97 : ophelia

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Mérope arrive dans la cuisine alors qu'Ophelia fait la vaisselle

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Mérope arrive dans la cuisine alors qu'Ophelia fait la vaisselle. D'abord, elle reste silencieuse, comme si elle ne savait pas quoi dire. Et puis, elle finit par prendre la parole.

- Merci pour ce dernier repas.

La voix de la nymphe paraît retenue, comme si être aimable lui demandait un effort.

Ophelia lui jette un coup d'oeil par dessus son épaule, avant de revenir à ce qu'elle est en train de faire.

- De rien. Merci à toi aussi.

- De quoi ?

Même si Mérope est dans son dos, elle peut deviner la façon dont ses sourcils se sont froncés. La nymphe n'a pas vraiment l'habitude qu'on la remercie.

- Je sais pas, de tout. De m'avoir aidée ces derniers temps, sinon je pense que j'aurais perdu la tête. D'avoir retardé ton départ pour pas me laisser seule alors que tu aurais pu profiter du moment où Mélité est partie. D'être restée alors que j'avais tué Chloris et que tu avais peur d'être la prochaine. Et puis, de tout ce qui s'est passé avant. Les dieux savent que Circé n'est pas toujours facile à vivre, mais le fait de vous avoir, ça m'a permis... d'être entourée. Et d'être plus libre que ce que j'ai jamais été.

Mérope ne répond rien.

Ophelia repose le plat qu'elle est en train de frotter et se retourne une nouvelle fois.

Une larme est en train de couler sur la joue de la nymphe.

- Ne pleure pas, je n'en vaut pas la peine, pouffe Ophelia. Tu vas retrouver ta famille, tu n'as pas hâte ?

- Ça dépend, ils peuvent être assez... envahissants. Au moins, ici, je faisais ce que je voulais de mes journées.

- Tu pourras peut-être revoir Mélité. Et celle qui était là au tout début, quand je suis arrivée...

- Eunice ?

Ophelia acquiesce et Mérope hausse les épaules.

- Bah, on s'est jamais trop entendues.

La mortelle ne sait plus quoi dire pour réconforter la jeune femme. Elle retourne à sa tâche, le coeur serré par la peine qu'elle perçoit chez Mérope.

- Ça faisait tellement longtemps que j'étais à Aea, tu sais, poursuit-elle. Ici, je suis indépendante. Ici, personne ne vient me chercher des problèmes.

- Sauf Circé quand il faut changer l'organisation des chambres ou lui confectionner une robe de fête ?

Les sanglots de la nymphe se transforment en un rire qui explose dans la cuisine. Le son réconforte Ophelia, qui se met à rire à son tour. Bientôt, elle est à nouveau obligée de lâcher le plat pour essuyer des larmes de joie qui perlent dans ses yeux.

Elle se retourne une dernière fois vers Mérope.

Elle ouvre ses bras.

- Allez, viens là.

La nymphe s'approche, l'air un peu gênée, et s'appuie sur Ophelia. Ses bras entourent la taille de la mortelle, et sa tête se pose sur son épaule. Ophelia sourit.

- Tu vas me manquer, dit-elle simplement. J'aimais bien, moi, quand tu tenais tête à Circé.

Nouvel éclat de rire.

Elles rompent finalement l'étreinte.

- Tu m'accompagnes sur la plage ? demande Mérope.

Ophelia hoche la tête. Elles quittent la cuisine, la nymphe récupère toutes ses affaires, et elles sortent dans le vent.

Et tandis que Mérope disparaît dans les flots, entourée par deux autres naïades, Ophelia lève les yeux vers le pin qui a un jour été une femme, et murmure :

- On dirait bien qu'il ne reste plus que nous trois, Pitys. J'espère que les bavardages ne te dérangent pas, parce que maintenant, à qui je vais bien pouvoir parler autre qu'à toi ?

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