Pour te quitter dis-moi je t'aime

Le sourire d'Anna

Elle avait pourtant fait plus d'efforts que d'habitude pour le charmer et le séduire. Afin de captiver toute son attention et attiser ses désirs, elle s'était même offert une nouvelle pièce affolante de lingerie sexy. Un body string rouge en dentelle délicate qui, grâce à des découpes indécentes et un décolleté profond, honorait vulgairement ses courbes féminines et sa poitrine généreuse.

Mais elle qui avait cru que, dès qu'il posera les regards sur elle, il s'empresserait de déchirer ce bout de tissu qui dévoilait plus qu'il en cachait de son corps ferme et menu, eut la désagréable surprise de se sentir invisible.

Appuyée contre la porte de la chambre à coucher, Erica tournait nerveusement une mèche de sa longue chevelure noire frisée autour de son doigt. Être ainsi ignorée était une humiliation que la jeune femme ne tolérait jamais. Avec d'autres hommes, sa fierté l'aurait déjà forcée à claquer la porte et s'en aller, mais son désir pour Julian écrasait toujours sa dignité, et l'obligeait à accepter, puis à justifier cet avilissement.

Plutôt que d'exprimer sa rogne, Erica baladait ses regards scrutateurs sur le visage de son amant à la recherche du moindre indice qui expliquerait cette insupportable absence.

Torse nu, allongé sur son lit et fumant une cigarette en fixant le vide, Julian semblait absorbé par des pensées aussi secrètes que profondes.

Habituée à le voir ainsi, Erica ne voyait rien d'alarmant. Elle était toutefois intriguée par cette inusitée nostalgie qu'elle lisait en lui.

Julian n'était pas amoureux d'elle, et il s'employait tellement à lui rappeler qu'il ne le sera jamais, qu'elle avait cessé d'en rêver depuis fort longtemps. Néanmoins, quand il lui accordait l'honneur de profiter de sa virilité, la sublime Latina parvenait toujours à s'accaparer toute son attention. Cet incroyable pouvoir avait fini par lui certifier qu'aucune femme ne prendrait sa place dans les pensées de cet homme volage et insatiable.

Julian vénérait son corps méridionale. Il aimait lécher sa peau brune, dévorer ses lèvres pulpeuses, malaxer ses seins et ses fesses bien fermes, s'aventurer dans sa bouche à la recherche de sa gorge, et pénétrer sauvagement son intimité soumise à son plaisir. Ce soir, il ne voulait rien de tout cela.

Vexée et quelque part inquiète, Erica ne désespéra pas pour autant. Sûre des charmes de sa scandaleuse enveloppe charnelle et de leurs effets sur les hommes, l'extravagante brune était certaine de pouvoir exciter les pulsions de Julian, et de l'arracher de la bulle dans laquelle il s'était enfermé depuis quelques minutes déjà.

Telle une féline joueuse et affamée, la jeune femme s'approcha du lit, posa son index droit sur l'épaule nue de Julian, puis le glissa sensuellement jusqu'à son nombril.

— Monsieur Hunter n'est pas avec moi ce soir. Lui fit-elle suavement remarquer.

Ne s'attendant pas à une réponse immédiate, Erica monta sur le lit, puis se mit sur les jambes de Julian en veillant à bien poser son entrejambe sur sa bosse. Avec une débordante sensualité dans les mouvements de son bassin, elle commença à lui frotter le sexe dans l'espoir de réveiller ses ardeurs.

Les regards de Julian finirent enfin par se poser sur elle, mais cela ne dura que quelques secondes. Comme s'il lui laissait la liberté de faire tout ce qu'elle voulait de son corps, ses yeux retrouvèrent rapidement le vide du plafond.

Blessée, Erica lui arracha la cigarette des mains, la mit dans sa bouche, puis en tira une bonne bouffée qu'elle s'empressa de lâcher sur son visage.

— À quoi pense mon homme d'affaires ? Lui demanda-t-elle en s'appuyant sur son torse pour se pencher vers lui.

— À rien. Lui répondit-il tout en récupérant sa cigarette.