28 : ophelia

25 6 3
                                    

Le plan est simple

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Le plan est simple.

Lorsqu'elle se faisait passer pour un jeune pêcheur du nom d'Oreste - prénom qu'elle a en fait usurpé à son défunt frère - la jeune femme a observé les signaux lumineux envoyés par les phares et les fryktories, ces tours perchées sur des points d'observations en hauteur. Et peu à peu, elle a mémorisé certains des messages.

Ophelia n'est peut-être pas experte en la matière, mais elle a hérité de la curiosité de sa mère. Et en échafaudant son plan, elle est certaine qu'elle pourra reproduire un message d'appel à l'aide, et ceci, jusqu'à ce qu'un navire ne la voie.

Elle finira par s'échapper d'Aea.

Mais un plan simple cache souvent des complications. Et cela, Ophelia s'en rend compte lorsqu'elle finit par sortir de sa chambre.

Évidemment, Circé l'a attendue. Elle se demande comment la magicienne, qui aime tant être active et faire bouger ses mains, a pu prendre son mal en patience et rester immobile sur ce divan.

Quoi, elle se fait du souci pour moi ? s'interroge Ophelia. Ou bien est-ce seulement un de ses stratagèmes pour me garder sur son île ?

- Je suis contente de voir que tu vas mieux, lance Circé en plantant son regard obscur dans les yeux d'Ophelia.

Ne te fais pas avoir. Les paroles de Circé sont trop sèches pour être complètement sincères.

Ophelia traverse le salon dans l'idée de l'ignorer.

- Où est-ce que tu vas ? demande sa compagne dans son dos.

- Je dois te rendre des comptes, maintenant ?

Ophelia n'a pas pu s'en empêcher. Elle ne comprend pas ce qui se passe, mais en elle, il lui semble percevoir une force qui grandit et qui la supplie de la laisser sortir. Une force qui serait capable de tout renverser sur son passage.

Elle ne se sent plus en sécurité avec Circé, ni sur l'île entière.

Alors elle cède. Elle fait volte-face et gratifie la magicienne d'un regard noir, un regard qui figerait n'importe qui sur place.

Mais pas Circé. Elle se lève, et toise à son tour son invitée.

- Oui, tu as des comptes à me rendre ! Parce que c'est mon île, parce qu'un deuxième cochon a été égorgé, et que comme par hasard, tu te trouvais sur les lieux ! Alors je ne sais pas comment tu en es arrivée à absorber mon somnifère, mais tu as intérêt de m'expliquer vite fait, sinon...

- Sinon quoi ? réplique Ophelia, effrontée.

- Tu es certaine de ne pas vouloir me répondre ? crie Circé. Très bien. Tu as laissé passer ta chance.

Ophelia l'entend alors psalmodier quelques mots, et n'a pas le temps de se laisser happer par la voix mélodieuse de la magicienne, qu'un violent haut-le-coeur la saisit.

Elle lâche un cri tandis qu'elle se plie en deux et se tient le ventre.

- Qu'est-ce que tu faisais dans l'enclos des cochons ? assène Circé.

Une nouvelle crampe secoue le ventre d'Ophelia. Avec horreur, elle essaie de lutter mais s'entend malgré elle répondre :

- Je suis maudite !

Un long silence brise la dispute. L'éclat de leurs voix semble se répercuter partout... À moins que ce ne soit que dans l'esprit d'Ophelia.

- Tu sais qu'il va me falloir plus que ça ? reprend Circé, les lèvres pincées.

À nouveau, Ophelia se plie de douleur. Elle ne retient pas le nouveau cri qui sort de sa bouche, mais ne contrôle pas non plus ce qui en émerge quelques secondes plus tard :

- À chaque pleine lune, j'ai des absences ! Je me transforme-

Mais elle ne finit pas sa phrase. En relevant les yeux, elle voit que Circé a compris. C'est finalement la magicienne qui clôt la querelle avec deux mots, soufflés, presque inaudibles :

- En loup.

Et voilà, le grand secret d'Ophelia est révélé eheh ! Vous en avez pensé quoi ?

The BeastOù les histoires vivent. Découvrez maintenant