Elle a sous-estimé l'équipe formée par Circé et Mérope. Elle croyait que les deux auraient du mal à s'entendre, et puis, la magicienne n'a j'amais montré de grand intérêt pour la couture, depuis qu'Ophelia la connaît.
Pourtant, elle s'est forcément trompée. La robe est d'un style très différent de celle qu'elle a confectionnée avec Mélité. Faite d'un tissu très léger, violet, elle paraît à la fois simple et élégante. Elle semble fluide, avec des formes plus simples que celles de la robe d'Ophelia. Elle illustre à la perfection la nonchalance de Circé.
Ophelia est conquise. Un peu gênée par le regard des deux nymphes et surtout, de la déesse de l'amour, elle n'ose pas se précipiter pour embrasser sa bien aimée, même si elle en a envie.
Elle s'approche d'un pas maîtrisé, mais elle est persuadée que tout le monde ressent sa précipitation.
Un sourire chaleureux apparaît sur les lèvres de Circé, qui la regarde droit dans les yeux.
Soudain, c'est comme si elles n'étaient plus que deux dans la pièce. Ophelia n'entend plus les bavardages incessants d'Aphrodite, ne sent plus le regard de Mérope posé sur elle.
Elle sourit à son tour. Elle a s'en doute l'air béat, mais elle s'en moque.
- Tu... tu es très belle, murmure-t-elle sur le bout des lèvres. Vous avez fait un superbe travail, Mérope et toi.
Le sourire de la magicienne ne faiblit pas.
- Merci. Ta tenue est très réussie aussi. Elle te va bien.
Ophelia reste pétrifiée, mais la sensation n'est en rien désagréable. Au contraire, elle a l'impression de flotter, d'être enveloppée de tous les côtés par une chaleur exquise.
Circé, pendant ce temps, franchit l'espace qui les sépare, et plante un léger baiser sur ses lèvres.
Les applaudissement d'Aphrodite ramènent Ophelia sur Terre. Elle tourne la tête vers la déesse, qui affiche un regard ravi.
Les nymphes se rapprochent de Circé et d'Ophelia. Elles ont chacune une torche dans chaque main, et leur autre poing est fermé.
Elles lèvent ce bras, et jettent ce qu'elles ont dans la main.
Ophelia réalise que ce sont des fruits secs. Elle échange un regard avec Circé. Elle a une étrange sensation de déjà vu.
Des torches. Des fruits secs jetés par dessus sa tête. Le visage fermé de son père. L'air triomphant de son défunt mari.
La magicienne comprend en même temps qu'elle, et se tourne à son tour vers Aphrodite.
- Est-ce que tu essaies de nous marier, Aphrodite ?
Ophelia se raidit. Son dernier mariage ne s'est pas bien terminé.
Le sourire de la déesse devient encore plus éclatant.
- Vous ne voulez pas profiter de votre bonheur ? Et vous unir en attendant que la mort ne vous sépare ?
Circé fronce les sourcils. Puis, lentement, un sourire apparaît sur son visage. La voir se détendre tranquillise sa compagne. Après tout, si leur union est approuvée par la déesse de l'amour en personne, il n'y a pas de raisons qu'il soit aussi terrible que celui qu'Ophelia a vécu quelques années auparavant, si ?
Après avoir levé les yeux au ciel sans pourtant se départir de son sourire, Circé cède :
- Bon. Puisque tu as l'air de trouver ça important, allons-y.
Et elle dévie le regard pour fixer de nouveau Ophelia, qui lui rend son oeillade.
- Formidable ! se réjouit Aphrodite. Qu'est ce que vous dites d'un peu de musique ?
Soudain, apparaît Chloris, qui est sortie de l'abri de sa chambre et qui commence à entonner un chant enjoué. Elle est rapidement rejointe par les autres nymphes et par la déesse.
Aphrodite prend la main de Mérope et l'entraîne dans une danse gracieuse. Mélité fait de même avec Chloris.
À mon tour de prendre l'initiative.
Ophelia tend sa main à Circé, qui l'attrape.
- On danse ?
La magicienne acquiesce. Et elles se mettent à virevolter.
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The Beast
RomanceSur l'île d'Aea, le silence règne. Dans son palais, la magicienne Circé veille. Ses bêtes sont assoupies, elle est seule avec elle-même. Depuis le départ d'Ulysse, aucun voyageur n'a rompu le calme de son repaire. Après une éternité de malheurs, el...