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Mort.

Phoenix.

Mortelle.

Venelia est mortelle.

Venelia ne vivra pas pour toujours.

Ces phrases résonnent dans ma tête alors que je la vois quitter la sorcière. Et si elle avait accepté ce jour-là, devant le cimetière, de devenir immortelle... je l'aurais probablement tuée. Je me serais tuée avec elle. Mais maintenant, ce n'est pas mieux. Non...

Chaque jour qui passera sera un douloureux rappel que Venelia a un fin. Qu'à tout moment, elle pourrait rendre son dernier souffle, que je sois là ou non.

Si elle est chanceuse, elle vivra jusqu'à cent ans. Mais que vaut cent ans pour un vampire ? Rien. Absolument rien. Cette année que j'ai passé marié avec elle a été semblable pour moi à un mois. Rien de bien grand. Alors quatre-vingts années en plus ne sont rien. Et je ne veux pas la laisser partir.

Mais aussi déchirant que cela l'est, ce n'est pas le moment de m'effondrer... Je dois profiter d'elle. De chaque heure, chaque minute, chaque seconde qu'elle m'offre. Et la durée de sa vie sera la durée de la mienne. Je peux alors, moi aussi, me considérer comme mortel.

J'efface alors la peine de mon visage, et affiche un faux sourire avant de pénétrer dans notre chambre. Je ne dois rien laisser paraître, je dois agir comme toujours, comme si je n'avais rien entendu.

Elle était là, assise et perdue dans ses pensées. Elle est si radieuse, si féminine et resplendissante... lorsqu'elle me voit, son regard s'illumine. Elle dissimule sa tristesse derrière son sourire, elle ne laisse rien transparaître.

- Te voilà. Dit-elle en souriant. Je t'attendais.

- Quelque chose s'est passé ? Lui demandé-je.

- Oh, non... M'assure-t-elle. Je voulais simplement passer du temps avec toi.

Du temps. Ce fichu temps qui n'est jamais assez. Peu importe sa lenteur ou sa rapidité. Il n'est jamais assez. Il ne se fige pas. Il continue, et continue. Comme s'il était pressé que tout le monde atteigne sa fin, et que ce fichu monde soit détruit à jamais.

- Tu es magnifique, aujourd'hui. Dis-je en m'asseyant.

- Simplement aujourd'hui ?

Je la regarde intensément dans les yeux. J'ai toujours aimé me perdre dedans. Ses yeux sont un autre univers, un monde à part. Un monde où tous les soucis s'en vont. Un monde, mais à la fois un miroir. Un miroir qui permettrait à nos âmes de se connecter entre elles. De s'aimer, à leurs tours. De se voir et se toucher.

- Chaque jour. Soufflé-je.

Elle sourit à ma réponse, et pose sa main sur la mienne. Et ses joues rougissent. Je sens sa chaleur, sa présence. C'est rassurant, réconfortant. Je ne peux m'empêcher de penser à la finitude de notre temps ensemble. Mais pour l'instant, je veux juste profiter de chaque instant passé avec elle.

Je m'allonge alors sur le sofa, posant ma tête entre ses jambes. Elle en profite pour me caresser les cheveux, nos yeux ne se quittant toujours pas.

- Je t'aime tellement, Venelia. Murmuré-je. Ma belle et douce femme.

- Je t'aime aussi, Revan. Répond-elle en souriant.

Ses mains étaient sur ma tête, ses doigts s'entremêlaient dans mes cheveux, et je pouvais sentir toute la douceur dans ses gestes. C'est ce genre de moments qui resteront gravés dans ma mémoire. Ce sont ses battements de cœurs que je n'oublierais jamais.

- Quand as-tu su que tu m'aimais ? Me demande-t-elle. Je me suis toujours posé la question.

- Honnêtement ? Je ne sais pas. La première fois que je t'ai vu, endormie dans ta chambre, j'ai sentis quelque chose bouger en moi. Raconté-je. Tu dormais si paisiblement... comme un ange. Et à ce moment-là, j'ai su que je te voulais comme ma femme. Je ne te voulais pas morte. Mais je me suis forcée à te faire du mal, car tu étais mon ennemi. Puis j'ai commencé à t'apprécier. Aimer ta compagnie. J'aimais même ta colère, ta haine. Et quand je t'ai embrassé pour la première fois... c'est là que ‏j'ai su que je te voulais.

Mon regard s'adoucit encore plus, je la fixe alors que ses lèvres forment lentement un sourire, montrant ses dents.

- Peut-être même beaucoup trop pour une ennemie. Murmuré-je. Et toi ?

- Et moi... la haine m'a tellement aveuglée, que je ne voyais pas le bien que tu faisais. J'étais si en colère que tu m'aies pris mon père, que tout ce que je désirais était de te faire du mal. Me raconte-t-elle. Mais à force de te côtoyer, tu m'es devenue familier. Inconsciemment, je t'ai reconnu. Mon ami d'enfance. Mon premier amour... alors la haine combattait mon attirance pour toi. Quand je t'avais tué... au fond de moi, j'espérais désespérément qu'un miracle se passe et que tu reviennes. Et c'est lors de notre premier bal que j'ai réalisé mes sentiments pour toi.

Je l'écoute attentivement, captivé par son récit, par ses lèvres bougeant de bas en haut au rythme de ses paroles.

- Ces sentiments m'ont dégoûtés. Je me dégoûtais. J'appréciais chaque moment ensemble, et c'est à ce moment précis que j'ai remarqué chaque détails dans tes actions envers moi. J'ai remarqué que chaque instant, tu voulais être proche de moi, je remarquais tes regards, tes sourires, je remarquais tes yeux rouges briller chaque fois que tu me voyais. Je remarquais ta douceur et tendresse quand tu me faisais l'amour, malgré que je pensais qu'il n'y avait que de la haine. Dit-elle doucement. Et dans la prison d'Edham, j'ai décidée de te pardonner car j'ai réalisée que je t'aimais. Je suis tombée amoureuse de l'Empereur Revan, et peu importe notre passé, j'étais prête à tout pour être avec toi.

Et je crois que mon cœur vient d'arrêter de battre. Là. Tout de suite. Ses mains caressaient lentement et tendrement, alors que je n'arrivais pas à détacher mon regard d'elle. Qu'ai-je fait de bon pour la mériter ? Je sens que je vais exploser d'amour. Je n'ai jamais autant ressentis d'affection pour quelqu'un. Et ce sentiment me submerge. Je me noie dedans, sans jamais m'en plaindre.

Mais elle n'en a pas finit avec les confessions, car elle s'approche de moi. Ses lèvres frôlent mon oreille, me faisant frissonner, puis d'une voix douce, elle murmure :

- Je veux avoir un enfant de toi, Revan.

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant