53 : ophelia

21 3 0
                                        

Comme d'habitude, après chaque pleine lune, les événements de la nuit semblent disparaître dans l'esprit d'Ophelia

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Comme d'habitude, après chaque pleine lune, les événements de la nuit semblent disparaître dans l'esprit d'Ophelia. Elle ne se souvient que de quelques bribes de son rêve, une fois que le soleil s'est levé et qu'elle s'est effondrée sans en être consciente sur ce divan.

— Je ne comprends pas pourquoi j'ai rêvé de ça, confie-t-elle à une Circé à moitié réveillée. C'est l'un des songes les plus étranges de ma vie. J'étais poursuivie tout du long par une lionne, et comme elle m'aurait rattrapée si je m'arrêtais une seconde, je devais continuer, encore et encore. Alors je finissais par m'affamer, à force de ne pouvoir m'arrêter.

La magicienne ne répond pas, et en lui jetant un regard, Ophelia remarque une étrange expression sur son visage.

— Qu'y a-t-il ?

Circé ébauche un sourire.

— Ce n'était pas un rêve.

— Tu es en train de me dire que c'est ta lionne qui m'a couru après ?

Cette fois, sa compagne éclate de rire.

— Non, ce n'est pas vraiment ce qui s'est passé. Tu te souviens que je t'ai donné une potion à boire avant le coucher du soleil, hier ?

Ophelia acquiesce, de plus en plus intriguée.

— Je ne crois pas qu'elle ait marché.

— En effet. Mais je me doutais que ça ne ferait pas effet. Je n'ai pas eu assez de temps pour me pencher sur cette potion. En revanche, j'en avais préparé une autre, dans le cas où la première ne fonctionnerait pas.

Elle se souvient en effet des deux fioles dans les mains de Circé. Mais elle est aussi certaine de n'en avoir avalé qu'une.

— Tu as gardé la deuxième pour toi ? demande-t-elle, sans comprendre.

Circé confirme d'un mouvement de la tête.

— Et quel était son effet ? Je veux dire, comment une potion que tu aurais bue pouvait avoir un effet sur ma transformation ?

— C'est moi, qui me suis transformée.

Oh.

Soudain, Ophelia comprend. Ce qu'elle a cru avoir rêvé, c'est en fait les quelques souvenirs qu'elle a conservé de sa nuit en temps que louve. Ce qui voudrait dire que Circé s'est changée...

— En lionne, conclut Ophelia.

— C'est exact. C'est vrai, j'ai essayé de te suivre une bonne partie de la nuit. Mais contrairement à tes souvenirs, je n'ai pas eu beaucoup de succès. Il fallait que je m'adapte à un nouveau corps, et toi, tu as déjà l'habitude d'être une louve. Tu allais bien plus vite que moi. J'ai eu du mal à détecter les endroits où tu étais passée, jusqu'à... ce que j'entende les cochons crier.

Ophelia soupire. Evidemment. Elle ne peut pas s'en empêcher, c'était sûr qu'elle retournerait saccager l'enclos.

— Alors ça a échoué ? J'ai encore dévoré de la chair humaine ?

Le sourire sur le visage de la magicienne s'agrandit.

— Non. Parce que pendant que tu étais occupée à les effrayer, je t'ai rattrapée. On s'est battues, et puis j'ai réussi à te faire fuir. Et j'ai répété cette méthode plusieurs fois dans la nuit, à chaque fois que tu te rapprochais des bêtes. Alors, certes, tu n'es pas encore débarrassée de ta malédiction, mais... Au moins, on a trouvé un moyen de t'empêcher de dévorer quelqu'un.

Alors c'est ça, ta solution ? Ophelia ne peut s'empêcher d'être un peu déçue. En même temps, tu ne peux pas lui en vouloir d'avoir essayé. Tu croyais quoi, que Circé pourrait, en un seul essai, se débarrasser de la magie des dieux ?

— Je vois, murmure-t-elle, incertaine de la façon dont elle doit se comporter.

Evidemment, sa compagne remarque son trouble, et ajoute :

— Ecoute, ce n'est pas parce que je n'y suis pas arrivée cette fois, que je ne vais jamais obtenir de bons résultats. On doit simplement s'accrocher, réessayer, et se satisfaire de cette solution de secours tant qu'on n'a pas trouvé quelque chose de plus efficace. Je t'avais prévenu, je n'étais pas sûre de pouvoir faire quelque chose. Mais je t'ai aussi juré que j'allais tout tenter, et je n'ai pas changé d'avis. Ce n'est que la première tentative.

Voyant que son invitée reste silencieuse, Circé demande :

— Tu me fais confiance ?

— Oui. Oui, évidemment.

— Alors je vais dès maintenant me remettre au travail.

Elle se lève, s'enveloppe du drap qui la couvre et avance vers la cuisine.

— On trouvera, Ophelia, on trouvera, lance-t-elle avant de disparaître derrière le rideau.

The BeastOù les histoires vivent. Découvrez maintenant