88 : ophelia

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Mélité revient dans la pièce avec des onguents et pommades diverses

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Mélité revient dans la pièce avec des onguents et pommades diverses. En voyant les regards accusateurs et peu tendres jetés à Ophelia par Mérope, elle s'immobilise.

- Que se passe-t-il ?

- Ophelia a quelque chose à nous dire.

L'intéressée se raidit. Pourtant, il est hors de question qu'elle s'arrête là. Les deux nymphes ne lui laisseront jamais la paix tant qu'elle n'aura pas expliqué ce qu'elle a avoué à Mérope.

Elle réalise seulement maintenant que ni elle ni Circé n'ont jamais clairement expliqué à leurs compagnes la malédiction dont elle est victime.

Le temps est venu.

Elle reste debout, mais jette un rapide regard à la magicienne inconsciente, pour se donner la force de réexpliquer tout depuis le début. Et puis, elle se lance.

Elle commence par son mariage, puis la mort de son mari, enfin le festin funeste où est née sa malédiction. Elle enchaîne rapidement avec ses premiers meurtres, sa fuite du village, et son arrivée, bien plus tard, sur l'île d'Aea.

- Tu veux dire que toutes les nuits de pleine lune, tu te transformes, et aucune d'entre nous ne l'a jamais remarqué ?

- Vous dormiez, rappelle Ophelia. En vous couchant au crépuscule et en vous réveillant après l'aurore, vous n'avez jamais pu me voir dans ma forme animale. Bien sûr, il y a eu les cochons éventrés, mais vous avez rapidement oublié. Seule Circé savait.

Elle raconte ensuite comment la magicienne a essayé de l'aider. Elle parle des différents essais de potions, et de Circé qui se changeait elle-même en lionne pour l'empêcher de faire du mal au moindre être vivant.

Le silence qui enveloppe la pièce lorsqu'Ophelia fait une pause dans son récit est plus que pesant. Au bout d'un moment, Mélité éprouve soudain le besoin de s'asseoir.

La mortelle hésite, avant d'expliquer la fin de l'histoire. Elle craint qu'en mettant des mots sur ses déductions, le sort de Circé n'en devienne que plus réel, plus fatal.

Elle n'a finalement pas besoin de verbaliser quoi que ce soit. Mérope lâche un long soupir, et glisse alors :

- Cette nuit... Sémélé était haute dans le ciel. Cette nuit, tu t'es transformée, pas vrai ?

Ophelia acquiesce, sans cacher son soulagement. La nymphe a fait le rapprochement sans son aide.

- Je suis presque certaine que c'est moi, sous ma forme de louve, qui ait blessé Circé, avoue la mortelle.

Elle ne comprend pas pourquoi elle n'en a aucun souvenir, alors que lors des pleines lunes précédentes, elle avait commencé à retrouver sa lucidité.

Si je m'étais rappelée des événements de la nuit, serais-je partie à la recherche de Circé assez vite pour la sauver ?

- Qu'est ce que je peux faire ? Qu'est ce que je dois faire ? murmure-t-elle ensuite, prise par le doute.

Son regard cherche celui de Mérope, qui détourne les yeux. Mélité, elle, le soutient, mais pas pour très longtemps.

- Je crois que la seule chose à faire est de laisser le temps agir. Les dieux guérissent vite, et même si Circé a du sang mortel, elle a hérité de cette capacité par sa mère.

- Je ne supporterai pas de la voir ainsi trop longtemps... se lamente Ophelia. N'y a-t-il pas autre chose que nous pourrions faire ? Un dieu que nous pourrions solliciter ?

- Je doute que qui que ce soit accepte de venir au secours de la sorcière exilée par Zeus en personne, assène Mérope, achevant de briser le coeur d'Ophelia.

- Chloris est plus douée que moi en médecine, tente malgré tout Mélité. Je peux aller la chercher, voir si elle peut tenter quelque chose. Et sinon, il nous reste toujours les potions de Circé...

Mais Ophelia connaît assez bien l'antre de sa compagne pour savoir qu'elle ne s'embarrasse pas d'étiqueter tous ses philtres magiques. Comment pourraient-elles trouver dans toutes les étagères, la bonne mixture qui ramènerait la magicienne à la vie ?

Mélité s'absente, pour revenir quelques instants plus tard.

- Chloris n'est pas dans sa chambre. Bizarre, elle ne fait que dormir, d'habitude.

- Allons la chercher dehors.

En prononçant ces mots, Mérope jette un regard à la dérobée à Ophelia. Un regard qui n'a rien d'agréable. La mortelle frémit, devinant très bien que la nymphe craint qu'elle n'ait aussi blessé leur amie.

Et ses craintes se confirment, lorsque, derrière un arbre, non loin de l'endroit où Circé a été retrouvée, gît désormais le cadavre ensanglanté et déchiqueté de Chloris.

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