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Je repose mon livre en entendant quelqu'un toquer contre la vitre de mon balcon. Je n'attendais personne. Et personne ne serait passé par le balcon. Mon premier réflexe est de me munir de mon poignard, en m'approchant lentement du balcon.

J'ouvre la vitre d'un geste vif, et mon poignard se dirigeait vers le torse de la personne. Soudain, en le reconnaissant, je m'arrête. Il avait ses ailes déployés, il a sûrement survolé le palais.

Edham.

Et la première chose qui me vient en le voyant, est :

- Comment oses-tu ?

- Venelia, j'ai eu tellement peur. J'ai cru qu'il t'avait tué. Me dit-il doucement.

- Il ? L'Empereur ?

Il hoche la tête, ce qui me fait ricaner. Un rire sarcastique, ne se voulant pas être amical.

- Que c'est facile de rejeter la faute sur l'Empereur ! M'exclamais-je. Et pourtant, cette fois tu es le fautif.

Il fronce les sourcils, faisant mine de ne rien comprendre. Mais je connais assez bien Edham pour dire que son regard masque une certaine inquiétude.

- T'a-t-il dit que j'étais le responsable ? Penses-tu réellement que je puisse te faire du mal, Venelia ? Me demande-t-il. Bon sang, Venelia ! Cela n'a aucun sens !

- Vraiment ? Rétorquais-je. L'Empereur m'a déjà fait du mal, Edham. Et si c'était lui le responsable, crois-moi qu'il se serait vanté de cela. J'attends de toi que tu prennes tes responsabilités et accepte tes erreurs.

Il allait parler pour se défendre, mais je l'arrête en levant la paume de ma main vers lui.

- Ne ments pas plus que cela. Lui dis-je froidement. La vérité est claire, Edham. Mon mari est innocent.

- Ton mari ? Tu as bien accepté ce mariage, à ce que je vois.

- Oui, mon mari. Dis-je en haussant des épaules. Je l'ai accepté, et tu le devrais aussi.

Il soupire en passant ses mains sur son visage.

- Je l'ai vu t'embrasser, j'ai perdu la tête. Je n'ai pas fais attention où je tirais.

Je ris face à sa confirmation, bien que je n'ai jamais douté de la parole de l'Empereur.

- Au nom de notre ancienne amitié, j'ai demandé à l'Empereur de ne pas te tuer. Lui dis-je. Mais si tu ne t'en vas pas tout de suite, je ne l'en empêcherais pas.

- Venelia, j'ai embrassé une femme et je suis allé bien plus loin que ça. M'avoue-t-il. Cela ne te fait rien ?

- Non, c'est même très bien pour toi. Dis-je, d'un ton neutre. Tu as quelqu'un et j'ai quelqu'un. Tu peux t'en aller, désormais.

Edham alors tombe à genoux, me tenant la main. Je voulais m'en aller, mais il me retient.

- Je t'en supplie, Venelia, viens avec moi ! Me supplie-t-il. Cette femme ne signifie rien pour moi ! C'est Emmaline, l'ex de l'Empereur. Elle prend ta forme et je prends la forme de l'Empereur pour notre plaisir, c'est tout ! Ce n'est rien de sérieux !

Je dégage sa main de mon bras avec dégoût. Il me dégoûte. Je n'arrive même plus à avoir une once de sympathie pour lui.

- J'aurais préféré ne jamais le savoir. Dis-je, en grimaçant.

Mais avant que je ne m'en aille, je sens comme une brise froide, touchant ma nuque. Je tourne ma tête pour voir d'où provient ce vent froid, mais je vois l'Empereur. Ses yeux étaient rouges, menaçants et je peux même dire, prêt à commettre un meurtre. Et ses ailes...

Il a déployé ses grandes ailes noires une seconde fois, et elles sont aussi imposantes que la première fois.

Cependant, au lieu de s'approcher d'Edham, il s'approche de moi et pose son bras sur ma taille, m'amenant à lui.

- Je savais qu'Emmaline était tordue, mais tu me surprends, blondinet.

Edham allait se révéler, mais l'Empereur pose sa main sur sa tête, le forçant à rester au sol. C'est extrêmement humiliant pour Edham, mais il l'a cherché. Il est venu dans notre chambre, à quoi s'attendait-il ?

- Je pense que le message n'est pas passé clairement. Dit-il d'un ton froid. Ne t'ai-je pas dit de ne plus t'approcher de ma femme ?

- Ta femme te déteste ! Rétorque Edham. Elle m'aime moi. Sinon, elle ne m'aurait jamais demandé en mariage avant toi !

L'Empereur ne me regarde pas. Au contraire, il reste figé, le regard rivé sur Edham. Et j'arrive à comprendre ce qu'il se passe, en voyant l'expression horrifié d'Edham.

Et plus les secondes passent, plus son expression s'aggrave et s'empire. Il a réussi à faire pleurer Edham. Et je sais très bien ce qu'il force à lui faire voir.

La mort de sa mère.

Petit, Gavril a toujours été le préféré de sa mère. Quand leur palais s'est effondré, la mère d'Edham l'a laissé seul et a pris Gavril pour se sauver. Les gardes royaux ont réussis à sauver Edham, Gavril a survécu, et seul sa mère n'a pas survécu. Elle a été écrasé par les débris du palais.

Edham n'a pas supporté longtemps, il s'est envolé, zigzaguant dans l'air. Malgré moi, je n'arrive pas à éprouver de la pitié pour lui.

Lorsque l'Empereur a enfin remarqué qu'Edham s'est enfuie, il s'est tourné vers moi, ses ailes commençant petit à petit à disparaître. Il était surpris de me voir sans émotions, sans larmes, sans même être dégoûté par lui.

- Venelia ?

Il m'arrache de mes pensées, et toute mon attention va vers lui.

- Tu sais ce qu'il vient de se passer ? Me demande-t-il.

Je hoche la tête.

- Et tu n'as pas réagis ?

- Oui.

- Tu ne te soucies plus de lui ?

Je secoue ma tête. Non. Non, je ne me soucie plus de lui.

- Tu n'as pas cherché à l'aider. Murmure-t-il, comme s'il voulait être le seul à l'entendre. Pourquoi ?

- ... Votre cruauté et manque d'humanité commence à déteindre sur moi. Répondis-je doucement. Je suis votre femme, après tout.

Mes paroles lui arrachent un sourire.

- Pourquoi sortez-vous vos ailes quand il est là ? Lui demandais-je. Je commence à croire que vous tentez de ridiculiser ses petites ailes frêles.

Pour la première fois, je vois que l'Empereur est gêné. Il ne parle pas pendant un instant, puis reprends son air charmeur de d'habitude.

- Je te répondrais une autre fois. Me répond-il. Mais... comment vois-tu mes ailes ? Frêles, aussi ?

- Non... Dis-je doucement. Grandes, imposantes, majestueuses, sombres et... magnifiques.

Ses yeux se mettent alors à analyser chaque partie de mon visage.

- Alors mes ailes sont bien similaires à toi.

Sa réflexion me prend de court, et mes joues rougissent rapidement. Alors que mes yeux rencontrent les siens, une pensée dangereuse me vient en tête.

Peut-être que je ne le déteste pas autant, désormais.

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant