80 : ophelia

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L'inconnue se présente comme Idalia, une déesse mineure de passage dans la région, qui est donc venue à Aea seulement pour passer la nuit

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L'inconnue se présente comme Idalia, une déesse mineure de passage dans la région, qui est donc venue à Aea seulement pour passer la nuit.

Ophelia s'installe à la table avec cette femme et Circé, sans cesser d'observer l'invitée. Ses cheveux blonds, sa peau diaphane semblent cacher quelque chose. C'est comme si elle était entourée d'un halo, qui la rend presque magnétique.

Même si le doute subsiste, Ophelia finit par se raisonner en supposant qu'il s'agit simplement du halo qui entoure toutes les divinités.

Idalia est bavarde, et curieuse. Elle semble vouloir en savoir plus sur Ophelia, ne cesse de lui poser des questions sur là d'où elle vient, ce qui l'amène sur l'île d'Aea... Son regard perçant se promène entre Circé et Ophelia, et elle finit par lâcher, à la grande surprise de celles-ci :

- Vous faites une belle paire, je trouve.

Circé manque de s'étouffer avec sa boisson.

Ophelia, elle, doit admettre qu'elle se sent rassurée. Quand elle a débarqué et a découvert Idalia et son physique presque parfait, elle n'a pu s'empêcher de se trouver ridiculement quelconque, de douter une fois de plus qu'elle mérite l'amour de Circé. Circé mérite une belle déesse, pas une mortelle aux mains abîmées par le travail alors qu'elle n'a que vingt-quatre ans.

Mais en vérité, Idalia ne semble pas être intéressée par Circé.

Ophelia se remémore les doux aveux de la magicienne, quelques soirs plus tôt. Elle n'a pas de raison de douter. Leur lien est spécial, et ce ne sont pas ses mains rugueuses qui vont faire la différence aux yeux de Circé.

Emportée dans ses pensées, elle ne revient à la conversation que lorsque l'invitée s'exclame :

- Vous n'avez jamais pensé à faire une fête ?

Circé fronce les sourcils.

- Une fête ? A- Idalia, nous sommes cinq sur cette île. Je suis en exil. Crois-tu vraiment que nous soyons bien placées pour faire une fête ?

- Pas besoin d'être nombreux pour célébrer, rétorque la déesse, avec un enthousiasme qu'Ophelia ne s'explique pas. Célébrer votre amour, par exemple ! Comme un mariage, mais l'aspect formel en moins.

Comme Ophelia n'a pas suivi toute la conversation, elle se garde de donner son avis. Peut-être n'a-t-elle pas bien compris de quoi il retourne ? Organiser un pseudo mariage à Aea entre Circé et elle ? Juste pour le plaisir de faire la fête ? L'idée lui paraît incongrue, d'autant plus qu'elle est suggérée par une inconnue qui lui paraît de plus en plus louche.

Et en même temps... Elle n'a jamais participé à une vraie fête. Lorsqu'elle était encore enfant, dans son village au fin fond des montagnes, quelques celebrations ont bien été organisées. Mais la plupart du temps, Ophelia était soit trop jeune pour y prendre part, soit trop vieille, et elle devait se concentrer sur la tenue de sa maison pour satisfaire son mari. Et les rares fois où elle a pu échapper à ces obligations, elle ne s'est pas vraiment amusée.

Elle est donc curieuse. Qu'est-ce qu'une fête où on s'amuse ? Une fête qu'on célèbre avec la personne qu'on aime, dans un lieu qu'on considère comme un refuge, et pas comme une prison ?

Elle relève la tête. Ses yeux croisent ceux d'Idalia, puis rencontrent le regard de Circé, et elle ose :

- Après tout, pourquoi pas ?

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