Tête à tête avec le diable (Partie 1)

177 18 0
                                    


Fuyant l'échec de son histoire d'amour, la fin de ses ambitions professionnelles, et la pulvérisation de ses espoirs d'aider sa famille, Anna courut de toutes ses forces en laissant derrière elle celui qui fut l'homme de sa vie, et celui qui fut son modèle. Elle se lança dans une course effrénée comme si tous les malheurs du monde lui emboitaient ses pas, comme si la terre s'ouvrait derrière elle, et qu'un profond gouffre cherchait à l'engloutir.

Dans sa fuite en avant, elle crut entendre le bruit de ses rêves qui s'éjectaient de tout son être pour finir écrasés sur le sol, le son des miettes de son cœur déchiqueté piétinées par les chaussures sales des passants, et le chant funèbre de la mort de son amour.

Anna courrait sans avoir où aller où quand s'arrêter. Incapable de réfléchir et de penser, elle se laissa guidée par ses jambes désorientées en attendant leur affaiblissement. Quand elle finit en face de la tombe de sa mère, elle comprit que son instinct l'avait menée là où personne ne viendra la déranger.

La jeune femme s'écroula sur la sépulture de sa maman, et dégagea le peu de larmes qui lui restait.

Elle aurait aimé que l'indignation primerait sur la désolation, et que la dignité surclasserait le pathétisme. Elle aurait souhaité hurler sa rage contre Liam, puis  dire ses quatre vérités à Julian. Tous deux avaient fait d'elle une mise à jouer, un trophée à remporter, un objet de rivalité...

Hélas, le choc était terriblement tétanisant et humiliant. Elle avait donc fui sa vie devenue un cauchemar éveillé.

Au bout de quelques heures, Anna
se rendit compte qu'il faisait déjà nuit. Après avoir bloqué Liam sur son téléphone, elle commença à recevoir les appels de son père inquiet de son retard. Sans savoir comment lui annoncer qu'elle ne pourra plus lui racheter son restaurant, et qu'elle sera incapable de payer l'intervention chirurgicale de Jimmy, elle dut rentrer chez elle.

Pour une fois, et alors que jusqu'ici, elle laissait toujours ses problèmes au seuil de la porte, elle choisit de vider son cœur et tout déballer à sa famille. Elle comprit qu'il lui sera très difficile et atrocement pénible de cacher sa rupture et son arrêt de travail, elle préféra donc dire toute la vérité.

Néanmoins, dès qu'elle rentra chez elle, et qu'elle vit les sacs de vêtements payés avec la dark Card du groupe Hunter, la guerrière qu'elle était se libéra des chaînes de la pitoyabilité, et souffla sur les cendres fumants de sa révolte.

Les tenues, les chaussures, l'ordinateur portable, le téléphone mobile...Tous ces objets souillaient sa maison. Elle ne les tolérait plus dans son environnement sain.

Avec une folle frénésie, elle commença à amasser et à emballer tout ce qu'elle avait obtenu de Julian, puis sans donner la moindre explication à son père et à son petit frère, elle descendit de son immeuble pour prendre un taxi.

Dans un premier temps, elle songea d'abord aller à la tour pour y laisser  tous les sacs. Finalement, ne souhaitant plus revoir ses collègues, et ne voulant surtout pas croiser Julian, elle décida d'aller chez lui, et remettre les affaires à la réception de son immeuble.

__ Excusez-moi. Attira-t-elle l'attention de Kevin, le réceptionniste, qui regardait un match de basketball sur son portable.

En parfait professionnel, le jeune homme se mit debout tout en fermant son téléphone, puis il s'excusa poliment auprès de la jeune femme.

__ Que puis-je faire pour vous, mademoiselle ?

__ Monsieur Julian Hunter habite bel et bien dans cet immeuble ?

__ Ça dépend. Lui répondit Kevin avec un sourire espiègle. Si vous êtes une journaliste mordue de scoops, une inspectrice de police friande de théorie de conspiration, une folle furieuse petite amie ou une admiratrice déséquilibrée, je vous informe que monsieur Hunter ne réside pas ici. En revanche, si vous êtes l'une des ses sublimes conquêtes...

Pour te quitter dis-moi je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant