51 : circé

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Sous la lumière vive de la pleine lune, en essayant de s'adapter à son nouveau corps de lionne, Circé poursuit Ophelia jusqu'à la forêt

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Sous la lumière vive de la pleine lune, en essayant de s'adapter à son nouveau corps de lionne, Circé poursuit Ophelia jusqu'à la forêt.

Mais elle est ralentie par ses sensations perturbées. Comment doit-elle courir avec ses quatre pattes ? Comment faire pour éviter les obstacles qui se présentent à son visage alors que d'habitude, ils ne lui arrivent qu'à la cuisse ? Comment faut-il s'y prendre pour sauter ?

Elle perd rapidement la trace visuelle de la louve, mais constate avec curiosité que son odeur, elle, ne s'est pas effacée.

C'est la première fois qu'elle prend conscience du parfum d'Ophelia. Il laisse dans l'air des traces de sel, de bois mouillé et aussi une odeur plus animale, plus sauvage. Étrangement, c'est plutôt agréable.

Alors elle suit le fumet tout en apprenant à faire avec son corps métamorphosé. Et elle se demande comment sa compagne a-t-elle pu s'habituer.

Non, c'est vrai, elle ne se souvient pas de ses nuits de pleine lune.

Sans doute l'effet de la malédiction doit-être différent de celui de la potion que la magicienne vient d'avaler.

Plus elle progresse, plus elle remarque les autres odeurs qui se mélangeant à la trace d'Ophelia. De plus en plus fortes, celles-ci la brouillent, la désorientent. Cette forêt, Circé la connaît comme sa poche, mais en cet instant, ses repères sont brouillés.

Et soudain, le parfum de la louve semble rebrousser chemin. Circé s'arrête, tourne plusieurs fois sur elle-même, indécise sur le chemin à emprunter.

C'est alors qu'elle entend un cri. Un cri animal, qu'elle reconnaît comme celui d'un cochon. Immédiatement, elle comprend.

Elle se précipite vers la maison et vers l'enclos. Elle aurait dû se douter qu'Ophelia tenterait encore de s'en prendre à ses bêtes. Plusieurs fois, elle trébuche sur des racines, tombe à genoux, se relève et poursuit sa course.

Sans suprise, elle découvre les pourceaux agglutinés d'un côté de leur espace, tandis que la louve les menace de ses crocs, de l'autre côté. Elle a sauté la barrière et se retrouve donc enfermée avec eux. Elle peut s'enfuir, mais pas eux.

- Par les dieux, s'écrie Circé.

Ne sort de sa bouche qu'un grognement sourd. Immédiatement, Ophelia se retourne pour lui faire face.

Il faut que je saute, réalise la lionne.

Mais la hauteur de la barrière lui paraît bien plus imposante que d'habitude, et elle hésite. Elle recule de quelques pas. La louve se retrousse les babines, comme pour se moquer d'elle, et s'apprête à effrayer de nouveau les cochons.

Fais-le pour Ophelia. Tu le lui as promis.

Circé se concentre. Elle recule à nouveau, mais cette fois, son but n'est pas le même. Elle s'assure simplement d'avoir la place de passer.

Elle prend son élan, elle court.

Et elle saute.

- Ne bouge pas, Ophelia ! hurle-t-elle inutilement alors qu'elle passe au dessus de la barrière.

Évidemment, la louve prend ce nouveau feulement comme une attaque. Elle saute à son tour.

La collision est douloureuse. Et la retombée à terre l'est encore davantage. Circé a l'impression que tous ses organes viennent d'être arrachés de leur place et se baladent librement dans son corps. Elle sent aussi les griffes d'Ophelia s'enfoncer dans sa chair.

Elle tient bon.

Pourquoi as-tu pris l'apparence d'une lionne si ce n'est pas pour être capable de répliquer ?

Elle renverse son adversaire. D'un coup, c'est la louve qui se trouve sur le dos, et Circé qui reprend l'avantage. Mais cela ne dure pas longtemps. La femme qui se cache dans la lionne est toujours moins expérimentée qu'Ophelia, qui lui envoie sa patte au visage.

La magicienne laisse échapper un cri de douleur. Quelques gouttes dégoulinent de son museau pour maculer le pelage de la louve.

Elle rugit.

La puissance du cri dépasse ses espérances. Soudain effrayée, la louve détourne la tête, semble vouloir s'enfuir. Circé relâche son emprise. Son but n'est pas de blesser sa compagne, simplement de l'empêcher de manger de la chair humaine afin de mener la malédiction au bout.

Ophelia bat en retraite. D'un saut agile, bien loin de la performance de Circé, elle repasse de l'autre côté de la barrière et disparaît l'obscurité.

Circé respire. Elle a réussi.

Pour cette fois.

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