Pour te quitter dis-moi je t'aime

La fin (Partie2)

Déroutée par cette surprenante déclaration dénuée de toute malveillance, Anna se libéra des bras relâchés de Julian, et se tourna vers lui.

Ce qu'elle lut dans ses yeux était à la fois effarant et déconcertant.

Julian la gardera auprès de lui. Il n'avait aucune attention de la laisser partir. Cependant, derrière cette décision qui lui convenait parfaitement, se cachait un mystère qu'elle eut dû mal à percer.

Julian n'exprima ni joie, ni mécontentement, ni soulagement. Il y avait un grand decalage entre l'insensibilité de ses sentiments indifférent à son départ, et la férocité de ses bras chaleureux opposés à sa libération.

__ Vous...vous ne voulez pas que je partes ?

__ Ce n'est pas que je ne veux pas, c'est juste que je ne peux pas te laisser partir pour le moment.

De plus en plus décontenancée par l'ambiguïté de Julian, Anna ne se laissa impressionner pour autant.

__ Comment ça vous ne pouvez pas ? Vous êtes capable de tout.

__ On est à quelques jours de boucler notre offre pour le projet Moyen-Orient. Ce n'est pas le moment de changer de personnel. À maintes reprises, je t'ai expliqué l'importance du poste d'assistante au groupe Hunter. Lui répondit Julian en s'avançant vers le couloir.

Incrédule, Anna tenta de le déstabiliser en le confrontant à ses contradictions.

__ Vous venez pourtant d'exiger mon départ. Lui rappela-t-elle.

__ Cela ne signifie pas que cette décision allait s'appliquer aujourd'hui ou demain. C'est le group Hunter ici, et non le restaurant de ton chef Ernesto. On ne quitte pas son poste sur un coup de tête.

En remarquant qu'Anna ne le suivait pas, Julian s'arrêta puis se tourna vers elle. La voir perdue et désemparée lui pinça le cœur, mais il se dit que c'était le pire des maux pour le meilleur des biens.

__ On a une tournée à faire il me semble. Dépêche-toi. Lui ordonna-t-il.

Dépassée par l'attitude contradictoire de Julian, Anna perdit ses mots et ses moyens face à lui, et commença sérieusement à se demander si ses sentiments ne lui jouaient pas des tours.

En suivant Julian dans l'ascenseur, en s'enfermant avec lui entre les murs de la boîte ambulante et métallique, puis en l'observant de dos, Anna ne savait plus si elle était en face de la bête, de l'humain, ou même du frère jumeau qu'il cachait à tout le monde.

Bipolarité, dédoublement de personnalité, désorientation, les explications aux changements d'humeur de Julian étaient multiples, et aucunes d'elles ne pouvait atténuer l'aspect angoissant et inquiétant de cette analyse mentale.

Cependant, même en accusant Julian des pires troubles psychologiques, Anna trouvait qu'elle ne valait pas moins que lui. Il fallait vraiment être dérangée pour être attirée par un homme comme lui.

Plongée dans ses pensées, Anna sursauta violemment sous la petite secousse causée par l'arrêt brutal de l'ascenseur. Instinctivement, elle fixa Julian en attendant de découvrir la raison de cet arrêt.

Postée derrière son dos, sans aucun accès à son visage, la jeune femme attendit de lui le moindre mot ou le moindre geste, mais rien. Alors que les secondes s'égrènaient avec paresse, il laissa le silence semer en elle les pires doutes et les plus effroyables des angoisses.

L'inquiétude finit par l'envahir quand, au bout d'une éternelle minute, elle n'eut aucune explication de la part de Julian.

__ Monsieur Hunter ?! Est-ce que ça va ?