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Nous avons passés une grande partie du temps à parler et pleurer ensemble. Cela n'a rien à changé. Je me sens toujours autant coupable. Je le suis, après tout. J'ai tué mon ennemi, mon époux, leur frère. Je l'ai tué sans penser aux conséquences. Sans penser à ses sœurs.

- Il voulait m'aider à trouver ma sœur, tu sais ? Dis-je faiblement. C'est pour cette raison que nous avions parlé à l'esprit de mon père. Pour trouver des réponses...

- Et avez-vous trouvés vos réponses ?

- Non. Dis-je en soupirant. Mon père n'a rien dit d'autre que "tue-le". Il a pris possession de mon corps pendant un instant, puis je l'ai fais.

Illara baisse sa tête un instant, essayant de ne pas pleurer à nouveau.

- Je ne comptais pas le faire. Dis-je doucement. Je te promets que je ne comptais pas le faire. Pas maintenant.

- Je te crois. Dit-elle tristement. Et je te l'ai déjà dit, je ne t'en veux pas... tu es toujours comme une sœur, Venelia.

Je n'arrive plus à me retenir alors je laisse quelques larmes couler, en la prenant dans mes bras.

- Venelia, je dois te dire quelque chose...

Je m'éloigne alors, et la regarde, attendant qu'elle continue.

- J'ai signé un traité... Dit-elle doucement. Tu devrais le signer aussi. Il garantit la paix entre nos deux peuples. Je sais que tu ne veux pas la guerre, et nous non plus. Et tu pourras garder ton royaume. Tu en es la reine.

- ... Merci, Illara. Dis-je en souriant faiblement.

Nous nous enlaçons alors, et lorsque je vois que le soleil commence à se coucher, je comprends qu'il est temps pour moi de rentrer.

- Illara, je dois rentrer mais avant... j'aimerais voir sa tombe. Dis-je, hésitante. Si tu le veux, bien-sûr...

- D'accord, suis-moi.

Je hoche la tête puis nous sortons de son appartement. Nous descendons des escaliers, puis elle m'emmène dans l'arrière cour du palais. Il y a également un bâtiment ressemblant à un cimetière, encore plus décoré et majestueux que le nôtre.

- La tombe de mon frère est à l'intérieur. Me dit-elle. Tu la reconnaîtras.

Je la gratifie d'un petit sourire puis entre à l'intérieur. L'esprit des vampires ici doivent être si en colère qu'une humaine soit entré. L'Empereur encore plus.

Je m'avance et effectivement, je reconnais sa tombe. Sa couronne est dessus, et son nom est inscrit. Je m'agenouille honteusement devant.

- Vous avez réussis à me mettre à genoux pour vous. Dis-je en riant tristement.

Je soupire ensuite, sentant mes poils se hérisser. Cet endroit ne m'inspire rien de bon.

- Mon père m'a contrôlé, ce jour-là... Dis-je doucement. Cela n'excuse en rien mon action, je le sais. Mais je ne voyais plus rien devant moi. J'ai réellement l'impression d'être hypocrite en vous parlant... je pense que je n'aurais rien regretté si ce n'était pas pour vos sœurs.

S'il n'avait pas de sœurs, je me serais sûrement réjouis. Peut-être... il n'aurait eu personne qui pleurerait pour lui. Tout aurait été différent. Mais je regrette mon action car ses sœurs sont dévastés.

- Avez-vous regretté de m'avoir pris mon père autant que je risque de vous avoir pris à vos sœurs ? Avez-vous eu pitié de moi, quand j'étais aussi dévastée qu'elles ?

Je sais que sa réponse aurait été "je ne regrette pas, car il a pris mon père." Et je l'aurais encore plus détesté pour sa réponse. En fait, en y réfléchissant, chaque action qu'il a faite n'a fait qu'augmenter ma haine envers lui. Mais peut-être que cela est mieux. Je ne connais pas mes capacités, mais s'il était bon envers moi, je me serais trahis et j'aurais trahis mon père.

Il avait raison lorsqu'il disait que les humains sont faibles. Oui, nous le sommes. Oui, nous ne sommes pas parfaits. Oui, parfois nos cœurs prennent des décisions qui auraient dû être prise par notre raison. Mais n'est-ce pas la beauté de notre humanité ? Nos décisions sont si variables. Si diverses. Si... humaines.

Et nous apprenons de nos erreurs.

- Je sais que vous n'aimez sûrement pas ma présence ici, alors je vais vous provoquer une dernière fois en restant ici aussi longtemps que je le peux, parlant de choses que vous détestez. Dis-je en riant doucement. Au moins, cette fois, vous ne pourrez ni m'emprisonner, ni créer d'illusions, ni graver votre initiale sur ma main. Vous allez écouter, sans rien pouvoir faire.

Je ne peux qu'imaginer son esprit errer en colère autour de moi.

- Parlons d'Edham, tiens. Dis-je. Je n'ai jamais su pourquoi vous le détestez autant d'ailleurs. Il ne vous a rien fait, et je vous vois mal être jaloux pour moi... enfin, ce n'est pas le plus important. Je sais que vous mourrez d'envie de le savoir, alors non, je ne suis pas retourné à lui. Je ne veux plus entendre parler d'hommes ou de mariage pour les dix prochaines années, au moins. Tout cela m'a dégoûté, grâce à vous.

Je lâche un rire, sans grande joie. Mais je perds rapidement mon sourire. Je n'ai aucun cœur à sourire ou rire. Je me sens étrangement... vide. Cela n'est pas normal, je le sais. Et j'aimerais que cela s'arrête.

- Dites-moi... les effets de ce lien, quand disparaissent-ils ? Lui demandais-je. Vous m'avez laissés avec une malédiction. M'avez-vous maudit avant votre mort ? Sûrement. Sinon, je n'aurais pas ressentis ces émotions contradictoires.

Je finis par me relever, regardant autour de moi. Malgré la forte lumière présente, j'ai l'impression que tout est sombre autour de moi. J'ai l'impression de ne rien voir, de ne rien sentir.

- Parfois, je me dis que sans cette guerre et les erreurs que nous avons commises, je sens que nous aurions pu être de très bons amis. Dis-je doucement. Mais ni vous ni moi ne savons aimer, alors nous avons choisis la haine.

Je fais un léger sourire. Et même si nous n'avions pas choisi la haine, nous n'aurions certainement pas choisis l'amour. Une amitié avec de l'animosité aurait été une description parfaite de notre relation. Mais nous ne faisons pas le monde avec des "si", malheureusement.

- Vous... Commençais-je. Enfin, tu es mon ennemi favori, Empereur Revan.

Après cela, j'allais sortir mais une voix rauque m'interrompt. Une voix qui me donne immédiatement des frissons, dans tout le corps.

- Si j'avais su qu'il fallait que je meurs pour que vous disiez mon nom, je serais mort depuis bien longtemps... Venelia.

Blood's CrownOù les histoires vivent. Découvrez maintenant