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Alors que je me préparais dans ma chambre, une de mes servantes entrent puis me fait la révérence.

- Votre Majesté, le prince des fées est ici. Me prévient-elle.

- Le prince Gavril ? Dis-je surprise. Il était là, hier.

- Non... c'est le prince héritier.

Je ressens alors une boule au ventre. Je ferme les yeux puis prends une grande inspiration avant de l'autoriser à entrer. Ma servante est surprise qu'un homme puisse entrer dans mes appartements mais elle n'ose pas poser de questions.

Après quelques minutes, la porte s'ouvre à nouveau alors que je lui donnais mon dos. Je n'ose pas me tourner. Je le sens s'approcher sans un mot, puis il pose sa main sur la fermeture éclair de ma robe et la remonte. J'ai oubliée de la fermer.

Il approche sa tête, à tel point que je sens son souffle chaud sur ma nuque. J'en oublie de respirer.

- Alors comme cela... mon frère est arrogant... imbus de sa personne... et immature ? Souffle-t-il.

- N'est-ce pas vrai ? Dis-je d'une petite voix.

Il ne répond pas, je sens seulement ses doigts dessiner sur ma peau nue. Je ferme les yeux, tentant d'empêcher mon corps de frissonner à son contact.

- Regarde-moi, Venelia.

Et c'est avec difficulté que je lui fais face. Mes yeux fixent les siens, et j'en oublie tout, le temps d'un instant.

- Cela est vrai. Admit-il. Mais cela ne m'intéresse pas... ce qui est intéressant est... tu lui as dis que si tu devais te marier, ce serait avec moi.

- C'était simplement pour lui faire comprendre que je ne le voulais pas. Dis-je en évitant son regard. Je ne sous-entendais rien.

Et il me répond en me faisant un sourire en coin. Heureusement que j'ai demandé à mes serviteurs de sortir de mon appartement, sinon Dieu sait les commérages qui aurait eu lieu sur le prince et moi.

Il relève ensuite ma tête en me tenant par le menton, plantant son regard dans le mien.

- Mais je ne refuserais pas de te marier, moi. Insiste-t-il.

- ... Edham...

Il s'approche de moi et pose ses mains sur ma taille. Il penche ensuite sa tête vers la mienne.

- Je le sais, tu ne me veux pas. Répète-t-il. Mais je te veux. Et je sais que tu es une très mauvaise menteuse.

Lorsqu'il pose une de ses mains sur ma joue, je sens mon cœur battre de plus en plus fort. Je dois mettre fin à cette absurdité.

- Nous nous aimions.

- Nous étions enfants, Edham... Dis-je doucement. Que connaissent les enfants de l'amour ?

- Tout. Absolument tout. Souffle-t-il. Les enfants connaissent tous de l'amour, ils sont purs. Et il n'y a rien de plus pure que l'amour. La seule chose qu'ils ne connaissent pas, c'est ça...

Sa tête n'est plus qu'à quelques centimètres. Je dois faire quelque chose...

- Ça ? Lui demandais-je.

Ses yeux se baissent sur mes lèvres, puis ils les relèvent sur mes yeux, avec le regard en flamme.

- Toucher l'être aimé... Murmure-t-il.

Ses lèvres sont tellement proches. Malgré ma peur qu'ils les touchent avec ses lèvres, je ne fais rien pour l'empêcher. Je n'en ai plus la force.

- Je ne suis pas amoureuse de toi. Lui dis-je doucement.

- Je sais. Dit-il en souriant légèrement.

Et sans plus attendre, il le fait. Il plaque ses lèvres sur les miennes. Je ne suis jamais sentis aussi bien depuis des années. Et comme si cela n'était pas assez pour moi, j'ouvre légèrement la bouche pour qu'il introduise sa langue. S'en suit une danse lente entre nos langues.

- Tu m'as manqué. Dit-il contre mes lèvres.

Je souris, et continue de l'embrasser. Moi aussi, il m'a manqué. Bien plus que ‏je ne le pensais. Cela fait bientôt six ans que nous ne nous sommes pas vu. C'était également la dernière fois qu'il m'avait embrassé. Six ans...

Je le repousse ensuite après un moment, et reprends mon souffle. Il me regardait en souriant.

- Toujours pas amoureuse ? Demande-t-il en souriant.

Je secoue ma tête en riant. Edham et moi, nous nous aimions lorsque nous étions petits. Mais plus nous avons grandis, plus nos pères respectifs nous éloignaient l'un de l'autre, jusqu'à ce que je ne ressente rien pour lui. Enfin, je ressens toujours quelque chose, quelque chose de très petit, mais il y a une petite étincelle existante. Une sorte d'attirance physique...

Et cette petite étincelle, Edham a tant tenté de la transformer en une flamme. Il a tout tenté pour me récupérer, mais c'est trop tard. Bien trop tard.

- Je vais finir par me marier à un homme puissant, Edham. Le prévenais-je. Tu ne seras plus présent.

- Je serais toujours présent ! S'exclame-t-il. Ton futur mari, si ce ne sera pas moi, ne t'éloignera jamais de moi.

- Pourtant, ce ne sera pas possible. Rétorquais-je. Quel homme voudrait que sa femme reste en contact avec un autre homme ?

Je le vois serrer ses poings.

- Je ferais tout pour te récupérer, Venelia. Me dit-il, avec fermeté. Peu importe les risques, peu importe les conséquences.

- J'ai promis à mon père de me marier avec un homme puissant. Lui dis-je.

- Et je ne le suis pas ?

Je soupire. Je ne veux pas lui faire du mal, après tout, nous avons eu une histoire ensemble...

- Edham, retourne dans ton royaume. Cette discussion te fera plus de mal que de bien.

- ... Pourquoi m'avoir embrassé ? Me demande-t-il.

- Je... je ne sais pas. Dis-je en grimaçant. C'est... c'était un baiser d'adieu. Le dernier que l'on partagera.

Je le vois tenter de masquer sa tristesse. Si j'en avais le pouvoir, je l'aurais aimé comme avant. Mais je ne peux pas. Mon cœur refuse de l'accepter.

- S'il te plaît, va-t'en. Lui soufflais-je. Je dois m'occuper de cette guerre, je ne peux pas m'occuper d'autre choses.

- ... Alors accepte mes hommes. Me dit-il. Tu ne peux pas gagner la guerre seule.

- Je ne veux pas que d'autres royaumes entrent dans la guerre. Vous avez vécus en paix depuis des siècles... Dis-je en soupirant. Puis j'ai accepté ton sort de protection, c'est assez pour moi.

Il hoche la tête lentement, puis soupire. Il me regarde une dernière fois avant de s'approcher de la porte.

- Je n'abandonnerais pas, Venelia. Dit-il en me regardant. Tu es la mienne. Et je récupérerais ce qui est mien.

Puis il s'en va. J'aurais peut-être dû être plus clair dès le début. Mais je ne voulais pas lui faire du mal... j'espère qu'il abandonnera de lui-même, lorsqu'il verra que cette histoire ne nous mènera nul part.

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant