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Je fronce les sourcils. Comment cela peut-il être possible ? Comment un buveur de sang n'en boit pas ? C'est tout sauf logique. Et connaissant l'Empereur, il n'arrêterait pas d'en boire sans raison.

J'aimerais penser qu'il l'ait fait pour moi, mais c'est improbable, il y a sûrement une autre raison derrière.

Je cherche dans notre chambre quelque chose qui contient du sang pour lui, mais je ne trouve qu'un verre vide.

- Où rangez-vous vos pots de sang ? Lui demandé-je. Je ne les trouve pas.

- Ne cherche pas. Me dit-il. Je n'en boirais pas.

Ne trouvant toujours rien, j'abandonne. Je me tourne vers lui, mais reste figé un instant en le voyant torse nu. J'avale difficilement ma salive en m'approchant avec un poignard en main. Je ne dois pas me laisser distraite...

- Ah, tu as décidé de prendre ma vie quand je suis faible ? Dit-il en souriant légèrement. C'est déloyal...

Je m'assois à ses côtés, ignorant ses commentaires. Je relève ma manche, et prends une grande inspiration avant d'ouvrir mon bras sans hésitation, et l'Empereur se redresse soudainement. Rapidement, le sang coule à flot alors j'approche mon bras de sa bouche.

- Buvez. Lui ordonné-je.

- Venelia, qu'est-ce que tu fais ?!

- Je vous nourris. Répondé-je, en haussant les épaules. Allez, buvez. Je ne me suis pas ouvert le bras pour rien.

Il hésite un instant, incrédule, puis pose sa bouche sur mon bras. Dès qu'il goûte à mon sang, et ferme les yeux. C'est un peu douloureux mais je prends sur moi. L'Empereur regagne de ses couleurs, et lorsqu'il en a bu assez, il se retire.

Mais il ne s'arrête pas là, il prend sa chemise qu'il a retiré, puis entoure mon bras avec.

- Merci, Venelia. Dit-il doucement. Mais c'est la dernière fois que tu feras une chose pareille.

- Je fais ce que je veux. Rétorqué-je.

- Je ne pensais que tu voulais mourir pour moi.

Il me fait ensuite un sourire en coin, me regardant sans jamais cligner des yeux.

- Non, mais je mourrais en paix en sachant que vous aurez ma mort sur la conscience. Dis-je. Et je me débarrasserais de vous par la même occasion.

Il ne parle pas, il prend seulement mon bras dans sa main, puis me tire vers lui. Par réflexe, je pose mes mains à l'avant, qui tombe sur le matelas. Ce qui fait que l'Empereur est allongé, moi au-dessus de lui et j'ai chaque main de chaque côté de son corps. Et lui, il me retient de me relever en posant sa main sur le bas de mon dos.

- Admets que tu tiens à moi, Venelia. Souffle-t-il. Tu étais morte d'inquiétude...

Je lève les yeux vers lui, n'osant pas bouger mon corps. Sentir son torse nu m'empêche de penser correctement.

- Parce que si vous mourrez... je mourrais aussi. Dis-je, en tentant de m'en convaincre aussi.

La vérité, c'est que je n'y ai pas pensé. Je n'ai pas pensé à seul instant à moi-même... si je pensais à moi, je n'aurais pas ouvert mon bras pour lui donner à boire mon propre sang.

Reprends-toi, Venelia. Ton père serait déçu de toi.

- Pourquoi vous êtes-vous privés de sang ? Lui demandé-je, tentant de faire diversion par rapport à notre position.

- Laissons cette conversation pour plus tard. Dit-il en me caressant le visage, fixant ses yeux dans les miens. Car elle ne finira qu'avec nous, en train de nous embrasser.

Mon cœur rate un bond. Qui est cet homme pour troubler autant mes émotions ? Et plus il s'approche, plus j'ai l'impression de ne plus me contrôler. Je dois bouger, je dois le repousser, mais je n'y arrive pas. Comme si mon cœur me disait assez. Assez débattue, il faut se laisser faire, désormais.

Qu'il faut laisser cet homme posséder mon cœur.

Il colle son nez contre le mien, avec une douceur que je n'avais jamais connu jusqu'ici de sa part.

- Mais je ne veux pas t'embrasser. Pas avec le goût de ton sang dans ma bouche. Conclut-il. Cela te dégoûterait. Ou je me trompe ?

J'avale difficilement ma salive. Et lorsque je hoche la tête, il me lâche enfin, me permettant ainsi de me relever. Je passe mes mains sur ma robe, tentant de masquer ma gêne.

- Je n'allais pas vous laisser faire, de toute façon. Marmonné-je, d'une façon non convaincante.

- Mmh. C'est pour cela que tu ne t'es débattus ? Dit-il en faisant un sourire narquois.

- Vous me reteniez avec vos bras. Je ne pouvais pas.

Il rit avant d'approcher sa tête de la mienne.

- Je n'avais pas serré ma main trop fort contre ton dos, pour que tu puisses te dégager.

Sans pouvoir m'en empêcher, je me mets à rougir. Alors pourquoi me suis-je sentis prise au piège ?

- Tu ne peux pas nier la tension qu'il y a entre nous, Venelia. Souffle-t-il. C'est indéniable. Tu me veux autant que je te veux.

- C'est à cause de la haine que je vous voue... sans elle, il n'y aurait rien. Dis-je sur la défensive. Quand la haine ne suffit plus, elle se transforme en désir.

Mais il se met à rire encore plus. Son rire faisait un échos dans toute la chambre, et d'une certaine manière, son rire me réchauffe le cœur.

- Je vais me coucher sur le sofa. Lui dis-je. Bonne nuit, votre Majesté.

- Non, attends. Me dit-il. Viens dormir sur le lit, je prends le sofa.

J'allais protester mais il est déjà debout. Il pose sa main sur le bas de mon dos puis me fait avancer jusqu'au lit. J'attendais qu'il s'en aille, mais il est simplement resté derrière moi.

- Va te coucher tout de suite, Venelia... souffle-t-il. Sinon on finira tous les deux dans ce lit.

Je prends une grande inspiration avant de m'avancer. Je m'allonge dans le lit et me couvre rapidement avec la couverture. Il s'assoit à son tour sur le sofa, mais je peux encore sentir la chaleur de son corps.

Et j'ai bien peur que nous aurions été dans un chemin de non-retour, si ce n'était pas le goût de mon sang dans sa bouche.

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant