Intriguée, Ophelia précède sa compagne dans la chambre. Elles se retrouvent toutes deux debout, au milieu de la pièce. Elle attend que Circé dise quelque chose, fasse un mouvement. Que voulait-elle lui montrer ?
Mais Circé ne bouge pas. Pas tout de suite.
- Tu te demandes ce que j'aime, chez toi ? demande-t-elle d'une voix apaisante.
Ophelia hoche la tête. Comparée à la magicienne, à ses cheveux soyeux, ses yeux profonds, sa taille fine et sa peau presque aussi foncée que l'écorce d'un pin, elle se trouve trop pâle, trop musclée, disproportionnée.
Alors Circé se rapproche d'elle. Ses mains se posent sur les poignets d'Ophelia, ses doigts courrent vers ses épaules.
- J'aime tes bras, quand tu m'enlaces, j'ai l'impression d'être protégée. J'aime ta posture, j'ai l'impression que tu pourrais résister à des tempêtes sans jamais bouger. Que quoi qu'il arrive, je pourrais me raccrocher à toi.
Elle la serre contre elle. Pose sa tête sur son épaule, cette épaule qu'Ophelia trouve trop carrée. Elle prend une grande inspiration.
- J'aime ton cou, parce que quand je m'y blottis, je sens ton parfum. Je sens la mer, le sel, je vois les vagues, le bleu, et ça m'apaise. La mer, ce n'est plus Poséidon, la mer c'est toi.
Ophelia ferme les yeux. Elle sent son coeur qui bat dans sa poitrine, elle commence à se détendre.
La voix de Circé devient un murmure, comme un doux vent printanier.
- J'aime tes cheveux qui ressemblent à une rivière dorée. Peu importe quand je les regarde, ils ne se ressemblent jamais. Ils changent à chaque moment de la journée. Ils reflètent le soleil et quand il se couche, ils s'enflamment.
La magicienne l'entraîne vers le lit. Ophelia se laisse guider.
Elle tombe, assise, puis allongée. Circé est accrochée à elle, comme si elles étaient incapables de se décoller.
Elle se redresse pour regarder Ophelia dans les yeux.
- J'aime te regarder quand tu es occupée, parce que tu prends une expression si concentrée, si passionnée que j'ai l'impression que rien ne pourra jamais te troubler.
Ophelia rougit. Elle est gênée par les aveux si francs de Circé. Mais elle est surtout touchée. Les paroles de la magicienne lui vont droit au cœur. Son défunt mari ne lui aurait jamais parlé comme ceci.
Elle lève la tête, juste assez pour que ses lèvres puissent toucher celles de Circé.
La douceur se transforme alors en euphorie. Cette fois-ci, la respiration d'Ophelia ne s'emballe pas. Du moins, pas plus que nécessaire.
Elle ne se sent plus dépassée par ses sentiments. Elle a posé les mots dessus - même si elle ne s'en souvient plus. Et elle sait qu'ils sont partagés. Il n'y a plus de raison d'hésiter, d'être bloquée.
Lorsque sa compagne décolle ses lèvres des siennes pour écarter la tunique d'Ophelia, la mortelle prend les devants et la passe par dessus sa tête avant de l'envoyer valser contre un mur de la chambre.
Circé fait de même.
Leurs peaux nues se retrouvent l'une contre l'autre. Ophelia attrape la magicienne par le dos et la serre contre elle, recherchant l'étincelle que lui procure le contact de celle qu'elle aime. Elle ne sont pas assez proches, jamais assez proches.
Elle a envie de crier son amour encore et encore, mais elle se retient, car elle a peur que les nymphes l'entendent depuis leurs chambres. Elle n'est pas encore assez confiante pour laisser toute l'île d'Aea accéder à ses pensées profondes.
Alors à la place, elle rapproche sa bouche des oreilles de Circé tout en l'embrassant partout sur sa route. Puis, elle chuchote :
- Merci de m'aimer toute entière.
Sa compagne soupire, mais c'est un soupir de contentement.
Ophelia poursuit :
- Je t'aime aussi...
Et puis, en haussant la voix :
- Cette fois, je n'oublierai pas que je te l'ai dit.
Elle jette un regard à la magicienne, et son sourire la comble de joie.
- Moi non plus, je te le garantis !
Et leurs lèvres rentrent une fois de plus en contact. Ophelia ferme les yeux. Elle veut se laisser porter.
Elle ne peut toutefois s'empêcher de les rouvrir lorsque la bouche de Circé s'éloigne et que ses mains tièdes glissent le long de sa poitrine puis vers son ventre. Elle retient sa respiration pendant une fraction de secondes.
Circé le remarque, et s'arrête.
- Pardon, j'aurais dû te demander.
- Non c'est bon, la rassure Ophelia.
- Oh. Alors j'y vais ?
La mortelle hoche la tête.
Alors elles y vont.
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The Beast
RomanceSur l'île d'Aea, le silence règne. Dans son palais, la magicienne Circé veille. Ses bêtes sont assoupies, elle est seule avec elle-même. Depuis le départ d'Ulysse, aucun voyageur n'a rompu le calme de son repaire. Après une éternité de malheurs, el...