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Elle croit que je n'ai rien vu. Je l'ai vu balader sa main jusqu'en dessous de sa robe pour attraper le poignard accroché à sa jambe. Je l'ai vu me regarder d'un air menaçant. Et je l'ai laissé me poignarder.

La plaie se referme déjà. Sa tentative n'a servi à rien. Je n'ai pas agis, pour lui montrer qu'elle ne pourra rien faire. Qu'elle restera malgré elle dans ce mariage. Et je l'ai laissé fuir.

Je marche en direction de ma chambre, sans courir, pour multiplier son sentiment d'inquiétude. Je sens d'ici sa forte respiration et son cœur qui bat fortement. Cette peur me fait sourire, me satisfait et me prouve que je suis toujours celui au contrôle.

D'un coup, j'ouvre les portes de la chambre, là où se réfugiait la reine. Elle se lève, avec un sursaut, tentant de camoufler sa peur. Ses yeux se baissent vers ma blessure, et je la sens frissonner lorsqu'elle se rend compte qu'il n'y a que quelques tâches de sang,  sans la plaie.

- Vous avez été une très mauvaise épouse aujourd'hui. Soufflais-je.

Je m'approche d'elle et me saisis de sa main, elle tente de reculer mais ma prise est bien trop forte pour qu'elle arrive à s'en dégager. Je sors mon poignard et le pose sur la paume de sa main.

- Que faites-vous ? Dit-elle avec panique. Lâche-moi !

- Vous m'avez poignardé. Je dois vous rendre la pareille. Dis-je en faisant un sourire diabolique.

J'appuie légèrement le bout du poignard jusqu'à voir des bulles de sang, et je continue jusqu'à faire une ligne droite. Elle se tordait de douleur, mais cela est le dernier de mes soucis. Au bout de la ligne droite, je dessine un arc de cercle, puis refais une ligne. Formant ainsi la lettre "R".

- Je suis immortelle, mon cœur. Dis-je doucement. Ce coup de poignard que vous m'avez infligés est semblable à une piqûre d'aiguille pour vous. Cela ne me fait rien.

- ... Vous me faites mal. Dit-elle, les larmes aux yeux. Lâchez-moi.

J'approche ensuite sa main de ma bouche, puis de ma langue, je la nettoie de son sang.

- Même si l'on me brûle, de mes cendres je renaîtrais.

Et du bout de mon poignard, je relève sa tête vers moi.

- A la prochaine bêtise, ce "R" sera gravé là, sur votre cœur. Dis-je en le montrant du regard. Histoire que vous vous rappelez que vous m'appartenez. Votre sang m'appartient, votre corps m'appartient, votre âme m'appartient, votre vie m'appartient et même votre nom m'appartient, chère épouse. Vous êtes à moi.

Elle secoue sa tête, se concentrant uniquement sur la douleur que je lui ai infligée sur la main.

- Vous êtes un monstre... souffle-t-elle.

- Je n'ai jamais prétendu le contraire.

Et pour mettre fin à ce tourment, je souffle sur sa main pour qu'elle ne ressente plus la douleur.

- Prenez mes mises en gardes très au sérieux. La prévenais-je. La prochaine fois, je ne serais pas aussi clément. Et je suis certain que vous n'aimerez pas me voir en colère.

Elle recule lorsque je lâche enfin sa main, encore confuse sur le fait qu'elle ne ressente plus la douleur. Je l'ai aidé cette fois car sa ridicule tentative d'assassinat m'a amusé, mais si elle me rend en colère, je suis capable de la laisser se vider de son sang et la sauver à la dernière seconde, avant que la mort ne s'empare d'elle.

- Je vous déteste. Crache-t-elle. Et un jour, j'y arriverais. Je vous tuerais sans pitié et sans que quoi que ce soit ne m'arrive.

- J'aimerais vous voir essayer. Dis-je en faisant un sourire en coin.

Je recule à mon tour, ne laissant plus aucune proximité entre nous.

- Ce n'est pas ce que je n'apprécie pas votre compagnie, mais je dois retourner à mes affaires. La prévenais-je. Vous n'êtes pas autorisés à sortir, d'ailleurs. Les servantes s'assureront de ramener tout ce dont vous voudrez dans l'appartement.

Puis je lui tourne le dos et ouvre la porte.

- À ce soir.

Je sors ensuite, sans me retourner. En m'éloignant, je l'entends crier de rage et de frustration, en repétant à quel point elle me déteste. Je crois qu'elle oublie que je peux l'entendre à des kilomètres, et encore plus nettement que n'importe quelle voix puisque nous sommes liés.

Je pense à son père, d'ailleurs. Il doit se retourner dans sa tombe. Il a tué mon père, pour qu'au final, il perde. Sa fille est devenue l'épouse d'un vampire, le fils du vampire qu'il a assassiné. Je préfère largement cette victoire que la victoire de la guerre.

- Votre Majesté, certains mortels commencent à se rebeller, demandant à voir leur reine. Me dit un de mes hommes. Et il semblerait que le prince héritier des fées leur vient en aide.

- Ces mortels ne tiennent pas à leur vie. Dis-je en serrant ma mâchoire. Et ce prince... je vais finir par lui briser les os et exposer son cadavre dans les rues de l'empire.

Le prince a peur de deux choses : que la reine ne l'aime plus et m'aime à sa place, ou bien que je la tue. La deuxième option est la plus probable, mais la première serait si satisfante. Voir ses yeux brûlants de jalousie, tout en ayant conscience qu'il ne pourra plus poser les mains sur elle.

- Gardez le contrôle de la situation. Dis-je à mon homme. Je n'ai pas envie de refaire un bain de sang.

- Et qu'allons-nous faire du prince ?

- Je lui écrirais une lettre. Répondis-je. Occupez-vous seulement des mortels, je me chargerais du reste.

Il hoche la tête avant de s'en aller avec ma permission. Les mortels aiment tellement se rebeller, comme s'ils ne pouvaient pas perdre la vie s'ils perdent un peu trop de sang. Comme si leur vie ne tenaient plus qu'à un fil. Perdre la vie pour eux est si simple, pourtant, ça ne les empêche pas de provoquer la mort.

Et dans ce cas-là, la mort c'est moi.

S'ils ne se calment pas, d'un croc, je mettrais fin à leur misérable vie.

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant