108 : circé

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Ma très chère Circé,

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Ma très chère Circé,

Avant de commencer, déjà, je t'en prie, ne t'inquiète pas. Je sais que si tu lis ces mots, tu dois trembler de ce que je m'apprête à te révéler, mais je t'assure que tout va bien.

Je vais très bien. Ce qui n'est pas ton cas, malheureusement. Et si tu savais comme je m'en veux ! Lorsque je me suis réveillée après cette funeste nuit, que je t'ai cherchée partout avant de te découvrir en train de te vider de ton sang, j'ai cru mourir de peur et de honte. Et je ne suis pas fière de te l'avouer, mais autant crever l'abcès tout de suite : Chloris n'a pas eu autant de "chance" que toi.

Si tu te réveilles et que tu lis ces mots, ne cherche donc pas les nymphes dans ta demeure et sur ton île. Elles n'y sont plus, à part Pitys, qui a été malgré elle un soutient pour moi dans ces derniers jours. Mélité et Mérope sont rentrées chez elles l'une après l'autre, me laissant seule pour veiller sur toi. Quant à Chloris... Je n'ai pas eu le courage de me rendre sur sa tombe, depuis que nous l'avons enterrée. Je crois que je ne me le pardonnerai jamais.

Venons-en à la raison pour laquelle je t'écris, car tu dois te demander pourquoi tu lis ces mots.

J'ai cru que j'allais perdre la raison, Circé, depuis cette funeste nuit. Et encore plus depuis que les nymphes sont parties. Je me suis retrouvée seule, avec mes pensées, ma culpabilité, et toi... Tu étais alitée, ne montrant aucun signe de rétablissement.

C'est comme ça qu'il y a quelques jours, j'ai eu cette idée.

Je ne supporte pas d'être dans l'incertitude. Je ne supporte pas de me lever chaque jour sans savoir si tu vas rester ou me quitter. Je veux faire quelque chose pour t'aider.

Alors j'ai décidé de me rendre sur la terre ferme, pour y chercher de l'aide. Je sais, je sais, je t'imagine déjà levant les yeux au ciel, désespérée par ma bêtise. Tu dois te demander pourquoi je repars vers ceux qui m'ont fait souffrir.

Je me le suis demandé, aussi. Mais tu vois, Circé, depuis que je t'ai rencontré, je crois avoir beaucoup changé. Je me sens plus assurée, plus à même de me défendre. Je sens que je suis capable d'affronter les autres, les hommes. Et je veux le faire, si ça peut t'aider.

Je ne sais pas jusqu'où je devrais aller pour trouver ce que je cherche, mais je te fais la promesse que j'irai jusqu'au bout. Et que je te ramènerai ce qu'il faut.

Alors si tu lis ces mots, que tu es réveillée et que tu vas bien, rassure toi en te disant que nous nous reverrons. Nous serons séparées quelques temps, mais promis, ma Circé, ce n'est pas un abandon.

Avant de te laisser - tu comprends, j'ai encore quelques préparatifs à finaliser, il me faut encore te dire quelque chose.

Je t'aime, Circé. Je t'aime et je suis heureuse d'avoir pu te le dire de vive voix avant cette nuit tragique où je t'ai blessée malgré moi. Je t'aime et je suis fière de toi, fière que tu restes toujours si droite et fidèle à toi même. Je suis fière de nous aussi, qui aurait cru qu'après avoir traversé tout ce que nous avons vécu, nous trouverions une personne, un endroit où nous nous sentirions si libre d'être qui nous sommes ? Si libres de nous aimer ?

Je t'aime, et je n'ai pas l'intention que notre histoire se termine si vite. Alors sois-en certaine, je reviendrai.

Si tu lis cette lettre, prends bien soin de toi. Ne t'inquiète pas pour moi. L'important, pour l'instant, c'est que tu te rétablisses.

À très vite,

Ton Ophelia.

Une fois la lecture de la lettre terminée, Circé ne peut s'empêcher de la parcourir une seconde fois, malgré les larmes qui brouillent sa vision et menacent de faire baver l'encre.

Et puis après l'avoir relue une bonne dizaine de fois, elle la replie et la serre contre elle. Elle aimerait tant serrer Ophelia dans ses bras, à cet instant !

Hélas, elle doit se faire à l'idée qu'elle ne la touchera plus jamais.

Elle pose la lettre à côté d'elle, et se met à lire toutes les autres pages noircies par Ophelia. En essayant de ne pas penser à l'idée que ce sont les derniers mots, les dernières paroles que sa compagne lui adressera.

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