Le déclic

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Faire face aux caméras, être ciblé par les flashs des appareils photos, et gérer une meute de journalistes assoiffés d'informations et d'exclusivité n'avaient jamais été une corvée pour Julian. Il détestait cela certes, mais il faisait toujours preuve d'une aisance déconcertante quand il affrontait le déchaînement médiatique.

En sa qualité d'homme d'affaires, il étalait son savoir-faire économique avec une objectivité parsemée d'une irrésistible touche de charme qui sublimait un sujet aussi froid qu'épineux. Quant au célibataire séducteur et endurci, il défendait sa vie privée sans jamais entrer en conflit avec la presse people et les paparazzis.

Julian avait précocement compris que les médias feront partie de sa vie. Ne se contentant pas de tolérer leur présence, et de nouer une relation cordiale avec la presse sous toutes formes, il étendit son pouvoir et son influence pour les contrôler et les gérer en restant dans l'ombre.

En frôlant à peine le tapis rouge de l'hôtel pour la soirée de la chambre du commerce de New-York, Julian fut aussitôt clamé et réclamé par tous les journalistes placés entre le passage rougeâtre et velouté dédié aux convives. Habitué à mettre toutes ses pensées aux services de l'information afin de partager objectivement ses expertises et ses perceptions économiques, il eut, cette fois-ci, beaucoup de mal à enterrer Anna sous les poussières de l'oublie le temps de s'apprêter à ce jeu de questions réponses.

Il l'avait poussée à bout, blessée à vif, suppliciée à souhait, désirée à mort, mais finalement, le pire qu'il put lui faire était de la mettre dans le collimateur de son grand-père.

En se rendant compte que la situation lui avait complètement échappé, Julian avait d'abord considéré Anna comme la responsable de cette monumentale erreur. Pour lui, si elle ne s'était pas obstiné à lui résister et à nier son attirance pour lui, le jeu aurait pris fin un mois plus tôt, et la catastrophe aurait pu être évitée. Finalement, il reconnut que c'était lui seul qui avait entraîné la jeune femme dans le monde impitoyable des Hunter.

Désormais, qu'il l'aimait ou qu'il la haïssait, qu'il la désirait ou qu'il ne voulait plus d'elle, qu'elle soit son remède ou son poison, il était le seul garant de sa sécurité. Peu lui importait s'il n'appréciait pas de jouer au garde du corps, il devait la protéger coûte que coûte, et malheureusement, cette protection nécessitait une totale séparation.

Dans son malheur, Julian trouva tout de même du réconfort. Sans Anna, il retrouvera le contrôle, il se consacrera à la quête de sa vie, et il fermera à tout jamais les portes de son passé funeste.

Impatient de retrouver Anna pour réparer les dégâts qu'il avait causés, Julian poussa un soupir de soulagement quand l'un des responsables de communication lui fit signe de laisser place aux autres personnalités qui venaient de sortit de leur véhicule pour frôler à leur tour le tapis rouge. Sans perdre une seule seconde, il s'empressa d'entrer dans l'hôtel à la recherche de la jeune femme.

Alors qu'il s'apprêtait à la joindre par téléphone, il s'arrêta net en la voyant assise dans l'un des salons du grand hall de la réception de l'hôtel. Serrant nerveusement la mâchoire et le poings, il comprit que la mission de se séparer d'elle sera compliquée.

Tout être vivant sur cette terre, à commencer par lui-même, méritait de subir sa fureur. Tout le monde le méritait, sauf elle. Pourtant, c'était à elle d'encaisser à nouveau les méchancetés gratuites et les coups bas.

Ne supportant plus d'attendre pour en finir, Julian s'avança vers Anna. Cette dernière se leva à sa vue, et se dirigea vers lui.

Julian crut halluciner en la voyant s'approcher. Elle était plus belle que jamais. Elle avait vraisemblablement rectifié son maquillage coulé sous ses larmes, et arrangé sa coiffure défaite lors de leurs embrassades, mais ce qui était le plus déroutant dans la majestueuse apparition d'Anna était son visage serein et rayonnant. La jeune femme donnait l'impression d'avoir été frappée par l'amnésie, et d'avoir oublié ce qui s'était passé entre eux.

Pour te quitter dis-moi je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant