Les nouvelles proies

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Bien qu'il lui résistait farouchement alors qu'elle le tirait loin de l'incarnation humaine du diable, Anna eut plus de mal à tenir debout qu'à maîtriser Liam. La certitude d'avoir échappé au pire lui pétrifiait le cœur et les jambes. Seule sa détermination d'éviter le triste sort que leur réservait Julian lui donna assez de ressource pour le fuir.

Non sans une grande difficulté, elle réussit à pousser Liam dans la voiture avant de l'enfermer à l'intérieur, puis, par crainte de le voir sortir à nouveau pour se battre avec Julian, elle se pressa de prendre le volant et de quitter le parking.

— Mon Dieu ! Je tremble, et la voiture tremble avec moi ! J'ai eu la trouille de ma vie ! Pourvu que je n'écrase personne ce soir !

Toujours en furie contre Julian, Liam n'accorda aucune attention à la peur de sa petite amie. Il la blâma même pour l'avoir empêché d'en découdre avec l'homme d'affaires.

— Bon sang, Anna ! Pourquoi tu t'es mêlée ? J'allais en finir avec cet enfoiré !

— Tu devrais me remercier, idiot. Je n'ose même pas imaginer ce qui aurait pu t'arriver dans ce parking.

— J'aurais donné une bonne correction à ce connard ! Au lieu de ça, je bats retraite face à lui ! De quoi j'ai l'air maintenant ?

— D'un parfait idiot qui était prêt à se faire tuer pour une place de parking qu'il s'est approprié sans aucun droit.

— Quoi ?! Comment peux-tu dire une chose pareille ?

— C'est la vérité, Liam. Et tu le sais bien.

— Je me gare à cette place depuis que je me suis offert ma voiture. Tout le monde le sait à Ridgewood. Personne ne se gare ici.

— Personne ne se gare dans ce parking parce qu'il est loin de tout, parce qu'il n'est pas surveillé, et parce-qu'il n'est fréquenté que par des voyous. C'est pratiquement les seules personnes qui y laissent leurs véhicules sans craindre leur vol. Et comment tu peux, je te prie, avoir une place de stationnement attitrée alors que cette voiture n'est même pas encore à toi ? Je te signale qu'elle est encore sous crédit.

— Et alors ?

— Liam, si tu désires, un jour, posséder cette voiture pour, enfin, lui attribuer une place de stationnement, il vaut mieux que tu évites de te bagarrer avec des gens capables de te tuer sans sourciller.

— Tu dramatises toujours tout, Anna !

— Cet homme était à deux doigts de t'étouffer, Liam ! Tu n'as pas vu son regard alors qu'il t'étranglait avec une seule main ? C'était un démon !La mort a désormais un visage, et c'est celui de ce type. J'ai la chair de poule rien qu'en renvoyant ses yeux. Si c'est lui la mort, je prierai Dieu jours et nuits afin de me faire immortelle juste pour ne plus le recroiser.

Prenant enfin conscience de la peur éprouvée par Anna, Liam admit, au fond de lui, que Julian était réellement un homme dangereux, et qu'il aurait effectivement pu le tuer froidement. Mettant sa fierté et sa frustration de côté, il décida de rassurer sa petite amie afin de calmer la terreur qui la faisait encore trembler.

— Tu avais peur pour moi, Anna ? Lui demanda-t-il d'une voix joueuse.

— Bien-sûr que j'eus peur pour toi, Liam ! Lui répondit-elle sans noter qu'il cherchait à l'apaiser avec la carte de l'humour.

— Tu m'aimes plus que tu ne le prétends alors !

En se tournant vers Liam, Anna fit attention à son sourire victorieux qui s'harmonisait à merveille avec l'éclat malicieux de ses yeux. D'abord réticente à changer de sujet, et à passer à autre chose sans s'attarder sur ce qui venait de se produire, elle finit par se détendre et sourire à son tour.

Pour te quitter dis-moi je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant