22 : ophelia

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Le lendemain, Ophelia est assise dans l'herbe devant la maison, lorsque Circé apparaît par la porte

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Le lendemain, Ophelia est assise dans l'herbe devant la maison, lorsque Circé apparaît par la porte. Elle se dirige immédiatement vers elle, un sourire avenant sur les lèvres, et demande :

- Ta nuit s'est-elle bien passée ?

Ophelia lève les yeux de son occupation pour rencontrer le regard de son hôtesse. Elle sourit à son tour.

- Très bien. Calme. Et la tienne ?

- La mienne aussi était tranquille.

Pourtant, la naufragée remarque que les yeux de la magicienne ne semblent pas aussi vifs que d'habitude. Et les cernes qui les soulignent confirment son impression que Circé ne lui dit pas toute la vérité.

Néanmoins, elle n'a pas le temps de s'interroger davantage, puisque Circé pointe le doigt vers le tissu qu'Ophelia tient entre les mains.

- Que fais-tu ?

- Je me confectionne une robe. Les tiennes ne sont pas franchement adaptées à ma morphologie, tu as dû le remarquer...

- C'est vrai, admet Circé avec un sourire d'excuse. Je me considère chanceuse de ce que je possède sur cette île, mais je manque un peu de moyens pour accueillir mes invités comme il se doit. D'ailleurs... Où as-tu trouvé ce tissu ?

- C'est Eunice qui me l'a donné.

- Eunice ?

Ophelia ne s'étonne pas de cette question. Elle a bien remarqué que pour Circé, les nymphes n'étaient que des colocataires un peu encombrantes. Elle espère toutefois que la magicienne ne la considère pas de la même façon.

- La nymphe qui est partie avec Poséidon. J'ai évoqué avec elle le fait que j'étais gênée de ne plus avoir mes vêtements, alors avant de s'en aller, elle m'a laissé ses affaires de couture et plusieurs tissus.

- Oh !

Une moue étrange passe sur le visage de son hôtesse.

- Tu aurais pu m'en parler.

- Je me suis dit que les nymphes auraient plus de chance d'avoir des affaires en trop. Tu ne m'as pas l'air du genre à accumuler les vêtements.

Ophelia hésite. Mais elles n'ont plus la même relation qu'à son arrivée à Aea. Elles se sont chacune confiées à l'autre, se sont laissées pénétrer dans leurs espaces personnels. Alors elle ajoute :

- Et puis... Je crois qu'à ce moment-là, j'avais encore un peu peur de toi.

Une lueur malicieuse éclaire soudain les yeux de Circé. Elle s'accroupit, arrivant au niveau d'Ophelia.

- C'est toujours le cas ?

- Non. Je ne crois pas. Tu m'en a suffisamment dit pour que je passe au delà de toutes les légendes qu'on m'avait raconté sur toi.

- J'en suis ravie.

La magicienne baisse alors les yeux vers le tissu, immobile dans les mains d'Ophelia. Elle avance ses propres doigts dans sa direction, et le fait glisser sur sa peau.

- Les nymphes ont plutôt bon goût, tout compte fait. Il est très joli, ce tissu.

- Je trouve aussi.

Leurs regards se croisent à nouveau, et avant de se relever, Circé conclut :

- J'ai hâte de découvrir le résultat.

Sur ces paroles, elle tourne le dos et s'en va vers l'arrière de la maison et l'enclos des porcs. Ophelia reste un instant figée, un petit sourire vissé à ses lèvres.

Puis, elle reporte son attention sur son ouvrage, et sur l'aiguille qu'elle tient entre ses doigts.

Elle n'aime pas tant la couture, même si comme beaucoup de fillettes, elle a suivi l'enseignement de sa mère dans cette discipline. Coudre n'est pas une aussi grande passion que l'écriture, mais elle doit reconnaître que ça la détend.

Et étrangement, depuis que Circé s'est intéressée à son ouvrage, elle sent sa motivation accroitre.

Elle aussi, a hâte de voir le résultat.

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