Pour te quitter dis-moi je t'aime

À tout jamais liés (Partie 1)

Jamais ouvrir les yeux n'était aussi douloureux et difficile pour Anna. Comme une atroce torture, ses iris vertes subissaient le peu de rayons de soleil qui fuyaient la vigilance de ses lourdes paupières. Ses mains, qui cherchaient à la préserver de cette attaque scolaire, se posèrent aussitôt sur son front qui hurlait de douleur. La migraine qui venait de foudroyer sa tête était si intense que la pauvre jeune femme poussa un gémissement en rétractant tous les muscles de son corps.

Ce moment de souffrance et de flottement dura quelques secondes. Anna fut rapidement frappée par les derniers souvenirs qui marquèrent sa mémoire avant de sombrer dans l'inconscience la plus totale.

L'interrogatoire assez musclé de Julian, ses horribles accusations, sa détermination à lui arracher par force les aveux d'un amour qu'elle préféra enterrer, sa chute, les comprimés et le flux d'alcool qu'elle avait dû ingurgiter malgré elle, tous ces horribles moments lui firent oublier sa douleur physique pour la pousser à découvrir ce que Julian avait fait d'elle.

La jeune femme se redressa sur le lit en jetant ses regards inquiets autour d'elle. La chambre dans laquelle elle se trouvait était digne d'un des plus grand palace. Grande, luxueuse et lumineuse. La décoration chic et raffinée des lieux ne la rassura pas pour autant.

Incapable de quitter l'immense lit douillet sur lequel son corps exténué se remettait douloureusement de sa mésaventure, Anna essaya de retrouver visuellement la trace de sa valise quand un petit air glacé vint agressé sa peau. Instinctivement, elle se tourna vers le grand balcon dont les stores dansaient au rythme du petit vent matinal qui fuitait par la porte-fenêtre entrouverte.

Sentant de nouveau les hérissements de sa peau, Anna voulut se couvrir quand elle se rendit compte, avec effroi, qu'elle ne portait sur elle que sa petite nuisette. Horrifiée par l'idée d'avoir été déshabillée par Julian, elle trouva le courage de quitter le lit pour chercher son sac.

Ne trouvant aucune trace de ses bagages, ni d'aucun téléphone dans la chambre, Anna tenta d'ouvrir la porte avant de se rendre compte qu'elle était enfermée entre les murs d'une pièce qu'elle n'avait jamais vu de sa vie.

__ Bonjour, Anna.

Quand la jeune femme se tourna vers Julian, elle fut tout de suite choquée de le voir dans une tenue d'intérieur décontractée au lieu de l'un de ses habituels coutumes sombres.

Ne portant sur lui qu'un débardeur moulant et un jogging blanc, Julian exposait une impressionnante musculature saillante et vigoureuse. Néanmoins, ce fut la peau nue de ses puissants bras qui perturba l'esprit d'Anna en lui rappelant sa propre nudité.

Pétrifiée à l'idée d'être à moitié dénudée devant Julian, elle se précipita sur le lit et se couvrit le corps avant de s'en prendre à son agresseur.

__ Où sommes-nous ? Qu'avez-vous fait de moi ?

Affichent fièrement un petit sourire narquois, Julian s'approcha de la jeune femme sans prendre de lui répondre. Terrifiée, elle recula en tendant le bras vers lui pour faire barrage.

__ Ne vous approchez pas de moi !

__ Tu devrais porter ceci. Lui dit-il en lui tendant un T-shirt gris. Le soleil vient de se lever, mais il fait encore froid.

Dégoûtée d'être complètement ignorée par Julian, Anna chassa sa peur, et s'avança vers lui.

Nerveusement, elle lui arracha le T-shirt des mains, et lui hurla au visage.

__ Répondez-moi ! Qu'avez-vous de moi ?

__ Calme-toi, Anna. Il ne s'est rien passé. Du moins...pas avec moi.