111 : circé

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- Laissez-nous, ordonne Perséphone à ses servantes

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- Laissez-nous, ordonne Perséphone à ses servantes.

Les trois femmes qui se trouvaient dans la pièce, ainsi que la nymphe nommée Electra s'exécutent. La porte se referme derrière elles, et Circé se retrouve seule avec la souveraine des Enfers.

- Et bien, voilà une visite intéressante, continue Perséphone. Pour votre information, Circé, en général, mes visiteurs s'annoncent avant d'avoir l'audace d'entrer chez moi. Mais... Je suppose qu'étant donné votre situation, vous vous êtes dit que si vous me posiez la question, la réponse serait non.

Circé hoche la tête.

- Ce n'est pas ce que vous auriez répondu ? s'enquiert-elle. Même si vous étiez très jeune lorsque j'ai été exclue de l'Olympe, je me doute que vous devez avoir entendu sur moi toutes sortes de choses...

- En effet.

- Mais vous voyez, la plupart des choses qu'on raconte à mon sujet sont fausses ou exagérées. Alors j'espère que vous saurez passer outre pour écouter ma demande.

Perséphone se met alors à rire. Étonnée, Circé fronce les sourcils. Le rire de son hôtesse résonne sur les voûtes du palais. Il est délicat, presque comme un chant d'oiseau au printemps. Et Circé se rappelle alors qu'avant d'être la Reine du royaume des morts, Perséphone était aussi la déesse du printemps.

- J'admet que mon mari m'a rapporté quelques rumeurs à votre sujet. Ma mère aussi, m'a un peu parlé de vous. Mais vous savez, Circé, ici-bas, nous avons appris à ne pas accorder trop d'importance aux ragots, en particulier ceux que colportent les Douze.

- Oh, vraiment ?

Perséphone acquiesce.

- J'ai moi même été victime d'un certain nombre de rumeurs, lorsque je suis venue vivre ici... Avec le temps, j'ai fini par apprendre à m'en détacher.

La magicienne refoule la satisfaction qu'elle ressent à cet instant. Elle ne veut pas montrer à Perséphone combien elle est contente que les rumeurs n'aient pas d'effet sur la souveraine des Enfers.

- Maintenant, ne perdons pas plus de temps et dites-moi donc quelle est cette faveur que je devrais vous accorder ?

Circé souffle. Les voici venues au sujet qui la préoccupe. C'est le moment de ne pas flancher.

- J'ignore si vous le savez, Majesté, mais il y a quelques temps, une mortelle a rejoint votre royaume, après s'être noyée. Elle avait pris la mer et quitté mon île, où elle résidait depuis quelques lunes, pour aller chercher de l'aide sur la terre ferme. Aide qu'elle n'a donc jamais pu trouver.

Perséphone glisse ses doigts sur son menton, l'air attentive et pensive à la fois. Circé souffle de nouveau, et continue son récit.

- Si cette mortelle, du nom d'Ophelia, a ainsi tenté de braver les flots, c'est parce que j'étais inconsciente, blessée par sa faute.

Une lueur d'intérêt apparaît dans les yeux de la Reine.

- Oh, vraiment ? Mais comment une simple mortelle a-t-elle pu blesser une immortelle ?

Patiemment, Circé narre alors la malédiction d'Ophelia, et la transformation qui a mené à sa blessure, puis tout ce qui s'est ensuivi.

- Je vois, murmure Perséphone... J'imagine que vous vous sentez redevable envers cette mortelle et que vous êtes venue me demander de la voir une dernière fois ?

- Vous êtes clairvoyante, Majesté.

- Mais il me semble que je ne saisis pas tout. Cette femme n'est qu'une mortelle, et elle vous a blessée. Cela me paraît curieux de vouloir aller la remercier pour une aide qu'elle ne vous a finalement pas apporté !

Un sourire triste se dessine sur les lèvres de la magicienne.

- Il y a une chose que je ne vous ai pas dit. Cette mortelle... Ophelia, je l'aime. Vous imaginez mon chagrin lorsque je me suis réveillée et que j'ai découvert qu'elle n'était plus de ce monde.

Elle tombe à genoux. Malgré sa réticence à l'idée de s'incliner devant quiconque, elle ne veut pas faire l'impasse sur la moindre chose qui pourrait convaincre Perséphone de l'aider.

- C'est pourquoi je vous implore, Majesté, de me laisser voir Ophelia pour la dernière fois.

Perséphone soupire. Lorsque Circé relève les yeux vers elle, un air grave est imprimé sur son visage.

- Je comprends mieux votre démarche, en effet. Et je... suis prête à vous accorder votre demande. Mais, Circé, il me faut vous avertir que ce service demande une contrepartie.

- Bien sûr, bien sûr. Je m'y étais préparée. Je vous ai apporté quelques échantillons de potions, je me suis dit qu'une déesse comme vous serait peut-être intéressée par le fait d'apprendre la magie. Et je pourrais être votre professeure...

La Reine secoue la tête et agite la main.

- Non, je ne parle pas de ce genre de contrepartie. Je ne demande rien, je ne veux pas que vous m'offriez quelque chose. La contrepartie que j'exige, c'est un sacrifice. Vous devez abandonner quelque chose qui vous est cher, Circé.

La magicienne se mord la lèvre, et réfléchit. Que peut-elle abandonner de suffisant pour pouvoir revoir une dernière fois le visage d'Ophelia ?

Elle ferme les yeux un instant. Elle serait capable de tout abandonner, en vérité. De sacrifier son immortalité. Mais elle pense savoir ce que Perséphone attend.

- Vous êtes prête à faire ce geste ? À sacrifier ce qui vous est le plus précieux ?

Les entrailles nouées, Circé acquiesce.

- Je suis prête à ne plus rien ressentir, à ne plus jamais tomber amoureuse. Je suis prête à sacrifier mon amour pour Ophelia, si cela me permet de la revoir.

- Ravie de voir que nous nous sommes mises d'accord, glisse Perséphone d'un ton solennel.

Sur ces mots, elle se lève et marche vers Circé.

- Et maintenant, suivez-moi.

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