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Je la regarde manier l'épée avec mes sœurs, étonnée de son talent. Je me suis mis sur le côté, les regardant toutes les trois, les bras croisés. J'essaie de garder un œil sur tous les faits et gestes que fait Venelia.

Elle pourrait saisir cette opportunité pour prendre la vie de mes sœurs. Mais elle n'a pas l'air menaçante, en ce moment. Au contraire, je la vois même sourire, pour la première fois. Un sourire encourageant. Et elle est très patiente avec elles. Très patiente malgré les erreurs de mes sœurs, qui touchent une épée pour la première fois...

Je me demande si notre relation aurait pu être différente si elle ne me détestait pas. Car je vois devant mes yeux qu'elle est tout à fait capable de nous apprécier, nous, les vampires. Si je n'avais pas tué mon père, elle serait sûrement déjà à mes pieds.

- Vous me regardez. S'écrie-t-elle. Pourtant, vous avez virés les hommes d'ici car vous ne voulez pas qu'ils me regardent.

- Vous êtes mon épouse. Dis-je en faisant un sourire en coin. N'est-ce pas normal ?

Si ce n'était pas pour mes sœurs, elle aurait sûrement rétorqué que non, elle n'est pas réellement mon épouse. Remarquant que mon regard est toujours posé sur elle, elle retire son gilet et l'attache sur sa taille puis me donne son dos.

Je viens de me rendre compte que je n'ai pas regardé son corps depuis tout à l'heure, je la regardais elle. En fait, je n'ai rien à faire de son corps, de sa forme. Je ne veux pas savoir à quoi ressemble son corps, sa poitrine, ses jambes, non, rien de tout cela. Cela ne m'a jamais traversé l'esprit.

Je soupire, puis détourne le regard. Mes sœurs finissent par s'approcher, et je comprends que leur première session est terminée.

- Grand-frère, tu as vu comment j'ai réussis à tenir l'épée ? Dit Kayda en souriant. C'était dur, mais j'ai réussis.

Et je n'ai jamais vu mes sœurs aussi fières d'avoir réussis quelque chose. Je n'ai jamais compris pourquoi père leur interdisait tant de choses. J'ai toujours remarqué leurs regards envieux lorsque père passait du temps avec moi.

- Bravo. Leur dis-je en souriant. Je suis certain que vous allez savoir manier l'épée mieux que moi, bientôt.

Elles se mettent à rire. Sincèrement. Et ce rire me réchauffe le cœur. Ce rire que je n'ai pas eu la chance de beaucoup entendre, à cause de père. Et de la distance qu'il a créé entre nous. Cette distance que je tente malgré tout de réduire jusqu'à sa disparition complète.

- La prochaine fois, on s'entraînera ensemble. Leur proposais-je.

Elles me regardent surprise car il y a peu, j'ai ordonné à mes hommes de rester sur le terrain alors que Venelia leur a ordonné le contraire. Mais si j'ai refusé de vider ce terrain, c'était seulement pour ennuyer Venelia. Je pensais que le terrain n'était que pour elle, pas pour mes sœurs.

Venelia n'est pas resté ennuyé dans la chambre, et ce sont mes sœurs qui voulaient cet entraînement. Je me suis sentis idiot, sur ce coup. Car en voulant ennuyer mon épouse, c'est elle qui m'a irrité. Si je n'étais pas arrivé à temps, mes hommes auraient été en train de la regarder de bas en haut.

Punaise.

- Ça nous fera plaisir ! Dit les jumelles en souriant. Enfin, on doit partir. Notre professeur arrive bientôt. À tout à l'heure.

Je les salue alors, puis elles s'en vont en courant à l'intérieur. Venelia allait aussi partir mais je l'arrête en attrapant son bras.

- Vous n'avez pas réussis à convaincre votre amant. Dis-je.

- Quoi ? Dit-elle avec surprise. Que dites-vous ?

- Je dis que vous ne l'avez pas convaincus, répétais-je, le blondinet. Je l'ai relâché comme promis, mais il ne se tient pas en place. Il me crée des ennuis.

Elle soupire, sûrement ennuyée par le comportement de ce gamin immature. Je n'arrive pas à comprendre ce qu'elle lui trouve.

- S'il continue, je vais devoir l'anéantir, lui et son royaume. L'avertis-je. Je pensais qu'il serait mieux que je vous prévienne, afin de vous préparer au pire.

Elle secoue sa tête, et ses yeux se remplissent à nouveau de rage. Je peux sentir de la chaleur émaner de son corps, une chaleur forte et agressive. Sa colère.

- Vous ne toucherez pas Edham. Ni son royaume. Me dit-elle froidement. Vous savez très bien que ses tentatives de vous détruire seront vaines. Laissez-le faire, quand il verra qu'il n'y a aucun résultat, il s'arrêtera de lui-même.

- Suis-je censé rester les bras croisés quand quelqu'un attaque mon Empire ?

- Oui. Quand vous savez que rien ne peut vous nuir, alors oui. Insiste-t-elle.

Je ris sarcastiquement. Elle est bien naïve. Et je sais que cette naïveté ne vient que d'une vaine tentative de défendre son amant. Enfin, son ancien amant.

- Si nous partons dans cette logique... puisque vous savez que vous ne pouvez rien face à moi... pourquoi continuez-vous à me fuir ? À me débattre ? Lui demandais-je.

- Ce n'est pas la même chose, je-

- Ça l'est. La coupais-je. Ça l'est, chère épouse.

Pour changer de sujet, je prends sa main dans la mienne.

- Mon initial n'est plus gravé. Lui fais-je remarquer.

Elle baisse la tête sur la paume de sa main, étonnée. Elle ne l'avait pas remarquée. Et à la vue de sa peau nouvelle, sans cicatrice, elle se met à sourire.

- Comment... ?

- À chaque nouvelle pleine lune, votre peau change. Lui expliquais-je. Grâce à moi et notre sang lié, vous devenez meilleure chaque mois... Plus belle. Plus grandiose.

Elle est surprise. Elle ne le savait pas. Pourtant, je pensais qu'elle avait remarquée que dans les couples de vampires et d'humains, plus les années passent et plus les humains deviennent une meilleure version d'eux-mêmes.

Enfin, pour ces couples ce changement se fait chaque année, mais puisque je suis l'Empereur et elle, mon épouse, nous c'est chaque mois. Chaque mois, Venelia devient meilleure que le mois d'avant. Et je dois avouer que cela ne me facilite pas du tout... cela devient, au contraire, plus difficile de la haïr.

En fait, je crois que je ne la haïs plus.

Je la déteste.

Je ne la haïs plus.

Et je commence à m'inquiéter.

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant