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Trente jours et trente nuits ont été décrété pour célébrer mon retour. Revan l'a annoncé ce matin, et je pensais que son peuple allait trouver cela exagéré, puisqu'après tout, j'étais une mortelle et ma destinée était de mourir. Mais j'ai appris qu'ils ont été profondément attristés par ma mort, et se sont énormément réjouis de mon retour.

Je suis l'une des leurs. Et ce peuple est le mien. Notre peuple. Nos sujets. Ils m'ont accueillis à bras ouverts, et je ne suis pas certaine que les mortels fassent de même désormais.

J'ai aussi appris par le biais d'Illara l'état de Revan après ma mort. Il a fait trembler le monde entier, et a tué d'un seul coup tous les mortels et fées qui se sont révoltés devant le palais. Le prince Gavril inclus. Et ensuite, il s'est enfermé dans notre chambre, attendant sa propre mort. Illara m'a dit qu'il n'avait plus de force, ni pour se lever, ni pour parler. Il se laissait mourir.

Mais malgré tout cela, je ne regrette rien. Je ne regrette pas avoir pris cette flèche à la place de Revan. Sinon, à l'heure qu'il est, il serait mort et moi avec. Je n'aurais pas survécu aussi longtemps que lui. Avec la même flèche qui aurait transpercé son cœur, je me serais transpercé le mien.

- Je suis si heureux, Venelia... murmure Revan.

Il était derrière moi, et m'entourait de ses bras alors que son torse se colle à mon dos. Je peux sentir son souffle sur ma nuque, me donnant des frissons.

- Et je le suis aussi. Répondis-je. Enfin. Enfin, nous avons le droit au bonheur.

Puis je me tourne vers lui, en le regardant dans les yeux. Ses yeux sont si doux, presque inoffensif. Je pose mes mains sur ses joues, ne brisant pas ce contact. Je peux alors comprendre lorsqu'il me disait qu'il sentait son cœur battre, bien qu'il ne pouvait pas battre. Car c'est le cas pour moi. Mon cœur de mortelle bat toujours pour lui.

- Tes yeux sont si beaux. Souffle-t-il. Je suis amoureux d'eux, de tes lèvres, de ton visage, de tes cheveux, de ton corps, de ton âme, de toi et chaque parcelle qui fait toi. Je suis si amoureux que ça en devient douloureux, parfois.

Puis il approche son visage, collant son nez au mien puis ferme ses yeux en souriant légèrement.

- Romantique. Dis-je en riant.

- Toujours. Rétorque-t-il, le sourire aux lèvres.

Il éloigne ensuite son visage du mien, et me regarde intensément dans les yeux.

- Ne veux-tu pas rejoindre la fête organisée pour toi ? Me demande-t-il.

- J'y étais tout à l'heure, avec tes sœurs et Azaël. L'informé-je. J'ai rencontré nos sujets, et je dois dire que je suis vraiment heureuse d'être leur Impératrice.

Il m'attrape alors soudainement par la taille, collant son torse contre ma poitrine.

- Nos sujets ? Répète-t-il, le sourire aux coins des lèvres.

- Mhm. Ne suis-je pas leur Impératrice et toi, leur Empereur ? Dis-je, baissant mon regard sur ses lèvres avant de les lever à nouveau sur ses yeux. On pourrait les revoir demain.

Il acquiesce, ses mains serrant de plus en plus mon dos. Il mord ses lèvres en me regardant, alors que j'attrapais doucement le col de sa chemise ouverte.

- ... Parce qu'aujourd'hui, j'ai une autre idée en tête. Soufflé-je.

- Oh ? Et quelle est-elle ?

Je le regarde dans les yeux, en souriant.

- J'aime beaucoup les fleurs, tu sais. J'aimerais faire du jardinage avec toi, pour la première fois.

Je vois son regard passer du désir, à de la confusion et il en perd son sourire. Je n'arrive pas à me retenir, alors je me mets à rire.

- Je... hum... pourquoi pas. Dit-il en se grattant la nuque. Si c'est ce que tu veux.

Il allait s'éloigner mais je le retiens en enroulant son cou de mes bras. Puis sur la pointe des pieds, je frôle ses lèvres avec les miennes sans jamais qu'elles ne s'écrasent entre elles, et lui se laisse faire.

- C'est de la provocation... chuchote-t-il.

- Et si je te dis que je te veux, tout de suite ?

Ses yeux brûlent à nouveau, ses mains parcourant mon corps. Puis enfin, il me porte dans ses bras.

- Je te dirais que tes désirs sont mes ordres.

Je souris alors qu'il s'empare de mes lèvres, en m'amenant jusqu'à notre lit.

...

La tête posée sur son torse, je dessine dessus avec mes doigts, alors qu'il me caressait les cheveux.

- Revan, que comptes-tu faire du royaume des mortels ? Lui demandé-je.

- Je ne sais pas. Tu en es la reine, c'est à toi de décider.

Je soupire, en levant la tête vers lui.

- J'ai ordonné ce matin à mon ancien conseiller d'amener toutes nos archives ici, dans notre palais. Lui dis-je. Maintenant que je suis une vampire, le royaume des mortels n'existe plus.

- C'est-à-dire ?

- C'est-à-dire que le royaume des mortels fait désormais entièrement partie de l'Empire. Je veux que les mortels deviennent nos sujets, que les vampires et les humains cohabitent. Mais je ne sais pas si c'est possible.

Il se relève alors, me forçant à me relever à mon tour.

- C'est possible. M'assure-t-il. Et je pense après la mort des humains devant le palais, personne n'osera se révolter à nouveau.

- Alors... alors, je veux commencer par le palais. Détruisons-le, afin de montrer que le règne des humains est terminé.

- Es-tu certaine ? Après tout, c'est le palais de ton père, de tes ancêtres...

Je hoche la tête. Certaine. C'est la fin d'une ère. D'une guerre et d'une inimité qui dure depuis des siècles. Revan et moi avons mis un terme à tout cela. Et je ne vois aucun meilleur moyen de démontrer cela que par la destruction de ce qui a été longtemps le centre de la haine entre les deux espèces.

- L'Empire s'agrandira, lui dis-je doucement, et il sera connu comme un endroit de paix. J'aimerais laisser cela pour nos futurs enfants.

- Tu veux donc toujours des enfants ?

J'acquiesce. Avoir un mini-nous, le fruit de notre amour, est ce que je désire le plus au monde... nos enfants seront la preuve vivante que les humains et les vampires peuvent cohabiter. Ils auront toujours cette part d'humanité en eux, comme il y a toujours une part d'humanité en moi.

L'avenir promet d'être merveilleux.

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant