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Elle dort sur le sofa. Depuis plusieurs jours, elle dort sur le sofa. Tant mieux. Je n'ai plus à sentir son odeur dans mon lit, à mes côtés. Et l'odeur qu'elle dégage est différente des autres humains... une odeur délicieuse. Je suppose que c'est parce que c'est leur reine.

- Beaucoup de nos citoyens admirent la reine. Me dit un de mes ministres. Elle est vue comme une héroïne. Une femme qui a tout abandonné, qui s'est sacrifié pour son peuple.

- Bien. Cela m'évitera de protéger mon épouse de future tentative d'assassinat. Dis-je d'un ton neutre. Mais j'aimerais que tu dises aux gens qu'elle m'aime, histoire qu'ils ne pensent pas qu'elle est prisonnière ici.

- À vos ordres, votre Majesté. Me dit-il.

Par-dessus le balcon, je vois une charrette s'arrêter. Je fronce les sourcils avant de voir à travers les rayons du soleil, et vois enfin qui sort de la charrette.

- Illara et Kayda ?

Je me lève pour m'assurer que ce soit bien elles. C'est elles. Je n'attends pas plus pour me lever et descendre jusqu'à l'entrée. Je m'approche rapidement d'elles et les prend directement dans mes bras.

- Revan, tu nous as tellement manqués ! Disent-elles en souriant.

Et j'embrasse chacune sur leurs fronts.

- C'est vraiment une très belle surprise. Leur dis-je. Mais n'étiez-vous pas censé rester dans le palais de notre tante jusqu'à la prochaine décennie ?

- Oui, mais nous nous sommes ennuyés. Me répondent-elles. Nous avons demandés à une sorcière de nous permettre de sortir du palais pour vivre ici.

Je hoche la tête. Avant la mort de mon père, il a puni Illara et Kayda, mes sœurs, en les enfermant dans le palais de ma défunte tante. Elles devaient y rester quinze ans. Cinq ans sont déjà passés. Ce n'est pas une très longue période pour nous, cependant.

Mes sœurs sont connus pour être rebelles, elles n'aiment pas se plier aux règles, alors pour les discipliner, mon père voulait les enfermer. D'abord, la durée devait être de cinquante ans, mais j'ai demandé à mon père de la réduire jusqu'à quinze ans. Et au bout de cinq ans, elles semblent avoir très peu changer.

Elles, contrairement à mon père et moi, ressentent une profonde sympathie pour les mortels. À tel point qu'elles ne boivent de leurs sangs qu'avec leur accord. Et je n'ai pas envie de savoir comment elles ont eu leur accord.

- Où est ton épouse, cher frère ? Me demandent-elles. J'ai entendu dire que du bien d'elle.

- Elle est dans sa chambre. Leur répondis-je. Si j'étais vous, je ne tenterais pas de lui approcher. Elle m'a déjà poignardé à deux reprises.

En m'entendant parler, elles se mettent à rire.

- Je l'aime déjà ! Dit Illara. Allons nous présenter à elle. Elle doit avoir une très mauvaise image de nous, à cause de toi, mon frère.

- Comme si elle avait besoin de moi pour avoir une bonne image de nous. Dis-je en roulant des yeux. Dois-je vous rappeler que nous étions en guerre il y a peu ?

Mes sœurs secouent leurs têtes avec exaspération. Je n'ai pas très envie qu'elles font amies-amie avec ma très chère épouse. Elles sont différentes sur tous les plans. Et elle peut leur dire un mot ou faire une action qui les blessera. Elle les voit aussi comme ses ennemis. Mais si elle blesse mes sœurs, je n'aurais aucune pitié à la faire pleurer en me suppliant de l'épargner.

- Allons-y, Illara. Dit Kayda.

Je soupire puis suis mes sœurs jusqu'à l'intérieur du palais. Elles se dirigent vers mon appartement, là où se trouve Venelia. Lorsqu'elle donne son autorisation, les gardes ouvrent la porte. Mes sœurs et moi entrons à l'intérieur.

En nous voyant, Venelia fronce les sourcils. Elle se lève, ne sachant que dire face à nos deux invités imprévues.

- Reine Venelia, enfin nous vous rencontrons. Dit Kayda. Je m'appelle Kayda, la sœur de Revan et voici ma sœur jumelle, Illara.

Venelia me lance un regard rempli de haine à mon égard – ce qui ne change pas de d'habitude – avant de se reconcentrer sur ma sœur.

- Enchanté. Dit-elle simplement. Ravi de faire votre connaissance.

Mes sœurs se regardent, en la voyant parler si peu chaleureusement, avant de s'approcher d'elle. Venelia les regarde inquiète, ne sachant pas ce qu'elles veulent lui faire.

- Mon frère. Dit Illara. Va t'occuper de ton travail et laisse-nous parler entre femmes.

Je fronce les sourcils. Reste garde une expression impassible. Son inquiétude s'est rapidement envolé, et je ne sais pas si c'est parce que mes sœurs la mettent à l'aise, ou si ce n'est qu'une façade.

Contrairement aux autres mortels, Venelia arrive à masquer ses émotions et pensées. Pas toujours, certes. Mais le fait qu'elle puisse le faire, ne serait-ce que pour une seconde, est... impressionnant.

Je soupçonne le prince Edham d'en être le responsable. Alors je dois absolument y remédier.

- Allez, Revan. Me dit Kayda.

- Bien. Dis-je en soupirant. Mais vous n'avez pas le droit de sortir du palais. C'est clair ?

Elles hochent toutes la tête, avant que je ne m'en aille. Je reste tout de même sur mes gardes. On ne sait jamais si elle a toujours une dague avec elle. Elle n'a aucun lien de sang avec elles. Elle peut très facilement les tuer. Enfin, ce serait très idiot de sa part car je ne la laisserais jamais en vie dans ce cas.

Je dois arrêter de m'inquiéter. Je ne crois pas que Venelia soit aussi stupide. Puis mes sœurs sont deux. Deux contre une. Elles ont l'avantage. Largement.

- Azaël, je te cherchais.

- Oui, votre Majesté. Dit-il en s'inclinant.

- Mes sœurs viennent d'arriver. Dis aux servantes de préparer leur chambre. Lui ordonnais-je. Et elles sont avec mon épouse en ce moment. Surveille-les.

Il hoche la tête.

- À vos ordres, votre Majesté.

Je lui fais alors une petite tape sur l'épaule, avant de m'en aller. Je rentre dans mon bureau, où m'attend mon conseillé avec une lettre à la maison.

- Qu'est-ce que c'est ? Lui demandais-je.

- Une invitation. Me répond-il. Le roi des fées vous invite dans son royaume, vous et votre épouse.

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant