Blood's Crown

11.

Je me tiens dans le plus haut balcon de mon palais, avec mon frère Gavril, alors que le soleil commençait à disparaître, laissant place à la noirceur de la nuit. Et surtout, à l'apparition de la lune.

- Bientôt, nous saurons si l'Empereur et Venelia se sont mariés. Dit mon frère.

Je fronce les sourcils.

- Reine Venelia. Le corrigeais-je. C'est ainsi que tu dois l'appeler, pas autrement.

Il roule des yeux en soupirant avant de se concentrer à nouveau sur le ciel. Le peu de lumière restant du soleil s'éteint, et le ciel orangé devient sombre. Seul la lune l'éclairait légèrement.

Un sourire se dessine sur mon visage lorsque je vois que la lune est toujours blanche. Je soupire de soulagement. Elle n'est pas mariée.

Mais mon sourire disparaît peu à peu, alors que la lune prend une couleur rougeâtre. Très rapidement, on ne voyait qu'une grosse boule rouge dans le ciel. Une lune rouge. Tous mes espoirs se sont brisés alors que je comprenais la signification : Venelia est définitivement mariée à ce vampire. Elle a liée leur sang.

Je ne pourrais pas la sauver.

Tuer l'Empereur reviendrait à la tuer. Je comprends alors les paroles de père. C'est pour cette raison qu'il la considère comme notre ennemi. Mais je ne peux pas... comment suis-je censé la tuer ? Comment suis-je censé la détester ? Comment suis-je censé oublier tout ce que l'on a vécu ?

- La lune célèbre leur mariage. Dit Gavril. Je ne pensais pas qu'elle pouvait nous trahir de la sorte.

Je me tourne vers mon frère.

- Elle ne nous a pas trahis ! M'exclamais-je. Elle n'avait pas le choix !

- Tu me rediras cela lorsqu'elle tombera amoureuse de ce maudit vampire.

Je me lève, menaçant. Je n'aime pas du tout la façon dont il parle.

- Tu le sais, les humains sont faibles. As-tu vu le nombre d'humains qui ont épouses des vampires ? Compare-le avec le nombre de fées qui l'ont fait.

Je serre mes poings. Je ne peux pas nier ce qu'il dit. Vingt pour cents d'humains ont épousés des vampires. Un pour cent de fées l'ont fait...

- Les humains sont faibles. Très faibles. Ils ne peuvent pas contrôler leurs émotions et se font facilement tromper. Dit-il doucement. Venelia n'est pas une exception. S'il est bon envers elle, elle finira par l'aimer. C'est certain.

Il finit par enfin se lever de sa chaise et pose sa main sur mon épaule.

- Je sais qu'elle était ton amie, mais il faut que tu lui fasses tes adieux. Me dit-il. Car si l'on entre en guerre avec eux, ce ne sera pas seulement contre l'Empereur mais contre l'Empereur et son épouse.

Et sans un mot de plus, il s'en va. Je me rassois, abbatu. Venelia ne peut pas l'aimer. Elle l'a détesté toute sa vie, ce n'est pas maintenant qu'elle l'aimera, n'est-ce pas ? Elle ne peut pas ! C'est impossible.

Mais alors que la lune illuminait le ciel d'un violent rouge, je sentais mon cœur se déchirer. Cette vue que j'avais face à moi ne faisait que refléter la réalité. Venelia ne sera jamais la mienne. Elle appartient à un autre. En fait, elle et lui ne font plus qu'un. Elle ne l'a pas simplement épousé, elle a vendue son âme au diable.

Je laisse alors quelques larmes couler, regrettant de ne pas m'être plus battu pour elle...

VENELIA

- Quel livre cherchez-vous, votre Majesté ? Me demande ma Dame.

Je la toise, ne sachant pas si je dois lui faire confiance.

- Rien de spécifique. Lui répondis-je.

Et je continue à parcourir les étagères, à la recherche d'un livre sur la liaison de sang. Je dois parvenir à les défaire. Et puisque la pleine lune continuera d'être rouge, je dois soit défaire ces liens après la prochaine pleine lune ou avant, et il faudra que je fasse très vite.

- Toute cette section est vide... me murmurais-je à moi-même.

La section du mariage. Mince... c'était prévisible. Mais avant que je n'ai eu le temps de faire quoi que ce soit, que je me fais propulser contre l'étagère, faisant tomber tous les livres posés dessus. L'Empereur était face à moi, poignard à la main, et posé contre ma gorge.

- Je savais que je vous trouverais ici, chère épouse. Souffle-t-il. Pensiez-vous réellement que j'allais laisser la clé menant à la liberté dans votre cage ?

Ma poitrine se soulève difficilement, alors que j'essaie de ne pas faire le moindre mouvement de peur que la lame de son poignard, qui est très proche, ne transperce mon cou et mette immédiatement fin à ma vie. 

- Reculez...

- Vous ne pouvez pas vous échapper de ce mariage, chère épouse. Vous ne pouvez pas défaire ces liens. Seul moi en a le pouvoir. 

- Je ne suis pas votre épouse... Je suis votre prisonnière. Une prisonnière de guerre, ou peut-être un prix. Une récompense pour votre victoire.

Il se met à rire. Je dois avouer que son rire me glace le sang. Ce geste est censé être les conséquences d'un bonheur profond, mais que l'Empereur utilise d'une manière bien sinistre.

- Si vous le voulez, vous pouvez être mon épouse. Dit-il doucement. Mais vous pouvez également être ma prisonnière. C'est vous qui décidez. Mais au vu de vos actions, vous vous penchez plutôt pour la deuxième option et c'est misérable.

Il retire enfin le couteau de mon cou mais ne s'éloigne pas de moi. Il trace le contour de mon visage lentement avec son poignard, me laissant une sensation de petit picotement sur la peau. S'il maintient une pression légèrement plus forte, il m'ouvrira la peau.

- Très misérable... Murmure-t-il.

Mes mains se mettent à trembler, mais je relève légèrement ma jambe afin de prendre le poignard que j'ai accrochée dessus. L'Empereur était si concentré à contempler mon visage effrayé qu'il ne remarque pas que j'ai désormais un poignard dans la main.

Un poignard que je n'hésite pas à planter violemment dans son ventre. Il a eu un mouvement de recul alors j'en profite pour m'enfuir. Mais je ne peux pas aller loin. Ce soir, il retournera dans notre appartement et je vais devoir faire face aux conséquences de mon action.

Je cours dans les couloirs du palais en tenant ma robe, avant de m'enfermer dans notre appartement. 

Même si mon coup n'a servi à rien, j'espère qu'il comprendra que je ne me laisserais pas faire. Jamais. Je me battrais pour la vie autant que je le pourrais.