Pour te quitter dis-moi je t'aime

Tête à tête avec le diable (Partie 2)

Sûr de son pouvoir de possession, Julian défonça les iris d'Anna pour atteindre le fin fond de son âme, et s'emparer ainsi de sa volonté et de son libre-arbitre. À sa grande stupéfaction, la jeune femme vint à bout de sa tentative de soumission en montrant une miraculeuse immunité contre ses dons d'hypnose.

__ Vous m'avez déjà eu, non ? Vous avez bien brisé mon amour pour Liam ? Vous avez bien prouvé que l'amour n'était rien face aux tentations ? Lui demanda-t-elle impassiblement.

__ Ce n'est pas assez. Désormais, je te veux pour moi.

__ Vous croyez vraiment pouvoir me mettre dans votre lit ?

__ Si je voulais te mettre dans mon lit...

D'un geste brusque, Julian empoigna Anna, puis la força à le suivre malgré la lutte acharnée de la jeune femme. De force, il la fit monter à la mezzanine, l'allongea sur le lit, se mit sur elle, et lui entrava les mains au-dessus de sa tête.

Ce ne fut qu'en frollant le nez d'Anna avec ses lèvres, qu'il prit conscience de ce qu'il venait de faire.

Frappé de stupeur, il fit attention que, pour la toute première fois, il fit monter une femme dans sa chambre à coucher pour la mettre dans son lit. Cette zone sacrée était jusqu'ici interdits à ces créatures vicieuses. Jamais cet espace n'avait été souillé par leurs corps, leurs odeurs, leurs vêtements, leurs cheveux et toutes autres saletés qu'elles laissaient derrière leurs passages.

Son obsession pour Anna causa la profanation de son impénétrable sanctuaire, et ce sacrilège aura de graves conséquences.

Julian aurait pu se perdre dans les profondes explications qui entouraient son impardonnable entorse à ses règles fondamentales, mais par chance, les coups que lui donnait Anna pour se libérer gardèrent son esprit vif entièrement concentré sur ce qu'il faisait.

__ Tu vois, Anna ? Tu es déjà dans mon lit ?

__ Vous êtes un malade ! Hurla Anna en continuant de se débattre férocement. Laissez-moi partir ! Je ne serai jamais à vous !

__ Oh si tu le seras ! Aujourd'hui, demain, ou dans un mois, tu seras à moi. Lui assura Julian avec un rictus terrifiant. Et c'est toi qui viendras me supplier pour te mettre dans mon lit.

__ J'ignorais que les démons faisaient des rêves et qu'ils y croyaient.

__ Ils font des rêves, ils y croient et ils les réalisent. Répliqua Julian en se plaquant sauvagement son torse contre la poitrine d'Anna. Tu tomberas folle amoureuse de moi. Tu me supplieras de te dévorer toute crue. Tu useras de tous tes charmes afin de me séduire. Tu te déshabilleras et tu te mettras nue pour le plaisir de mes yeux. Tu te soumettras à ma virilité, et tu en deviendras l'esclave.

Anna s'arrêta délibérément de se battre pour écouter attentivement la glaçante prémonition de Julian. Elle se fit toute petite afin d'avoir une idée plus claires sur ses intentions. Ce qu'elle découvrit était plus qu'effarant.

Anna conclut que Julian n'était ni pervers, ni sadique, ni obsédé. Du moins, ces trois adjectifs se trouvaient tout en bas des traits de sa personnalité. Pour elle, Julian était un homme mentalement atteint. Être l'obsession d'un malade dominé par des pensées aliénées était pire encore qu'être la cible d'un homme aussi dangereux que puissant.

Malgré l'horreur de sa découverte, Anna garda son sang froid. Aussi dangereux que représentait la folie, elle restait avant tout une faiblesse et un point faible.

__ Vous pouvez toujours continuer de rêver, mais cela n'arrivera jamais. J'aurai pu tomber aussi bas si je ne vous ai pas obligé d'une façon ou d'une autre à retirer votre masque, et à me dévoiler votre véritable visage. Désormais, je sais ce que vous êtes au juste, et cela ne me fait pas peur. Je vous le dis sans trembler, je préfère encore me donner la mort plutôt que de vous donner ce que vous désirez. Je préfère mille fois m'allonger éternellement dans un cercueil plutôt que de me prosterner à vos pieds. Et tenez-vous bien, en quittant votre appartement, je n'aurai aucun sentiment pour vous. Je ne ressentirai même pas de la haine et du dégoût envers vous, car en partant d'ici, je vous oublierai à tout jamais.