73 : circé

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Ce n'est pas la première fois que Circé saigne, loin de là

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Ce n'est pas la première fois que Circé saigne, loin de là.

Être immortelle ne la dispense malheureusement pas des douleurs menstruelles et des tâches sur ses tuniques blanches à chaque nouvelle lune.

Mais c'est la première fois qu'elle se blesse assez profondément pour saigner.

Sa mère lui a au moins légué sa résistance divine, si bien que Circé n'a jamais eu affaire à une coupure grave. Même lorsque la lame qu'elle utilise pour broyer ou trancher ses ingrédients de potions a entaillé sa peau, elle s'est toujours refermée trop vite pour laisser le temps au sang de s'échapper.

Est-ce simplement la taille de la griffe d'Ophelia qui a fait couler son sang hybride, un étrange mélange entre le rouge des humains et l'or des dieux, ou bien est-ce d'avoir eu affaire à la griffe d'un animal maudit, un produit des dieux en personne ?

Elle n'en sait rien.

La stupeur doit se lire sur son visage, puisqu'Ophelia semble de plus en plus inquiète. Elle aide Circé à se lever, malgré sa jambe douloureuse, et elles rentrent toutes deux dans la maison sans dire un mot.

La mortelle s'en va chercher un linge pour l'humidifier et le tend à Circé, qui le passe sur sa blessure à la jambe. Ophelia suit le geste des yeux, et s'empresse de glisser :

- Je suis désolée, Circé, je-

- C'est bon, Ophelia. Tu n'as pas à t'excuser. Ce n'était pas ta faute, tu n'avais pas conscience de ce que tu faisais.

- En fait, si.

La magicienne relève les yeux vers sa compagne.

- Comment ça ?

- Grâce à ta potion. Tu as réussi. Je suis restée consciente toute la nuit. Je me souviens de tout ce qui s'est passé !

- C'est... C'est un bon progrès ! Il va falloir que je continue de chercher dans cette voie, alors.

Ophelia reste silencieuse. Circé passe maintenant le linge sur son visage. Elle devine que la coupure doit s'étendre entre son oeil et son oreille droite.

Soudain, elle se rend compte de ce qu'implique la révélation d'Ophelia.

- Mais alors... Pourquoi m'as-tu attaquée ?

- Je- je ne sais pas vraiment. Tu étais plantée devant l'enclos, et... Au début tu ne bougeais pas. Et d'un coup, tu t'es mise à gronder, tu as eu l'air menaçante...

- Je voulais te faire peur. Te dissuader d'approcher.

- J'ai cru que tu allais m'attaquer. Et là, c'est comme si je ne pouvais plus me contrôler. Il fallait que je me défende, tu vois ?

Circé hoche la tête.

Elle commence à comprendre ce qui s'est passé.

- Ophelia, je crois que ton instinct animal a eu le dessus sur ton humanité. Tu te souviens de ce qui s'est passé, et tu es restée lucide, mais ce n'est pas pour autant que tu as réussi à garder le contrôle.

- C'est ça, je crois... Mais je ne voulais pas te-

- Je sais, je sais.

Les blessures de Circé la lancent un peu, mais ce n'est pas une douleur insupportable. Elle rassure sa compagne comme elle le peut, lui assure qu'elle ne lui en veut pas. Et puis elle lui parle de la capacité de son corps à se régénérer :

- Je suis plus sensible qu'Hécate, parce que j'ai aussi hérité de la vulnérabilité de mon père mortel. C'est ce qui explique la couleur de mon sang, qui a dû te paraître... inhabituelle.

Ophelia hoche la tête.

- Je me régénère moins vite que les dieux, mais je te garantis que dans quelques jours, ces griffures ne seront plus qu'un souvenir.

- Donc... Tu n'es pas vraiment immortelle ? Si on te blesse gravement, tu pourrais... mourir ?

Circé n'avait jamais vu les choses sous cet angle.

- Tu te doutes que je n'ai jamais tenté l'expérience.

Elle reste silencieuse un instant, avant de conclure :

- Mais oui... si le temps ne peut pas me tuer, j'imagine qu'une arme le pourrait.

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