Pour te quitter dis-moi je t'aime

Erreur monumentale

En sortant de la douche, Julian fut surpris de ne pas trouver Anna dans son lit où il l'avait pourtant laissée assoupie. Intrigué, il posa ses yeux sur la porte en se demandant ce qu'avait poussé sa femme à quitter la pièce sans passer par la douche.

Des éclats de rires attirèrent l'attention de Julian dès qu'il descendit au premier étage. Il reconnut sans peine les voix d'Anna et de Martin qui semblaient partager une discussion très joviale.

N'étant pas habitué à cette ambiance, il laissa ses regards sombres voler entre les murs de cette maison dans laquelle il n'avait connu que larmes et cris, mais il finit par afficher un sourire quand les rires d'Anna vinrent chasser les fantômes du passé avant de l'attirer sur la terrasse du salon.

__ Anna ?! S'exclama-t-il en découvrant ce que la jeune femme avait préparé pour lui.

__ Surprise ! Cria-t-elle en allant vers lui. Je t'ai préparé un petit-déjeuner familial que nous allons prendre ici face à ce magnifique paysage !

Même si Julian était comblé de constater les efforts que faisait Anna pour lui, il avait beaucoup de mal à extérioriser ses véritables sentiments.
Dans les rares fois où il était entré chez la jeune femme, l'esprit de famille qui régnait dans son appartement l'avait toujours envoûté.
Prendre conscience que ce même esprit s'était installé dans la maison de son enfance était une violente secousse qui fit trembler tout son être.

Plongé dans ses réflexions, Julian ne se rendit pas compte qu'il donnait à Anna et à son père l'image d'un homme qui n'appréciait nullement les changements qu'ils souhaitaient apporté à son rituel quotidien, mais ayant pesé le pour et le contre avant de se décider à chambouler la vie de son mari, Anna n'était pas découragée par cette première réaction très négative.

__ J'ai appelé papa très tôt le matin pour qu'il m'aide à tout préparer. Dit-elle à Julian en ignorant sa troublante attitude. Je sais que tu ne prends généralement qu'un café noir le matin, mais j'ai pensé que la tarte aux pommes de papa va...

Anna fut forcée de se taire quand les lèvres de Julian scellèrent passionnément sa bouche.
Chaleureusement enlacée par les puissant bras de son mari, et bien accueillie sur son torse voluptueux, la jeune femme se laissa volontiers bercer par le côté le plus doux de l'amour qu'il lui portait.

__ Merci, Anna. Lui dit Julian en total admiration face au visage angélique de la jeune femme. Merci d'être là, de faire partie de ma vie, et d'essayer de me donner le meilleur. Ta surprise est juste magnifique.

__ Y-a-t-il un mais, Julian ? Lui demande-t-elle pour s'assurer qu'il était vraiment heureux.

__ Oui, il y'a un mais. Lui répondit-il en souriant. Je suppose que ton père est celui qui s'est donné le plus de mal, et que c'est lui qui mérite mes remerciements.

Amusée par la réponse de Julian, Anna reçut avec joie un nouveau baiser de son mari avant de laisser ses larmes couler quand elle le vit dans les bras de son père.

La jeune femme était loin d'être naïve. Elle savait très bien que Julian n'acceptera jamais de lui donner le moindre rôle dans la guerre qui l'attendait. Elle avait alors décidé de lui fournir tout ce dont il avait besoin pour charger ses forces, et apaiser ses démons.

Avec l'amour et la famille enracinés en lui comme une priorité absolue, Anna espérait que Julian ne prendrait jamais des risques inutiles, et qu'avant de se lancer dans n'importe quelle bataille, il penserait d'abord à préserver cette nouvelle vie qui n'était que bonheur et tendresse.

Julian sentait la volonté d'Anna, il la voyait dans ses yeux, il la remarquait dans son sourire, il la ressentait dans son souffle. Pour lui, il ne s'agissait pas d'une simple détermination à lui donner le meilleur, c'était surtout une promesse d'être toujours là à ses côtés, une preuve qu'Anna acceptait sa maladie et son passé, une façon de lui démontrer clairement qu'il avait un allié entièrement dévoué à sa cause.