20 : circé

32 5 4
                                    

Plusieurs jours se sont écoulés et les loups ne sont pas revenus

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Plusieurs jours se sont écoulés et les loups ne sont pas revenus. Circé a passé du temps à arpenter Aea de font en comble, avec l'aide de sa lionne et d'Ophelia. Aucune trace des bêtes qui ont égorgé un cochon.

Dans l'esprit de la magicienne, ses craintes à propos des loups et d'une nouvelle punition divine se sont atténuées.

Ce jour-là, alors que le soleil est haut dans le ciel et tape sa peau sans ménagement, une nymphe vient la rejoindre dans son jardin.

- Circé, je m'en vais ce soir.

Circé se relève et toise la nymphe.

- Très bien.

L'autre ne bouge pas.

- Poséidon vient me chercher sur la plage, ajoute-t-elle du bout des lèvres.

- Je vois. Qu'il ne vienne surtout pas me saluer.

La nymphe acquiesce et disparaît.

La journée s'écoule. À la tombée de la nuit, Circé retrouve sa maison et s'affale de fatigue dans un des divans. Sa peau foncée ne craint pas le soleil, mais les rayons ralentissent ses mouvements, rendant tout plus fastidieux. Elle n'est pas mécontente de retrouver la lumière tamisée de la lune.

Par la fenêtre, elle voit la mer, calme, lécher la surface des rochers. Et puis, elle distingue une lumière, d'abord ténue, puis plus vive, qui semble sortir des profondeurs.

Deux silhouettes s'avancent l'une vers l'autre. Elles se prennent la main. Et comme si elles étaient composées d'eau, elles se fondent simplement avec la surface de la mer avant de disparaître. La lumière s'en est allée.

Circé souffle. Elle avait craint jusqu'au dernier moment que son ancien amant vienne frapper à sa porte. Elle connaît Poséidon, il n'en fait qu'à sa tête. Mais sans doute est-il lui aussi depuis longtemps passé à autre chose.

Quelques minutes plus tard, Ophelia fait irruption dans la pièce principale, un bout de parchemin serré contre son centre. Elle a les cheveux mouillés et son visage est éclairé d'une joie peu habituelle.

- Tu t'es baignée ? s'enquiert la magicienne.

- Oui. J'étais allée sur la plage pour écrire, mais la nuit est tombée et je ne voyais plus rien. Alors j'en ai profité pour nager un peu. La mer est si calme, ce soir ! Et alors, tu ne devineras jamais ce que j'ai vu !

- Je vois. Tu as croisé Poséidon.

Le visage d'Ophelia se décompose.

- Oh. Je pensais que tu serais surprise.

- Je savais qu'il viendrait. La nymphe qu'il est venu récupérer me l'avait dit. Il t'a vue ?

Un grand sourire sur les lèvres, Ophelia hoche la tête. On dirait une enfant, remarque Circé. C'est la première fois que son invitée lui paraît si innocente, si candide.

- Quand il est apparu, je me suis cachée derrière un rocher, mais il m'a aperçue. C'était la première fois que je voyais un dieu, Circé !

- À ta place, je ne me laisserai pas berner par Poséidon. Il n'est peut-être pas le maître de l'Olympe, mais il est tout aussi imprévisible que son frère.

- Je sais... Tous les dieux sont imprévisibles. Et à vrai dire, ses paroles étaient assez étranges...

- Il t'a parlé ? s'exclame soudain Circé.

Ce n'est pas du genre du roi des océans de se préoccuper d'une mortelle insignifiante. Non, Ophelia n'est pas une mortelle insignifiante, se reprend-t-elle mentalement. Pas à mes yeux. Mais à ceux de Poséidon, oui.

- Oui. Il m'a dit : "Tu as eu de la chance d'être sauvée par la sorcière de cette île. Profite tant que tu le peux de ta vie, mortelle, tu me rejoindras bien assez tôt".

- Je ne trouve pas ça étrange, je trouve ça inquiétant, réplique Circé.

- Bah, sourit Ophelia. Je sais que je ne suis pas comme toi et que je finirai par mourir. Je n'ai pas peur de la mort. Et je préfère mille fois me noyer plutôt que de finir brûlée.

Circé soupire. Ce n'est pas ça qui m'inquiète, se murmure-t-elle en pensées. C'est plutôt que je ne veux pas que tu le rejoignes "bien assez tôt".

The BeastOù les histoires vivent. Découvrez maintenant