65 : ophelia

15 3 0
                                        

— Oh, Ophelia, lâche Circé en se retournant

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

— Oh, Ophelia, lâche Circé en se retournant.

C'est seulement à cet instant que sa compagne réalise que ses yeux sont embués de larmes.

La magicienne accourt et s'assoit à ses côtés sur le lit. Son bras rassurant l'entoure pour l'attirer contre son corps nu. Ophelia tressaille, mais ne se dérobe pas.

— C'est à propos de Pitys ?

La mortelle acquiesce.

— Tu as fait tout ce que tu as pu, la rassure Circé. Et si tu me racontais ce qui s'est passé avant que Pan ne la voie s'enfuir ? Je ne suis pas certaine d'avoir tout compris.

Malgré ses sanglots, Ophelia acquiesce.

— J'avais entendu Pitys dire qu'elle était venue à Aea pour échapper à Pan qui voulait l'épouser. Elle avait l'air d'avoir vraiment peur de lui. Quand il s'est présenté, je n'ai pas tout de suite fait le rapprochement, mais c'est dès qu'il a parlé d'elle que je me suis dit qu'il fallait que je la prévienne.

— C'était noble de ta part. J'avoue ne pas avoir compris ce que tu faisais, quand tu t'es précipitée pour aller la chercher. Mais il y avait quelque chose dans ton regard, et j'ai senti qu'il fallait que je te laisse faire.

— J'espérais que tu arriverais à retenir Pan le temps que Pitys puisse se cacher. Mais quand je suis arrivée ici, elle était déjà au courant. Mérope répétait qu'elle ferait mieux de ne pas se cacher, et puis Pitys a disparu dans la cuisine, et quand elle est revenue, elle tenait quelque chose dans sa main.

Ophelia essuie les larmes qui ont coulé sur ses joues avant de poursuivre.

— Je n'ai pas eu le temps de voir ce que c'était, puisqu'elle m'a bousculée et qu'elle est sortie. J'ai essayé de la prévenir que Pan n'était pas loin, mais elle ne m'a pas écouté...

La main de Circé lui caresse le dos d'un geste régulier.

— Tu as fait ce que tu as pu, répète-t-elle doucement.

— Tu m'as dit l'autre fois que si tu connaissais la potion utilisée, c'était plus facile d'y trouver un remède. La fiole que Pitys a utilisée doit encore être là-bas. Alors pourquoi ne pas utiliser ça pour lui rendre sa forme humaine ?

— Ce n'est pas aussi simple que ça, soupire la magicienne. Je vais essayer de t'expliquer, mais l'histoire est un peu longue. Et... éprouvante, pour moi.

— Et pourquoi Pan t'a appelée "sorcière" ?

Circé lâche un petit rire. Mais elle ne répond pas tout de suite. D'abord, elle entraîne Ophelia plus loin sur le lit, où elles s'allongent côte à côte.

Ophelia regarde la torche décrire des mouvements hypnotisants sur le mur blanc. Circé, elle, fixe le plafond, les deux bras repliés sur son ventre, qu'elle a couvert avec les draps.

— Il faut que tu saches que ce que tu appelles la magie, n'a pas la même signification pour les dieux. Eux considèrent que leurs facultés, comme celle de Zeus à faire tomber la foudre ou de Poséidon à déclencher des tempêtes, sont effectivement de la magie. Mais ce que je fais, moi, ça n'a rien à voir. Je ne suis pas née naturellement douée pour les potions. J'ai dû travailler dur pour en arriver là où je suis maintenant. Et ça, à leurs yeux, c'est complètement contre-nature. Voilà pourquoi ils le désignent plutôt comme de la sorcellerie.

Elle fait une pause. Ophelia tourne la tête pour la regarder. Leurs yeux se croisent. Elles sourient. Les larmes de la mortelle sont presque sèches.

— Mais je ne suis pas la seule à pratiquer la sorcellerie. Depuis une éternité, ma mère forme tout à tour de nouvelles sorcières, et les dieux le tolèrent. Ce qu'ils apprécient moins, en revanche, c'est lorsqu'une sorcière les fait se sentir menacés. Et c'est là où, contrairement à d'autres, j'ai échoué.

The BeastOù les histoires vivent. Découvrez maintenant