Bien barricadé entre les murs d'un bureau dans lequel il n'avait jamais foutu les pieds, Julian commença par lâcher la pression sur ses poumons en dénouant légèrement le nœud de sa cravate, il se laissa ensuite tomber sur l'un des sièges trouvés sur les lieux, puis se mit à régulariser sa respiration dans l'espoir d'échapper à une nouvelle crise d'hallucinations.
"Toutes des putes, je te dis ! Toutes !"
Depuis ses neuf ans, Julian répondait naturellement que c'était vrai. Il donnait systématiquement raison à la voix brisée de son père. Il soutenait fermement cette conviction confirmée et prouvée par sa propre mère. Il nourrissait ses démons intérieurs avec cette nouvelle dose de haine, et partait à la recherche d'une nouvelle proie.
"Toutes des putes, je te dis ! Toutes !"
"Toutes des putes, je te dis ! Toutes !"
Le père de Julian se répétait encore et encore à l'attente d'une confirmation de son fils, mais en vain.
Cette fois-ci, Julian eut du mal à être d'accord avec lui. Alors qu'il venait à peine de l'accuser d'être comme toutes les femmes, Anna réussit à semer un doute et la confusion dans ses certitudes les plus radicales.
Bec et ongles, la jeune femme avait défendu son honneur. Bec, en lui criant son indignation d'une voix tonitruante. Ongles, en levant, pour la seconde fois, sa main pour le gifler.
La nervosité d'Anna sur le moment l'avait immunisée contre la peur, et lui avait fait oublié les répercussions qui suivaient généralement ses petites rébellions, et qui touchaient ses proches et ses amis. Mesquine certes, sa défense fut tout de même forte par sa spontanéité et sa vivacité. C'était la preuve de son innocence.
Non, Anna n'était pas comme les autres. Ce n'était pas une pute.
En le près de fléchir, l'esprit diabolique de Julian intervint pour prouver la culpabilité d'Anna. Il lui rappella que la jeune femme avait osé troquer sa modeste apparence pour s'afficher dans le look d'une allumeuse, qu'elle s'était permise de flirter avec un client dans son lieu de travail, qu'elle ne se montrait plus aussi naïve qu'avant, qu'elle était de plus en plus insolente, et qu'elle sombrait peu à peu dans la vulgarité.
__ Exactement. Elle ne peut pas être une exception. C'est une pu...
À deux lettres seulement de condamner à Anna du pire crime dans l'univers de Julian, la conscience de ce dernier brisa les chaînes de la peur, et défendit la jeune femme avec des explications rationnelles sur son comportement.
Physiquement, le nouveau look d'Anna n'était pas provoquant. Pour une employée du Hunter Group, sa mise en beauté et ses vêtements respectaient tous les codes. Relationellement, elle n'avait pas flirté avec Amjad. Elle fut même insensible à son charme exotique qui attiraient pourtant toutes les femmes que l'émir croisait.
Tout cela prouvait qu'Anna ne cachait pas une pute derrière sa façade impeccablement angélique, et qu'elle avait eu tout simplement l'audace et l'intelligence de se servir des armes qu'elle possédait ou qui lui tombaient entre les mains.
__ Bordel de merde ! Taisez-vous ! Je ne veux plus rien entendre ! Hurla Julian en tenant sa tête entre ses mains.
« Regarde ce qu'elle m'a fait, Julian ! Je lui ai pourtant tout donné ! Ne fais pas comme moi, ne sois jamais comme moi, Julian. »
__ Tais-toi ! Je ne suis pas comme toi, et je ne le serai jamais ! Jamais !
« Ne donne jamais ton cœur à une femme. Les putes n'ont que faire de ton cœur. Donne leur ton argent, offre leur toute ta fortune, mais jamais ton cœur, Julian ! Jamais ton cœur ! »
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Pour te quitter dis-moi je t'aime
RomantikÀ trente neuf an, redoutablement manipulateur et belliqueux, diaboliquement fourbe et intelligent et sacrément charismatique et viril, Julian succède à son impitoyable grand-père à la tête de la dynastie des Hunter et du géant pétrolier le Hunter Gr...