusivement consacrée à agrandir l'empire hérité par ses aïeux, GP Hunter sut préserver son esprit diabolique des affres de la douceur et de la tendresse, injustement, associées aux personnes âgées. Il put surtout éloigner son corps des dégâts de l'inéluctable épuisement de ses muscles et de ses organes.

À son âge, les rides avaient déjà largement creusé son visage acariâtre, sa chevelure anciennement dorée était désormais couverte d'un voile blanc immaculé, ses yeux aux regards foudroyants étaient présentement armés d'une paire de lunette, et, récemment, ses deux jambes affaiblies avaient dû faire appel à une troisième pour garantir la droiture et la dignité de sa posture. Malgré cela, GP Hunter n'avait rien d'un vieux roi en déclin. Il avait su tourner à son avantage toutes ces tares de vieillesse.

Sa canne était devenue le symbole de sa puissance. Elle accentuait sa brutalité et sa cruauté. Les verres grisonnants de ses lunettes renforçaient l'opacité de son âme en occultant ses sentiments et ses ressentiments. Ses cheveux rasés à la militaire rappelait sa nature belliqueuse et sa personnalité martiale.

Depuis toujours, Julian enviait à son grand-père sa ténacité psychologique et sa robustesse physique face aux aiguilles du temps. Très jeune déjà, il s'était juré d'en avoir autant et même plus.

— J'espère que tu es conscient de la catastrophe que tu as causée ce soir, Julian.

L'accueil froid de GP Hunter faillit arracher à Julian un tendre sourire tellement il suivait le fil de ses pensées. Il s'abstint toutefois de montrer ce signe d'affection, et choisit, au lieu de cela, de rester impassible. Ignorant la remarque de son grand-père, il passa devant son bureau sans lui jeter le moindre regard, puis se mit face à la fenêtre qui donnait sur les jardins du château.

— Notre salle de réception était bondée d'invités prestigieux ! Continua son grand-père. La crème de la crème du monde des finances, de l'industrie, de l'économie et des médias ! Tous étaient venus te voir nommé, comme ils l'espéraient, à la tête du Hunter Group ! Tu as, non seulement, déçu tout le monde, mais tu as alimenté les pires rumeurs.

— À qui la faute, je te prie ? Rétorqua Julian en sortant un paquet de cigarettes de sa poche.

— Viens t'asseoir pour te montrer ce que nous a coûté ta méfiance et ton indocilité.

Ne comptant pas obéir, Julian alluma sa cigarette sans détacher ses yeux de la fenêtre.

— Des chaises, j'en ai à la pelle chez moi. Des fesses pour réchauffer tes sièges, tu en as tout autant ici. Je ne vais pas m'asseoir ni te parler jusqu'à ce que tu daignes me dire la vérité.

— J'ignore d'où te vient la stupide idée que je te cache un secret. Tu le savais depuis toujours ! Tout le monde le savait depuis toujours ! Tu es né pour me succéder !

Agacé, Julian retira la cigarette de sa bouche, l'écrasa dans le cendrier du bureau avant de se pencher vers son grand-père en le défiant du regard.

— Sache que j'aurais pu improviser une conférence de presse à l'entrée de mon immeuble, et te dire haut et fort d'aller te faire foutre et de mettre ton offre là où je pense. Au lieu de cela, j'ai décidé de t'accorder l'ultime chance de me prouver qu'à t'es yeux, je ne suis pas l'un de tes minables fils et petit-fils qui, tels des chiens dressés, attendent que tu leur jettes ton bâton pour qu'ils courent le rattraper. Voici mon dernier mot, grand-père. Je ne dirigerai pas le Hunter Group tant que tu me caches les raisons qui t'ont poussé à prendre ta retraite. Lui dit-il avant de se redresser. Souviens-toi que c'est toi qui a tout gâché. Ne viens pas me blâmer après.

Pour te quitter dis-moi je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant