Révélations (Partie 3)

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Julian remit nerveusement son téléphone dans la poche, puis retourna à l'intérieur de l'hôpital. Malgré les menaces qui pesaient sur la vie d'Anna, il ne retint de sa conversation avec son grand-père que le souvenir de la nuit qui, trente ans plus tôt, avait changé sa vie à tout jamais.

C'était une soirée particulièrement sombre et orageuse, il pleuvait des cordes depuis que le soleil s'était décidé à baisser ses rayons, et le vent défiait humains, animaux et machines de l'affronter dans un duel sans merci.

Si la plupart des habitants de New-York choisirent de s'abriter chez eux, Richard Hunter, lui, choisit d'honorer la promesse faite à son fils et l'emmena au cinéma voir un film de guerre.

Malgré l'orage et la difficulté de conduire sous le règne d'une nature déchaînée, le trajet du retour était très agréable. Contrairement à l'extérieur, l'ambiance dans la voiture était très détendu et particulièrement jovial. Le père et le fils s'amusaient à jouer à un quiz qui concernait le film.

__ Tu regardes la vitre depuis deux minutes déjà, Julian. Fit remarquer Richard à son fils avec un sourire aux lèvres. Le génie de la famille serait-il incapable de répondre à ma dernière question ? Attention, on est à égalité. Si tu ne réponds pas juste, tu perds la partie.

__ Il y'a quarante gouttes de pluie qui s'accrochent à la vitre papa. Répondit Julian

__ Quand on ne connait pas la réponse, on ne change pas de jeu, tricheur.

__ Oui mais il y'a tout de même quarante gouttes de pluie sur la vitre. Et en voilà cinq de plus.

__ Tu veux qu'on compte les gouttes de pluie plutôt que de jouer au quizz ? Si tu commences déjà à aimer compter tout et n'importe quoi, tu seras un brillant homme d'affaires.

__ Je suis déjà un brillant homme d'affaires papa. Je suis même meilleur que grand-père.

Richard éclata de rire en se rappelant que Julian le battait toujours au jeu de Monopoly. Fier de son fils, il lui caressa tendrement les cheveux avant de se concentrer sur la route.

__ Je sais que tu n'aimes pas ça, Julian, mais si on mettait un peu de musique ?

Le regard foudroyants de Julian provoqua le fou rire de Richard que seule la sonnerie de son portable parvint à refouler.

__ Comment ?! Hurla-t-il au même temps que le violent grognement d'un tonner qui secoua la voiture. Où ça ? La salope ! La putain de salope !

Le hurlement de son père fit sursauter le petit Julian qui dut s'accrocher à son siège alors que la voiture changeait dangereusement de direction. Malgré sa peur, le petit garçon était plus amer en voyant son père dans tous ses états. Il n'avait même pas à le questionner à propos de cette femme qu'il insultait de tous les noms. Les seules fois où son père osait user d'un langage cru devant lui c'était uniquement quand il s'agissait de sa mère.

__ Ta mère est une salope, Julian ! une vraie salope ! Tu es grand maintenant, Julian ! Tu dois tout savoir ! Ta mère est une pute, une sale pute ! Je lui ai tout donné, tout ! Je lui ai tant pardonné, mais regarde ce qu'elle me fait ! Regarde comment elle me remercie !

Même si Julian était très attaché à son père, son indifférence envers la douleur de ce dernier avait déjà atteint le niveau d'une totale apathie.

Le petit garçon avait tellement assisté aux disputes de ses parents, qu'aussi houleuses et violences qu'elles étaient, elles se terminaient toutes avec le même scénario qui le révoltait au point de commencer sérieusement à perdre le respect qu'il éprouvait envers son père.

Pour te quitter dis-moi je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant