106 : circé

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Circé a l'impression d'être coincée dans un cauchemar

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Circé a l'impression d'être coincée dans un cauchemar. Tandis qu'elle contemple le corps inerte d'Ophelia dans le bain de sa demeure, elle se fait la réflexion que c'est la troisième fois qu'elle voit la mort de son amante.

Et même si elle ne se fait désormais plus prendre aux pièges vicieux de ses rêves, elle ne peut s'empêcher de pleurer toutes les larmes de son corps, en découvrant la scène.

Trois fois, elle a vu Ophelia mourir, et trois fois, la situation avait un rapport avec l'eau. D'abord, c'était un suicide du haut des falaises d'Aea jusque dans l'eau glaciale. Ensuite, une vague énorme qui l'emportait depuis la plage dans les profondeurs. Et maintenant, elle se noyait dans le bain ?

Circé essuye ses larmes d'un geste rageur et quitte la pièce. Ces rêves font douloureusement écho aux les deux avertissements de Poséidon, le premier lorsqu'Ophelia l'a surpris en train de venir chercher une des nymphes, et le deuxième, plus récent, dans un autre de ses rêves intempestifs.

Est-ce possible que la mise en garde du dieu des mers finisse réellement par arriver ?

Circé aimerait répondre non à cette question, mais plus le temps passe, plus elle doute.

Et c'est dévorée par le doute qu'elle se réveille enfin, après ce troisième cauchemar.

Elle n'est pas dans sa chambre, mais dans une de celles qui se trouvent au rez-de-chaussée de sa maison. Tout de suite, elle comprend que ce n'est pas un nouveau rêve. Pourquoi se serait-elle allongée là ?

La pièce est plongée dans l'obscurité. Lentement, elle se redresse, mais soudain, une vive douleur lui déchire le ventre. Elle se laisse retomber aussitôt sur le matelas.

Ses mains repoussent la couverture sous laquelle elle est installée, et s'aventurent vers son ventre, pour essayer de comprendre l'origine de cette douleur subite. Et en effet, la sensation de sa peau sous ses doigts lui paraît étrange.

Dans un nouvel effort, elle tente de se redresser une dernière fois. Sa mâchoire se crispe lorsque la douleur réapparaît, mais elle tient bon et parvient à s'asseoir, le dos appuyé contre le mur afin que son ventre ne soit pas plié en deux.

Là, elle soulève toutes les couches de tissus et baisse les yeux sur son corps. Aussitôt, elle étouffe un cri.

Qu'est-ce que c'est que ça ? pense-t-elle très fort.

Ça, c'est la plaie béante qui sépare son corps en deux de son épaule gauche à l'espace entre son nombril et ses parties génitales.

Elle n'a jamais vu une blessure pareille, encore moins chez une immortelle. Et même si la plaie a l'air d'avoir été nettoyée régulièrement, de part ses contours nets, elle distingue tout de même quelques coulures de son sang à la teinte si particulière.

- Par tous les dieux, comment est-ce que je me suis fait ça ?

Elle fouille dans ses souvenirs, mais tout ceux qui lui reviennent en mémoire sont les bribes de ses derniers rêves. Avant tout ça, le néant. Elle ne se rappelle de rien.

Pas de panique, ça va bien te revenir.

Elle se rassure comme elle le peux, mais reste néanmoins bien démunie. Comment peut-elle espérer retrouver son rythme de vie habituel avec une telle blessure ? Comment peut-elle trouver la force de se lever et de marcher alors qu'elle peine déjà à se mettre en position assise ?

Mais elle ne s'emballe pas pour autant. Ophelia et les nymphes vont bien finir par venir dans la chambre, peut-être pour laver la plaie. Elle pourra compter sur elles pour l'aider à se rétablir et retrouver un semblant de normalité.

Mais d'ailleurs, je ne suis pas dans la chambre de Mérope ? Est-ce que cela veut dire qu'elle est partie ?

Étrangement, cette pensée lui fait l'effet d'un pincement au coeur. Circé et Mérope ne se sont jamais franchement entendues, mais la nymphe était là depuis si longtemps que la magicienne imagine mal la vie à Aea sans elle.

Elle soupire. Enfin, si Mérope est partie, il reste toujours Mélité et Chloris.

Plus qu'à prendre mon mal en patience et attendre qu'une des trois vienne me rendre visite, je suppose. J'espère qu'elles ne se feront pas attendre, j'aurais bien besoin de boire quelque chose.

Tant pis. Puisqu'elle ne se sent pas capable de bouger plus que cela, elle se rallonge doucement, et se blottit de nouveau dans ses draps, pour prolonger son sommeil.

Un raclement de gorge la réveille quelques temps plus tard. Circé grogne, et ouvre malgré tout les paupières.

La silhouette à trois visages d'Hécate se tient devant elle.

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