Blood's Crown

97.

La silhouette de mon prince disparaît peu à peu. Mes larmes n'ont pas cessé depuis tout à l'heure. Je sais que cela énerve mon père, mais je n'y peux rien. Je sais ce qu'il va m'arriver une fois que j'aurais mis les pieds dans le palais.

Soudain, j'ai sentis un coup dans le cœur. Comme si quelque chose venait de m'être arraché. J'espérais que cette douleur n'avait aucun lien avec Revan.

- Amenez-la dans sa chambre. Commande mon père aux gardes.

Ils montent alors avec moi, en direction de ma chambre. Ils entrent à l'intérieur et pose sur le lit. Mes bras et jambes sont attachés. Je ne peux rien faire. Je ne peux que lever le regard sur mon père, qui m'évite.

- Papa, je t'en supplie... Dis-je en pleurant. Tu ne peux pas me faire ça. Je l'aime, papa ! Je t'en supplie, ne l'efface pas de ma mémoire ! Je ne veux pas le détester, je ne veux pas devenir son ennemi, je ne veux-

- Je suis désolé, ma fille... Dit-il doucement.

Puis il fait un signe de tête. Une femme aux yeux violets s'approche de moi, et je comprends que c'est une sorcière. Je sens alors la colère se former en moi.

- Tu ne m'as jamais aimé ! M'écrié-je. Comme maman, tu ne m'as jamais aimé !

- Que dis-tu, ma fille ? Je t'aime. Je t'aime tellement... mais c'est un vampire. Ce sont nos ennemis. C'est impossible.

- Ce sont tes ennemis, pas les miens ! Si tu m'aimais réellement, tu aurais laissé une chance à Revan ! Lui dis-je, tentant de le convaincre. Effacer ma mémoire ne changera pas mon amour pour lui. Je vais lui revenir et tu ne pourras plus m'en empêcher, ce jour-là !

Un plan s'était déjà construit dans ma tête. Je vais me rappeler de lui. C'est certain. Et quand cela arrivera, nous allons nous marier en cachette, puis il fera de moi une vampire. Ainsi, plus personne ne pourra nous séparer.

- Allez-y... dit mon père à la sorcière.

La sorcière me jette le sort, et je sens mes forces faiblir. Je tente de rester réveillé le plus possible, m'accrochant au doux visage de mon bien-aimé, car lorsque le sommeil viendra... je l'oublierais. Finalement, je n'ai pas pu résister longtemps, je n'ai pu que prononcer un dernier mot faiblement avant de sombrer dans le sommeil :

- Revan...

Mon cœur bat rapidement, alors que je me tenais contre lui. Au vu de son visage pâle, je peux aisément deviner qu'il a vu ce que j'ai vu. Je m'en rappelle. Je me rappelle de tout. Je me rappelle de cette cruauté qui m'a arraché Revan de mes bras. Jusqu'à mon dernier souffle, je me suis accrochée à lui.

Je me rappelle du matin suivant, où je me suis réveillée avec la mémoire effacée et l'étrange envie de pleurer. Je ressentais un terrible vide, mais y mettre des mots dessus m'étaient impossible. Mon père a rapidement tenté de masquer cette tristesse et ce vide par ma "sœur" et ma fausse relation avec Edham.

Soudainement, tout ce que j'ai construis autour de mon père s'effondre. Je l'ai tellement idéalisé. J'ai tellement cru qu'il était une personne qui ferait tout pour mon bonheur. Mais il n'a eu aucune pitié pour moi.

- Venelia ? Dit Revan d'une petite voix. Tu... tu m'es revenu... tu as tenu ta promesse.

- Et tu m'as retrouvé. Dis-je en souriant tristement.

Je le prends dans mes bras et ferme les yeux en profitant de sa présence. Tu n'as pas réussis, papa. Tous tes efforts sont tombés à l'eau. Tu n'as pas réussis à nous séparer. Et peut-être est-ce la véritable raison de ta déception et ta colère ? Tu as échoué.

- Venelia... puisque l'on recommence tout, j'aimerais faire cela correctement... Dit-il en approchant son visage du mien. M'en feras-tu le plus heureux des vampires, et mêleras-tu ton souffle au mien ?

Mon cœur rate un battement, alors que mes yeux croisent les siens. Maintenant, je n'ai plus aucune raison de résister à la tentation. Je peux me laisser aller, sans jamais éprouver du regret ou de la honte envers mon père. Je me sens enfin libre dans mes actions et dans mes sentiments.

Revan me regarde d'une telle façon que je sens mon corps entier prendre feu. Je lui souris légèrement avant de m'approcher de lui également. J'ai besoin de lui pour tout oublier. J'ai besoin de me concentrer uniquement sur lui.

- Tu n'as même pas à demander. Lui soufflé-je. Je suis à toi.

Un sourire se dessine au coin de ses lèvres, satisfait. Il pose ses mains sur mes joues avant d'amener ses lèvres sur les miennes. Cette sensation m'a manquée. Il m'embrasse d'une façon assez possessive, comme s'il marquait son territoire... mais aussi d'une façon sensuelle qui me faiblit.

- Touche moi comme tu l'as toujours voulu durant toutes ces années... murmuré-je contre ses lèvres. Montre-moi à quel point je t'ai manqué, petit prince.

D'un revers de main, il arrive à me bousculer sous lui, me tenant par le dos. Son autre main relève mes bras et tient mes poignées au-dessus de ma tête.

- Petit prince, hein ? Dit-il en souriant diaboliquement.

Ses lèvres caressent mon cou, et je me mords les lèvres face à cette vague de plaisir et de chaleur qui prend possession de mon corps.

- Je vais devenir ton Empereur. Murmure-t-il.

- Mmh... Dis-je, le regard taquin. J'attends de voir ça, mon petit prince...

Il lâche un rire grave, avant de s'attaquer à nouveau à mon cou. Je serre les draps entre mes doigts, mais je ne peux les empêcher d'en avoir assez... et de sagripper à Revan. J'ai besoin de lui. Sur-le-champ.

Nous nous enlaçons dans une étreinte passionnée, nos corps se mêlant dans une danse passionné, de désir et d'amour. Les années de séparation disparaissent alors, submergées par la puissance de notre amour réciproque.

Revan est mon âme sœur, mon amour éternel. Nous nous aimons avec une passion débordante et rien ne pourra jamais nous séparer à nouveau. Nous sommes enfin maîtres de notre destin. Plus nos pères. Plus personnes. Nous ne sommes plus des pions, aux mains de ceux qui le désirent. Mais je n'y pense plus.

Je pense à lui. À son visage proche du mien, à son front suant et à ses cheveux tombant sur ses yeux, à son corps contre le mien, à son regard plein de tendresse, de passion et de désir. Je pense à ce qu'il a fait de moi.

Et dans cet instant de pure extase, je sais que nous avons l'un pour l'autre tout ce qui compte. Je suis sienne, et il est mien, pour l'éternité.

Ou enfin... jusqu'à ce que cela dure.