La poupée de chiffon

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— C'est qui ?

Occupé à boutonner sa chemise sombre, Julian leva ses iris bleus sur Erica. Vêtue d'une robe de chambre courte et soyeuse, et assise sur le bord du lit, la jeune femme affichait ouvertement ses suspicions à travers ses regards défiants.

La voir ainsi lui arracha un petit sourire amusé.

Erica prétendait toujours le contraire, mais au final, elle n'était qu'une femme comme les autres. Elle avait en elle ce soupçon de jalousie qui, même sous l'oppression de l'orgueil, se déchaînait à la première occasion.

Si ce défaut était intolérable chez ses autres conquêtes, avec son amante la situation était fort différente.

La question d'Erica lui rappela la raison qui le poussait à maintenir sa liaison avec elle alors qu'il n'était pas du genre à s'éterniser dans une relation.

La sublime brune se dévouait ardemment et discrètement à la satisfaction de ses besoins. Sa plus grande qualité restait toutefois sa perspicacité.

Deviner qu'il fut pensif et songeur la nuit dernière n'avait rien d'exceptionnel, en déduire la cause, par contre, témoignait de sa grande clairvoyance.

Julian ne permettait généralement à personne de déterrer ses pensées ou ses secrets les plus profonds, mais admirant l'intelligence d'Erica, il lui laissait souvent la liberté de franchir certaines de ces limites. Cependant, cette autorisation si spéciale ne garantissait aucune confidence sans l'aval de l'intransigeante confiance de Julian.

— De quoi tu parles ? Demanda-t-il à Erica en se tenant face au miroir pour soigner son allure.

— De cette femme qui a hanté hier, et qui hante toujours, toutes tes pensées.

De plus en plus stupéfait par l'incroyable sens de l'observation de sa maîtresse, Julian ne put s'empêcher de se questionner sur son pouvoir de lire en lui. Il se demanda même s'il était aussi transparent pour se trahir de la sorte, ou si Erica était encore plus redoutable que ce qu'il croyait.

— Une femme ?! Pourquoi une femme ? Rétorqua-t-il sur un ton moqueur. Je peux être préoccupé par mon travail.

Erica lâcha un petit rire avant de s'interposer entre le miroir et Julian qu'elle défia du regard.

— Julian, quand tu es avec moi, rien au monde ne peut te détourner de moi. Rien. Sauf une nouvelle conquête. Qui est-elle cette fois-ci ? Un mannequin, une actrice, une jet-setteuse ou une femme d'affaires ?

— Ne fais pas ta jalouse, Erica. Ça ne te va pas du tout, et je n'aime pas ça. L'avertit-il froidement avant de s'éloigner d'elle.

Silencieusement, Erica l'observa alors qu'il mettait sa veste, et ramassait ses clés et son téléphone comme si elle n'existait déjà plus dans la pièce. Le vide qu'elle ressentit durant ces quelques secondes lui fit comprendre qu'elle ne sera jamais capable de vivre sans lui. Cette horrible pensée la poussa à commettre une des nombreuses erreurs que Julian ne tolérait jamais.

— Tu as bien appelé Adam hier, non ?

Erica eut à peine le temps de finir sa question que Julian s'était déjà tourné vers elle en la foudroyant d'un regard qui la fit déglutir et trembler.

— Julian...Ce n'est pas ce que tu crois. S'empressa-t-elle de s'expliquer tout en s'approchant de lui. Je t'en prie, ne me...

Toujours furieux et écœuré, Julian lui fit signe de s'arrêter en levant sa main. Tétanisée par ce geste brusque, la jeune femme se figea instantanément sur place.

Incapable de se défendre, et privée du droit de se justifier, elle attendit impuissante le châtiment de son cruel amant.

— Je serai très occupé cette semaine. N'essaie plus de me contacter avant que je ne me décide à le faire. lui énonça-t-il sa sentence avant de quitter l'appartement.

Pour te quitter dis-moi je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant