102 : circé

12 3 0
                                    

Lorsque Circé se réveille entre les quatre murs de sa chambre à Aea, elle ne comprend pas immédiatement ce qui se passe

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Lorsque Circé se réveille entre les quatre murs de sa chambre à Aea, elle ne comprend pas immédiatement ce qui se passe.

Après avoir voyagé dans l'espace et dans le temps de ses souvenirs, elle ne reconnaît pas immédiatement l'environnement de l'île sur laquelle on l'a exilée.

Mais rapidement, les habitudes reviennent, et son premier réflexe est de se tourner pour voir si Ophelia dort à côté d'elle.

Mais le lit est vide.

Circé hausse les épaules. Bah, elle doit être déjà levée. C'est rare qu'Ophelia soit la première à se réveiller, vu l'habitude de la magicienne à se lever aux aurores, mais ce n'est pas impossible.

Elle s'étire, d'abord allongée, puis en se redressant dans le lit. Une fois certaine qu'elle est bien réveillée, elle se fait la réflexion que son sommeil a été particulièrement intense.

Je ne sais pas ce qui m'a pris de rêver de ma mère, de Scylla et de Thracé tout d'un seul coup. J'aurais bien aimé que ces rêves soient un peu espacés, pour me laisser respirer.

Mais en même temps, elle doit reconnaître que cela lui a fait du bien de pouvoir se conformer à ces choses qui la hantent depuis toujours, et d'y mettre de nouvelles paroles, de nouvelles sensations par dessus.

Elle descend l'échelle qui arrive dans la cuisine. Toujours personne. Mais lorsqu'elle passe le rideau entre la cuisine et la salle à manger, elle se fige.

Un homme torse nu est en train de dresser la table. Et c'est seulement là que Circé se rend compte que toute la pièce est décorée de coquillages et de motifs marins.

Elle fait un pas vers l'homme, à moitié pétrifiée. Il relève alors la tête. Leurs yeux se croise. Et tandis qu'un sourire s'étale sur les lèvres de Poséidon, celles de Circé s'ouvrent et elle murmure :

- Je n'en ai pas fini avec les rêves, c'est ça ?

- Ah, voici ma future concubine !

Le dieu des océans l'accueille avec un grand sourire et des yeux brillants. Immédiatement, Circé se sent prise au piège.

Ça n'est pas réel, se rassure-t-elle. Ça n'est jamais arrivé, tout comme le rêve précédent avec Scylla.

Pourtant, elle ne parvient pas à calmer les battements de son coeur.

- Es-tu prête pour cette journée, Circé ? Viens t'asseoir, viens manger. Il ne faut pas qu'on prenne du retard, tu sais qu'on a un programme chargé !

Elle fronce les sourcils.

- Quel programme ?

- Ne me dis pas que tu as oublié ! Aujourd'hui, nous allons sur l'Olympe, demander la bénédiction de mon frère pour notre union !

- No- notre union ?

Circé se sent au bord de l'évanouissement. Qu'est-ce qui lui prend ? Pourquoi Poséidon, son ancien amant, semble s'être mis en tête qu'elle allait l'épouser ? Quand a-t-elle donné son accord pour cela ?

C'est un dieu, idiote, il n'a pas besoin de ta permission, il prend ce qu'il veut sans demander.

- Tu es distraite, aujourd'hui. Enfin, on en a discuté de nombreuses fois, Circé, tu sais très bien qu'on fait ça pour que tu puisses sortir de ton exil ! Pour obtenir le pardon de Zeus et que tu sois à nouveau libre de te déplacer, au lieu de rester sur ce petit bout de terre insipide !

- Je... Ce n'est pas possible, Poséidon, je... Je n'ai jamais dit que c'était ce que je voulais ! Je ne veux pas me marier. Je ne veut pas du pardon de ton maudit frère et de toutes ces commères de l'Olympe ! Je ne veux pas de ta pitié, et je ne veux pas quitter Aea !

La joie disparaît d'un seul coup sur le visage du dieu, faisant place à de l'incompréhension, voire à de la colère.

- Tu n'as pas le choix.

Il s'approche d'elle et l'attrape par le bras. Circé essaie de se dégager, mais la poigne de Poséidon est bien trop solide.

Le coeur de la magicienne s'emballe. Son poil se hérisse. Elle ne pense plus qu'à une chose : se soustraire de l'emprise de son amant.

L'air devient électrique, entre le dieu des océans et la sorcière en exil.

La pièce s'assombrit soudain, comme si des nuages noirs venaient d'entrer à l'intérieur de la demeure et s'étaient placés devant les fenêtres.

Circé hurle. De sa main encore livre, elle gifle Poséidon, et en profite pour se soustraire à lui. Ayant retrouvé sa liberté de mouvement, elle court pour mettre le plus de distance entre elle et lui. Furieux, il la poursuit. Mais lorsqu'il se rapproche, de la fumée noire l'entoure et l'empêche de voir où il se dirige.

Il bute sur une amphore, s'étale à terre. Le récipient explose en même temps, répandant de l'huile partout sur le sol carrelé.

- Je ne t'epouserai pas, Poséidon ! Je ne veux pas de toi ! Ne remet plus jamais les pieds sur mon île !

Elle n'ajoute rien de plus et se contente de le toiser tandis qu'il se relève, le visage déformé par la haine.

Étonnamment, il ne cherche plus à l'atteindre. Il se dirige vers la porte qui mène sur l'extérieur, mais avant de disparaître de l'autre côté, son regard se tourne une dernière fois vers Circé.

- Sorcière de malheur, on ne s'oppose pas sans conséquences aux dieux de l'Olympe ! Reste ici puisque c'est ce que tu désires, mais je dois t'avertir : à chaque fois que tu tenteras d'être heureuse, tu le regretteras et tu te rappelleras de moi. Et lorsque je te ravirai l'objet de ton bonheur, tu n'auras plus que ton île minable et tes potions sournoises pour te lamenter !

The BeastOù les histoires vivent. Découvrez maintenant