Blood's Crown

80.

Nous sommes retournés au palais, dans un effroyable silence. Revan n'a rien dit depuis tout à l'heure, pourtant je sais qu'il attend de moi que je m'exprime. Que je m'exclame. Que je lui dise à quel point il me dégoûte, à quel point le regarder m'est insupportable, à quel point j'aurais aimé rester avec Edham plutôt qu'avec lui.

Mais je ne dis rien de tel. Je ne le pense même pas.

Revan s'assoit sur le sofa, mais je ne le rejoins pas tout de suite. Je prends une bouteille d'alcool, présente dans notre appartement, et m'en sers deux-trois verres. Je sens que j'aurais plus de courage, si je ne suis pas entièrement sobre. Au moins, si je fais quelque chose que je regretterais, je pourrais le blâmer sur l'alcool. Pas sur moi-même.

Après avoir avalé l'alcool, et attendu qu'il fasse effet, je me tourne vers lui, puis m'assois à ses côtés. Je sens mon corps commencer à chauffer de l'intérieur. Cela ne m'étonnerait pas que je finisse ivre, je ne tiens pas très bien l'alcool, c'est pour cette raison que je n'aime pas.

- Revan ? Dis-je doucement. Revan, regarde-moi. Regrettes-tu ton action ?

- Je ne regrette jamais mes actions. Me répond-il fermement. J'attends ta réaction, seulement. Tu as vu ce que je suis réellement.

- Je n'étais pas ignorante, j'ai toujours su que ton âme était sombre. Dis-je d'une petite voix. Mais je ne peux pas t'en vouloir. Tu as pardonné Edham tant de fois, et je suis reconnaissante que tu ais épargné sa vie cette fois également.

Il tourne sa tête vers moi et me regarde longuement, se demandant sûrement si j'étais sincère. Son regard s'est soudainement adoucie puis sa main se dirige vers ma joue, la caressant lentement. Et je le laisse faire.

- Nous avons dépassés la barrière de la langue. Remarque-t-il en souriant.

Je détourne le regard, me sentant gênée. Je n'ai plus aucune raison de le vouvoyer, j'ai dépassée toutes les limites que je m'étais mise, alors continuer à être formel avec lui me semble ridicule... c'est toujours étrange, car même dans mes pensées je le vouvoyais et ne l'appelais pas par son nom, mais je vais vite m'y habituer.

Je dois avouer que cela ne me déplaît pas.

- ... Venelia, c'est donc certain ? Me demande-t-il. Edham, c'est terminé pour toi ?

- Oui. Affirmé-je. Je ne veux plus Edham. Je ne veux plus personne...

- Personne ? Pourtant, tu me veux.

Je soupire puis recule, dégageant sa main de mon visage. Sa main qui retombe immédiatement.

- C'est simplement du désir. À certains moments. Rien de plus. Dis-je en haussant des épaules. Mais... Le désir n'est pas éternel. Il finira par devenir de la lassitude.

Revan grimace, avant de reculer et coller son dos contre le sofa.

- Je ne suis pas Edham, Venelia. Si un jour je t'ai, je ne te laisserais jamais partir. Dit-il en me regardant d'un air déterminé. S'il a accepté de t'avoir perdu, moi, je ne l'accepterais pas. Si nous nous aimons, ce sera pour l'éternité.

- Ne nous voilons pas la face, Revan. Dis-je. Aucun de nous d'eux n'est capable d'aimer. Je ne serais jamais heureuse avec toi.

Il place ses coudes sur ses jambes et s'avance pour mettre son visage dans ses mains. Il soupire longuement, je suis impressionné par sa capacité de faire comme si de rien n'était. Il amène continuellement la conversation à un autre sujet, ignorant ce qu'il s'est passé plus tôt, et je n'ai que le suivre dans son courant.

- Je sais que nous en sommes capable. Me contredit-il. Si jamais un jour je tombe amoureux de toi, je ne m'en empêcherais pas. Peu importe les conséquences, je ne réprimerais pas ce sentiment.

Je sens mes joues chauffer et je peux deviner qu'elles sont toutes rouges. J'ai un certain soulagement que cela soit encore un "si", qu'il ne soit pas réellement amoureux. Où est donc passé ce vampire qui disait que mon corps le dégoûtait ? Qu'il n'a rien à faire avec une mortelle comme moi ? Que je suis simplement son prix de guerre, ou bien son défi ?

Mais l'alcool commence à me monter au cerveau. Tout ces questionnements s'en vont, et je me lève de ma place. J'ai envie de faire quelque chose mais je n'ai toujours pas assez de courage. Alors je prends la bouteille d'alcool et en bois une grande gorgée. Je grimace, le goût me donnant envie de vomir.

Mais j'ai acquis assez de courage et de confiance pour m'asseoir sur ses jambes. Il est surpris, mais ne me repousse pas. Au contraire, il pose ses mains sur ma taille et moi, je pose mes mains sur ses joues, la tête penchée vers la sienne.

Rapidement, nos nez se touchent, et nos lèvres ne sont plus qu'à quelques centimètres. Les mains de Revan se resserrent d'autant plus contre ma taille, ayant plus de mal à se retenir.

- Tu le regretteras à nouveau... me souffle-t-il. Éloigne-toi avant que...

- Alors ce sera mon problème. Le coupé-je, d'une petite voix.

Mes lèvres frôlent les siennes, et chaque fois qu'elles se touchent sans jamais s'écraser les unes contre les autres, je ressens des papillons dans le ventre et de la chaleur dans mon bas-ventre.

- Es-tu réellement obsédée par moi ? Lui demandé-je.

Il retire ses mains de ma taille, à la place, il enroule mon dos à l'aide de ses bras, le permettant de m'approcher de lui.

- Tu es mon obsession, Venelia. Murmure-t-il contre mes lèvres. Et si je ne t'embrasse pas tout de suite, je vais devenir fou.

- Alors embrasse-moi.

Et lorsque ses lèvres entrent en collision avec les miennes, j'ai comme l'impression que nous sommes entourés par des flammes. Il n'y avait plus que lui et moi, désormais.

Mais à contrecœur, Revan sépare nos lèvres et me regarde dans les yeux.

- Tu es ivre, Venelia. Soupire-t-il. Tu ne sais pas ce que tu fais.

- Je le sais ! M'exclamé-je. Et je te veux !

- ... Bien. Mais d'abord, je vais te rendre sobre. Si une fois sobre, tu me veux toujours, je te laisserais faire de moi ce que tu veux.

Elle acquiesce. Je lui demande de prendre un grand souffle alors que je plante mes canines dan son cou, aspirant tout l'alcool de son sang. Je dois désormais attendre un peu.

Mais Venelia n'est pas du même avis, car une fois mes canines retirées, elle repose ses lèvres sur les miennes et m'embrasse passionnément.