Sur l'île d'Aea, le silence règne. Dans son palais, la magicienne Circé veille. Ses bêtes sont assoupies, elle est seule avec elle-même.
Depuis le départ d'Ulysse, aucun voyageur n'a rompu le calme de son repaire. Après une éternité de malheurs, el...
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Elle est la première des deux à gravir les échelons menant à sa chambre. A contrecoeur, elle détache ses doigts de ceux d'Ophelia pour s'agripper aux barreaux. Ce qui vient de se passer était si intense qu'elle en a presque perdu l'équilibre. Une chute serait une terrible conclusion à ce début de soirée.
Sa compagne la suit, Circé sent ses yeux clairs rivés sur elle. Elle se retourne une fois assise sur le plancher de sa chambre. Elle tend sa main pour aider Ophelia à finir de grimper. Mais cette dernière n'a pas besoin de son aide. Déjà, elle est debout dans la pièce et referme avec précautions la trappe qui leur donne de l'intimité.
Etonnée de ce geste si assuré, Circé questionne :
— Qu'est-ce qui a changé ?
Ophelia ne saisit pas tout de suite le sens de la question. La magicienne la rejoint pour s'asseoir sur le lit, sans cesser de la dévisager.
— Qu'est-ce qui a changé pour toi, depuis le dernier baiser ?
— J'imagine que tu ne parles pas de celui qui a été échangé il y a à peine trente secondes ?
Le visage d'Ophelia est de nouveau paisible, légèrement moqueur, même. Comme sa compagne ne répond pas, elle fronce les sourcils, réfléchit pendant quelque secondes avant d'oser :
— Je suppose que j'en ai assez de lutter contre mes envies.
Le coeur de Circé tambourine dans sa poitrine. Quand je pense que quelques minutes plus tôt, j'ai failli me décourager. J'ai bien fait de persévérer juste un petit peu.
De nouveau, elle avance sa main vers la joue d'Ophelia. Le contact est bref, aussi frais et agréable que les précédents étaient chauds et puissants. La caresse ne dure qu'une fraction de secondes, mais Circé perçoit le frisson qui traverse sa compagne.
Leurs regards deviennent si perçants et si intimes qu'elles pourraient presque lire dans leurs pensées respectives.
C'est encore Circé qui s'avance en premier et presse à nouveau ses lèvres sur celles d'Ophelia, tout en l'attrapant par l'arrière du cou. Elle n'a plus peur de prendre l'initiative.
Que c'est bon lorsqu'on sait que c'est partagé !
Les deux femmes s'écroulent sur le lit de la magicienne, sans cesser de s'embrasser. Là, dans l'obscurité et au milieu des bruits de l'orage, Circé perd tous ses repères. Le contact est tel qu'elle est incapable de déterminer où elle s'arrête et où commence Ophelia. Elle s'abandonne.
Lorsqu'elle se réveille à la lumière de l'aube fraîche d'un lendemain de tempête, elle réalise qu'elle ne sait pas à quel moment elle s'est endormie. En revanche, elle est parfaitement consciente d'où elle s'est assoupie.
