Un monde de marionnettes (Partie 4)

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Tout en continuant de dompter les deux vert d'Anna avec ses regards magnétiques, Julian relâcha ses doigts qui seraient le cou de la jeune femme en veillant à lui effleurer la joue, puis il s'écarta d'elle légèrement afin de libérer un petit espace entre leurs deux corps.

__ J'attends. Dit-il à la jeune femme.

Pressée d'en finir, Anna crut que la tâche sera facile à exécuter. Même convaincue que Julian en profitera pour l'embrasser aussi obscènement que longuement, et qu'il s'en servira pour la rabaisser et la déstabiliser,
elle se dit qu'au final ça ne sera plus qu'un baiser, et qu'elle devait s'estimer heureuse qu'il ne lui ait pas demander pire.

Néanmoins, quand ses regards se posèrent sur les lèvres de Julian, elle perdit toute son audace. Depuis le premier baiser qu'elle et Liam avaient innocemment échangé à l'âge de quatorze ans, elle n'avait jamais embrassé un autre homme que lui. Julian n'allait pas seulement la priver de ce tendre et romantique exploit, mais il s'apprêtait également à éternellement graver ce moment dégradant dans sa mémoire. Le pire, c'était qu'elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même.

Curieusement, au lieu de la faire souffrir, son sentiment de culpabilité l'aida à surmonter sa peine de cœur.

Anna se rendit compte qu'elle était piégée exactement comme l'avait été Liam. En donnant un coup de poing à Julian, il s'était retrouvé forcé d'en payer le prix. En giflant l'homme d'affaires, la voici elle aussi obligée de faire pareil. Tous deux n'avaient aucun moyen d'échapper à leurs condamnations. Son ex petit ami avait au moins l'excuse de ne rien savoir sur l'adversaire auquel il s'était mesuré. Elle, en revanche, savait tout à propos de son pouvoir maléfique de manipulation et de persuasion. En dépit de tout cela, elle s'était faite bien avoir.

À cet instant, Anna décida de tout pardonner à Liam, et même de s'excuser auprès de lui pour avoir ignoré les pressions qu'il avait subies. Cette décision la réconforta tellement qu'elle lui donna des ailes. La jeune femme ne souhaitait plus que s'envoler pour retrouver son amoureux et renouer avec lui.

Pour cela, elle n'oubliait pas qu'elle devait briser ses chaînes avec un baiser.

Avec un cœur compressé, Anna releva la tête vers le visage de Julian. Étrangement, même si elle se savait menacée par lui et entièrement à sa merci, elle n'eut pas peur de lui. Être si proche de lui lui permît une nouvelle fois de percevoir une certaine détresse dans ses yeux. Une sorte d'appel à l'aide qu'il peinait à transmettre.

__ Ne t'égare surtout pas, Anna. C'est l'un de ses tours, j'en suis sûre. Chassa-t-elle rapidement la petite sympathie qui cherchait à corrompre sa haine pour lui.

Afin d'atteindre la bouche de Julian, et de donner de l'élan à son corps, Anna se mit sur la pointe de ses orteils. Incapable de garder son équilibre dans cette position, elle dut à contre cœur poser sa main sur le torse du cruel milliardaire.

Sans le regarder dans les yeux, elle posa enfin ses lèvres ses les siennes. Instantanément, des pensées toutes horribles les unes que les autres semèrent la terreur en elle. Elle s'attendait de lui de profiter de ce contact pour sauvagement et vulgairement pénétrer sa bouche.

À sa grande stupéfaction, Julian resta de marbre. Sans rien tenter de malvenu et de déplacé, il attendit  sagement qu'elle eut fini de payer sa dette. Ce baiser fade, chaste et bref  suffit amplement à lui faire oublier et pardonner sa gifle.

Décontenancée, elle reposa ses pieds sur le sol, éloigna sa bouche des lèvres de Julian, puis elle recula en cherchant une explication à cette indulgence. Quand il lui sourit sournoisement, elle comprit qu'il se moquait éperdument de son baiser, et que son véritable but était de la voir aussi vulnérable que soumise à ses seuls désirs.

Pour te quitter dis-moi je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant