Petite altercation en Queens

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— Petite Lewis, mais qu'est-ce que tu me fais faire petite gothique ?

Face à la pile de vêtements soigneusement posés sur son lit, Julian ne put s'empêcher de s'amuser de l'ironie de la situation.

C'était la première fois où il avait tant de difficulté à choisir une tenue pour sortir. Pourtant, il ne s'agissait ni d'un rendez-vous professionnel ou galant, ni d'une interview télévisée, ni d'une soirée mondaine. Il allait juste manger une pizza avec deux adolescents dans un modeste restaurant au Queens.

En promettant à Mégane de faire son possible pour se fondre dans la masse, Julian ne s'attendait pas à avoir autant de difficulté pour s'habiller. Passer pour un type lambda dans un des quartiers les plus paumés de New-York lui paraissait impossible.

— J'aurais dû acheter une tenue d'une boutique beau marché. Soupira-t-il.

Un appel téléphonique le libéra de son petit dilemme. Avec un sourire sournois, il répondit à sa maîtresse et complice de son sordide jeu.

— Tu ne sais décidément pas rester fâchée très longtemps, Erica. 

— Tu te permets de te moquer de moi en plus ! Tu es culotté, Julian. Alors, tu l'as bien sautée hein ? J'imagine que tu t'es bien amusé avec cette traînée. L'admonesta-t-elle sans montrer une convaincante rancune.

— La matinée était plus agréable que la soirée si cela peut te rassurer.

— Je croyais qu'on jouait à deux, Julian. Qu'on était une équipe. Non seulement, à cause de ton maudit nouveau travail, j'ai dû attendre quatre longs mois avant de pouvoir passer une soirée avec toi, mais tu trouves le moyen de me planter à la boîte de nuit comme une merde pour partir avec l'autre pétasse !

— Nous ne jouons à deux que quand il s'agit d'un couple. Seulement quand il s'agit d'un couple, Erica. Dommage pour toi, hier...Euh, attends. Comment s'appelait-elle déjà ? J'ai complètement zappé son nom. Bref, cette garce était une amoureuse solitaire.

— Je ne sais pas ce qui m'impressionne le plus, tes arguments à deux balles ou ta forte mémoire.

Les rires éclatants d'Erica confirmèrent à Julian qu'il ne s'était pas trompé en la choisissant comme maîtresse attirée. Jamais rancunière, elle encaissait ses humiliations sans lui prendre la tête.

— Ça te dit une nouvelle partie de chasse ce soir ? Lui proposa la jeune femme.

— Qu'as-tu pour moi ?

— Je t'ai trouvé les parfaits candidats ! C'est un couple tout mignon, ils sont fous amoureux, et ils préparent leur mariage !

— Un mariage ! Quoi de mieux à briser, ma chère Erica ?

— Je n'ai pas ouvert une agence d'organisation de mariages pour les célébrer, Julian. Et même si de nos jours l'amour est loin d'être la première motivation d'un mariage, Il reste quelques idiots et idiotes qui croient toujours à cette union sacrée. Alors ? Tu es partant ?

— Pas ce soir. Je suis pris.

— Un rendez-vous avec une nouvelle pouffe, je suppose ?

— AVEC QUI JE VEUX ! Aboya Julian. Je n'ai pas de compte à te rendre, Erica ! Mais pour qui tu te prends ?

— Excuse-moi, Julian. Ça m'a échappé. Je suis juste frustrée. Tu me manques terriblement, tu sais ? Hier on devait coucher ensemble après la soirée, mais tu es parti avec une autre. Julian, baiser avec toi est vital pour moi, je ne peux pas survivre sans ta virilité. J'en mourrais. Je ne désire rien d'autre que servir ton corps, et être à la merci de tes pulsions, de tes instincts et de ton sexe.

Pour te quitter dis-moi je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant