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Cela fait depuis plusieurs heures que je suis enfermé dans l'appartement. La seule chose de bien qu'il m'est arrivé depuis mon arrivé est ma rencontre avec Azaël, il est un humain chargé de s'occuper de moi durant l'absence de l'Empereur.

Si ce n'était pas lui, je me serais tellement ennuyée seule. Avoir de la compagnie de quelqu'un de sa propre espèce est toujours plaisant.

Azaël m'a raconté une partie de son histoire. Il vivait avec son père et sa mère, il était fils unique. Pendant une dispute, son père a accidentellement poussé sa mère, qui s'est ouverte la tête et n'ayant pas l'aide nécessaire à tant, elle a succombée à sa blessure.

Son père, ne pouvant pas vivre avec cela sur la conscience, a mis fin à ses jours en sautant d'une falaise. Azaël a donc quitté sa ville pour s'installer proche du palais, et il a été approché par des vampires qui lui ont promis de l'aider à oublier ce moment.

Cela n'a pas marché, mais ils ont réussis à lui retirer tous ses sentiments, dont le sentiment de douleur. C'est déjà ça... Puis il lui a été offert de travailler avec l'Empereur, dans son palais.

- Azaël... Connais-tu un moyen de défaire les liens de sang ? Osais-je lui demander.

- Votre Majesté, ce n'est pas possible. Dit-il en grimaçant. Je pense que vous devriez arrêter de vous battre et essayer d'apprécier Sa Majesté l'Empereur. Cela vous facilitera largement la vie.

Je soupire. Apprécier l'Empereur ? Même dans mes pires cauchemars, cela sera impossible. Il m'a beaucoup pris pour que je puisse le pardonner. Il est mon ennemi, et le pire de mes ennemis. Et ce "R" qu'il m'a gravé sur la paume de ma main me le rappellera aussi longtemps qu'il le faudra.

- Dis lui, Azaël. Car c'est ce que je ne cesse de lui répéter. 

Je ferme les yeux un instant, tentant de contrôler ma rage. C'est lui. Il est là. Azaël se lève pour lui faire la révérence sans oser le regarder dans les yeux. Tous ici le respecte. Sauf moi.

- Tu peux partir. Dit-il à Azaël. Je te rappellerais lorsque j'aurais besoin de toi.

- Très bien, votre Majesté. Dit-il. Passez une très bonne nuit. 

Puis il s'en va en me faisant également la révérence. 

- Vous avez déjà apprécié Azaël, à ce que je vois. Dit-il en faisant un sourire en coin. Sûrement car il est humain.

Je ne réponds pas, refusant catégoriquement de lui parler ou même de le regarder.

- Mais à mon avis, vous ne devriez faire confiance à personne. Enfin, tant que vous ne vous comportez pas comme mon épouse. Me prévient-il.

Je roule des yeux. Je ferais confiance à n'importe qui, tant que ce n'est pas lui.

- Je le sais. Me dit-il en souriant. Faites confiance à tout le monde sauf moi, mais ne venez pas pleurer lorsqu'ils vous trahiront parce qu'ils m'obéissent.

Mince. J'avais oublié qu'il pouvait entendre mes pensées...

- D'ailleurs, quel est votre nom ? Me demande-t-il. Nous sommes mariés depuis quelques jours et je ne connais même pas votre nom.

Je tourne ma tête vers lui enfin, me demandant ce qu'il en fera de cette information. Il devrait s'en ficher.

- Enfin, c'est à vous de voir. Dit-il en haussant des épaules. Je ne vous appellerais jamais "ma reine", "votre Majesté" ou ce genre de chose. C'est plutôt vous qui devrais m'appeler comme cela car vous n'êtes pas supérieur à moi. Et... vous appeler "mon épouse" me permet de vous rappeler à chaque instant que nous sommes mariés. Votre nom aurait été plus convenable pour vous et moi. Mais tant pis...

Je serre mes poings. Il n'a pas tort et je me déteste de l'admettre.

- Venelia. Je m'appelle Venelia. Dis-je, la voix tremblante de rage.

- Venelia... Dit-il en souriant. Un nom aussi repoussant que votre physique.

Je roule des yeux, sans porter attention à ce qu'il me dit. C'est mon père qui m'a  donné mon nom, alors que ma mère refusait de me voir à la naissance.

- Et mon nom est Revan. Me dit-il. Bien que vous ne m'appellez jamais.

Je comprends alors la raison de ce "R" qu'il m'a gravé sur la paume de ma main. Son initial. Revan, le nom de mon pire ennemi. Le nom qui m'a tout pris.

- Un jour, vous aimerez ce nom, vous le crierez sans cesse. Dit-il en faisant un sourire en coin.

- Je le crierais en mettant fin à votre vie, censé être éternelle. Rétorquais-je.

Et ce ton moqueur ni ce sourire moqueur ne lui échappe. Plus je lui crache ma haine, plus cela semble l'amuser. Il m'irrite tant. Si j'avais une dague en ma possession, je l'aurais poignardé dans le cœur, mettant fin à sa vie et à la mienne.

- Allons dîner, Venelia. Me dit-il.

L'entendre prononcer mon nom me dégoûte. Père serait si déçu de me voir dans cette situation. Peut-être même qu'il aurait été en colère de voir que je me suis marié avec ce monstre. C'est à ce moment que je me dis heureusement il n'est pas en vie. Je n'aurais pas supporté de voir son regard déçu envers moi.

Je chasse ses pensées et suis l'Empereur jusqu'à la salle à manger. Dès lors que l'on s'assoit, le repas est servi. Les servantes me servent du vin rouge, et je crois qu'elles lui servent la même chose, mais d'une bouteille différente. Je n'aime pas du tout le vin rouge, je ne sais pas pourquoi il s'obstine à m'en servir.

- Merci. Dis-je aux servantes. Mais je ne voudrais plus avoir de vin rouge la prochaine fois.

Avant de me répondre, elles se tournent vers l'Empereur.

- Oh, vous n'aimez pas le vin ? Dit-il en souriant. Que c'est dommage. Vous allez en être servi chaque soir.

Je serre ma robe entre mes poings, sans dire un mot. Je ne dois craquer devant lui. Calme toi, Venelia. Ne lui donne pas raison.

Les servantes s'en vont alors.

- Il y a deux boissons dans ce palais. La vôtre et celle des mortels, qu'est le vin rouge. Commence-t-il en prenant son verre entre ses doigts. Et ma boisson, le sang des mortels.

Mon estomac se retourne en comprenant que ce qu'il a n'est pas du vin... mais du sang. Et il en boit. C'est leur alimentation, je le sais. Mais le dégoût s'empare de moi. L'odeur venant du verre m'écœure d'autant plus.

Et je comprends encore mieux la menace.

Si je n'obéit pas, c'est de mon sang qu'il se nourrira.

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant