Pour te quitter dis-moi je t'aime

Destination finale

Dès qu'Anna et Nicole quittèrent son bureau, Julian prit son téléphone, et ordonna à ses hommes de forcer les deux jeunes femmes à quitter la tour, et à les obliger à les accompagner chez sa mère. Il relâcha alors le cou de son père qui s'écroula sur le sol en tentant de reprendre son souffle coupé.

Ce spectacle était fort plaisant, mais Julian s'en lassa rapidement. Il se dirigea vers son bureau, puis s'assit en croisant ses jambes dessus. Avec un sourire sournois, il prit le rapport rédigé par Émilie, et s'amusa à le relire à haute voix.

__ Le tableau clinique de Julian Oliver Hunter est dominé par un nombre relativement stable de délires paranoïdes accompagnés d'hallucinations et des troubles de perception. Des troubles de perception, mais quelle connerie ! Ces symptômes peuvent avoir un effet négatif et néfaste sur son entourage et sur sa personne. C'est gonflé ça ! Oh tiens, ça c'est la partie la plus amusante. Je certifie que le patient doit impérativement être interné et mis sous tutelle à cause des risques d'une irréversible dégradation de ses fonctions intellectuelles. Tu n'aurais jamais pu me faire ça, n'est-ce pas ? Tu n'aurais jamais osé, hein papa ?

La réalisation de son rêve le plus cher eut hélas lieu en plein cauchemar. GP Hunter, qui avait passé sa vie à refouler son désir de reconnaître Julian comme son fils, vit son espoir briser à tout jamais avec le même mot qu'il avait espéré entendre de la bouche de son fils depuis toujours...Papa.

Interner Julian était sa dernière chance pour pouvoir se présenter à lui comme un père, et non comme un grand-père. Se servir des psychiatres et des traitements lourds était le seul moyen qui lui restait pour préparer le cerveau de son fils à accepter l'atroce vérité qu'il lui cachait depuis toujours.

Partagé entre sa capacité à engendrer un nouveau fils, et son amour inconditionnel pour Julian, le vieux Hunter avait finalement opter pour le choix d'offrir une dernière chance à celui qu'il aimait plus.

Malheureusement, Mathilde réussit à le devancer.

__ Ce n'est qu'une menteuse ! Ta mère est une sale menteuse ! Hurla-t-il en se relevant et en foudroyant son fils du regard. C'est pour cela que je l'ai chassée de nos vies ! Elle m'accusait du pire car elle n'a pas eu de moi ce qu'elle voulait !

__ Oui, oui. Les femmes mentent comme elles respirent, ça c'est connu. L'ADN a plus de vertus que ces fouteuses de merde tu ne penses pas ?

__Non, non Julian ! Répondit GP Hunter avec une voix attendrissante. Je ne suis pas en train de renier ma paternité. C'est la chose la plus précieuse que je possède. Tu es le plus précieux de mes trésors. Ce n'est pas ainsi que je voulais te l'avouer. Ce n'est pas dans ses conditions que je souhaitais te dire la vérité, mais il faut croire que chez les Hunter rien ne se passe comme chez le commun des mortels.

Sous les regards froids de son fils, le vieux Hunter s'avança vers le bureau de ce dernier en essayant de l'amadouer avec une sincérité plus que troublante.

__ Tu es mon fils, Julian. Tu es ma chair et mon sang. Tu es cette création que j'ai imaginée et et à qui j'ai pu donner vie. Tu es tout ce que désirais avoir. Tu es moi. Tu es ce que je voulais être sans jamais y parvenir. Tu es la trace que je laisserai dans cette vie après mon départ. Julian, tu es mon immortalité.

Ces quelques mots sortis du fond du cœur du vieux Hunter n'eurent aucun effet sur Julian. Impassible, il alluma une cigarette, et se permit même d'en inspirer quelques bouffées en donnant l'impression qu'il n'écoutait son père.

__ Julian, je sais que ta mère...

__ Je sais que dans une même vérité il peut y avoir plusieurs versions. L'interrompit froidement Julian. Ma mère m'a raconté la sienne. Tu en as une autre forcément. Inutile de m'en faire part, je la connais déjà. Ma mère est une femme volage et intéressée qui n'a épousé mon père que pour se rapprocher de toi. C'est elle qui t'a charmé, c'est elle qui s'est invitée dans ton lit, c'est elle qui a tout fait pour porter ton enfant. En gros, c'est elle la pécheresse et toi l'ange.