33 : circé

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Elle savoure ses derniers instants de tranquilité

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Elle savoure ses derniers instants de tranquilité. Drapée dans sa robe à l'étoffe la plus luxueuse, pendant que ses cheveux volent au vent et que les dernières lueurs du soleil illuminent la mer Méditerranée, Circé se tient droite sur les falaises.

Elle a les yeux rivés sur le bateau, en contrebas. Il est arrêté, et par prudence, ses occupants ont préféré utiliser des petites embarcations pour atteindre la berge. Ils ont raison, Aea est entourée de rochers tranchants et invisibles, qui auraient vite fait d'ouvrir une brèche dans leur coque.

Un premier groupe d'hommes atteint la grève. Elle en repère immédiatement le capitaine, à la façon dont les cinq autres ne le perdent pas du regard.

Et puis, il lève les yeux.

Leurs regards se croisent. Circé reste de marbre. Le surplombant de cette façon, elle espère l'intimider.

Si seulement cela pouvait suffire pour qu'ils reprennent la mer. Mais ça ne suffit pas. Ça n'a jamais été le cas.

Elle descend finalement de son observatoire pour s'approcher de l'étroite bande de sable, unique accès à l'île.

- Ma Dame, lance le capitaine en la voyant arriver.

Elle s'arrête à quelques pas de lui.

- Marins, qu'est-ce qui vous amène donc sur mon île ?

Les équipiers courbent l'échine devant son regard perçant. Le capitaine, lui, ne s'incline pas. Il reste droit, les yeux rivés sur elle.

- Nous venons de prendre la mer et nous passions au large de cette île lorsque nous avons intercepté des signaux de lumière, qui semblaient provenir d'ici et qui demandaient notre aide. Est-ce vous qui les avez envoyés ?

- Non. Vous avez dû vous tromper.

- Sauf votre respect, Ma Dame, je sais reconnaître et décoder les messages lumineux. Et je vous affirme que ce que j'ai vu n'est pas une erreur.

- À qui ais-je l'honneur ? répond-elle en ignorant ses paroles.

- Je suis Argyros, capitaine de la Flèche d'Argent, un navire de commerce qui a pour destination Callipolis afin d'y délivrer sa cargaison. Puis-je vous retourner la question ?

- Vous vous trouvez sur l'île d'Aea. Et mon nom est Circé.

Comme elle s'y attendait, sa déclaration provoque une vague de réactions chez l'équipage d'Argyros. Elle réfrène le petit sourire qui menace de se dessiner sur ses lèvres.

Seul le capitaine n'a pas l'air troublé.

- C'est un honneur, Dame Circé, formule-t-il en s'inclinant enfin.

Elle prend un air satisfait, mais il disparaît bien vite à l'entente de la nouvelle question d'Argyros.

- Si ce n'est pas vous qui nous avez fait signe, alors qui ? Avec qui vivez-vous sur cette île ?

- Oh, ce sera sans doute une nymphe qui s'ennuyait qui vous aura adressé ce message.

Elle élude volontairement la deuxième question. Par expérience, elle sait que c'est lorsqu'ils se rendent compte qu'elle est seule qu'ils prennent leurs aises.

- Encore une fois, je ne veux pas vous donner tort, mais je répète que le signal indiquait un besoin d'aide.

- Les nymphes sont très farceuses, vous savez, répond-elle sur un ton badin.

- Je vois. Il s'agissait donc d'une fausse alerte, selon vous ?

- Tout à fait.

Il ne me croit pas. Elle s'efforce de rester calme et aimable, mais elle se doute que le capitaine ne va pas lâcher l'affaire aussi rapidement.

- Puis-je vous poser une question, Dame Circé ?

- Je vous en prie.

- Nous avons fait un détour de notre route, pour venir en aide à cette personne que nous pensions en difficulté. Or, le soleil se couche, et puisque nous sommes ici... Je ne voudrais pas abuser de votre hospitalité, mais...

Sauf votre respect, je ne veux pas vous donner tort, je ne voudrais pas abuser de votre hospitalité... Vous me paraissez pourtant bien entreprenant pour un homme qui ne veut pas s'imposer.

- ... serait-il possible de passer la nuit ici ? Nous ne vous dérangerons pas. Nous pouvons dormir dehors.

- Oh. Bien sûr. Vous êtes les bienvenus.

Difficile de réprimer la grimace qu'elle a au bout des lèvres.

- Et si vous aviez un peu de vin pour que l'équipage se détende après cette journée fatiguante...

- Cette île ne manque de rien, assure Circé. Suivez-moi.

Avant de lui emboîter le pas, le capitaine se retourne pour adresser un signe à un des marins resté sur le bateau.

Et une fois que tous sont arrivés sur le rivage, ils prennent le chemin de la maison.

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