Sur l'île d'Aea, le silence règne. Dans son palais, la magicienne Circé veille. Ses bêtes sont assoupies, elle est seule avec elle-même.
Depuis le départ d'Ulysse, aucun voyageur n'a rompu le calme de son repaire. Après une éternité de malheurs, el...
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Lorsqu'elle laisse tomber la robe prêtée par Circé au pied du lit qu'on lui a attribué, Ophelia se sent délivrée. Tout en sachant qu'elle devra la remettre le lendemain.
Son hôtesse n'a pas du tout la même morphologie : ses rondeurs se trouvent au niveau de son ventre, de ses fesses et de ses cuisses alors qu'Ophelia a un corps sec, et ses épaules sont plus menues que celles carrées et musclées de la rescapée.
En s'allongeant, elle songe qu'elle devrait peut-être emprunter des vêtements aux nymphes, même si ces dernières ont la réputation de faire très attention à leur apparence. Ophelia doute qu'elles soient très prêteuses.
Elle souffle sur la bougie qui éclaire faiblement la pièce et se retrouve dans le noir complet. Pas un bruit ne romp la quiétude de la demeure de Circé. Les nymphes sont endormies depuis longtemps, et le vent a cessé de souffler. Aea retrouve son paysage Méditerranéen.
Et dans l'obscurité, ce sont ses craintes, qu'Ophelia accueille de nouveau malgré elle.
Elle ne sait si elle a bien fait de donner son nom à la magicienne. Peut-être aurait-elle dû mentir, se créer une nouvelle identité. Après tout, elle commence à être plutôt douée pour cela.
Mais les mots de Circé ont fait mouche. À chaque seconde qui passe, Ophelia est de moins en moins convaincue que son hôtesse cherche à la changer en truie. Elle a fini par goûter au plat qu'elle avait préparé, et elle a bien dû avouer qu'il n'avait pas l'air ensorcelé. Elle note cependant dans un coin de sa tête de se trouver près des fourneaux avant le prochain repas. Juste au cas où Circé changerait d'avis.
Ophelia prend une grande inspiration pour se détendre. Les effluves de la fumée qui s'échappe encore de la bougie pénètrent dans ses narines. Elle a un sentiment ambivalent à propos des flammes et de l'odeur de brûlé.
Autrefois, quand elle n'était encore qu'une gamine, elle aurait trouvé le feu apaisant, chaleureux. Elle aurait prié pour que Hestia prenne soin de son foyer. Mais en grandissant, elle a vu la cruauté des hommes, et ne compte plus le nombre de torches qu'on a brandi pour l'effrayer. Si elle n'avait pas eu une telle aisance pour la fuite, Ophelia aurait peut-être fini brûlée.
Des souvenirs remontent et lui donnent la nausée. Elle revoit un cercle d'hommes qui la font prisonnière. Elle sent l'odeur de la viande crue, du sang et aussi du bois calciné. Elle entend presque les loups hurler.
Et soudain, Ophelia sursaute et se relève dans son lit.
Ces loups, les a-t-elle vraiment imaginé ?
Ou n'aurait-elle pas réellement entendu un hurlement ?
Elle s'immobilise pendant quelques minutes, les poils hérissés, les sens en alerte.
Mais aucun autre cri ne vient rompre le silence de cette nuit paisible.
Finalement, elle se recouche, les membres encore tremblants. Il faudra qu'elle pense à demander à Circé si la métamorphose de marins en loups fait aussi partie de ses spécialités.
Toute la nuit, les mêmes pensées tourbillonnent en boucle dans son esprit, plus impressionnantes que des vagues en pleine tempête. Et elle est incapable de les faire taire.
Alors, recroquevillée dans son lit, elle se répète jusqu'au matin ce mantra qu'elle connaît déjà du bout des doigts.
Tu es une guerrière, tu es une louve. Tu n'as pas peurd'eux, tu ne crains pas leursfeux, ni leurspulsions, ni leursinsultes. Tu es ta propre compagne. Ne te faisconfiancequ'àtoi, et tout ira bien.
✨
Désolée pour l'absence, j'ai repris l'écriture de mon projet principal en décembre, et du coup, j'ai un peu délaissé Circé et Ophelia ! Donc voilà un petit cadeau pour les fêtes, je vais essayer de publier un peu plus régulièrement et de reprendre de l'avance :)
J'espère que vous passez de bonnes fêtes en tout cas !