La nuit tombée, je dîne avec Edham en entendant mes gardes hurler que le couvre-feu a commencé. Ces derniers jours, deux jeunes femmes ont été arrêtés après être aperçu à l'extérieur après le couvre-feu. Elles rejoignaient leurs amants. Deux vampires. Mes doutes ont été confirmés.
- Votre Majesté !
Mon conseillé criait dans les couloirs à mon intention, sans que je ne le vois encore. Puis il arrive. Il semble inquiet. Il me regarde, puis regarde Edham, à tour de rôle.
- Votre Majesté... Dit-il avec désespoir.
- Que se passe-t-il ? Lui demandais-je, inquiète.
Il ferme les yeux un instant, puis soupire.
- L'Empereur a appelé tous les hommes vampires à se battre. Dit-il faiblement. Et malheureusement... nous avons perdus. Le général a capitulé.
Je me lève soudainement de table, sous le choc.
- Pourquoi a-t-il capitulé ?! Dis-je, hors de moi. Nous étions sur le bon chemin ! Nous étions proche de la victoire.
- Votre Majesté, nous avions perdus deux tiers de nos hommes. Dit-il en soupirant. Continuer la guerre signifierait mettre en danger les civils. Nous ne pouvons pas risquer de perdre la moitié de notre peuple.
Je soupire, abbatue. Nous avons perdus. Perdus.
- Je peux envoyer encore de mes hommes ! S'exclame Edham. Tout n'est pas perdu !
- C'est trop tard, votre Altesse... dit mon conseiller. Les vampires sont en train de prendre le contrôle de notre royaume. Bientôt, l'Empereur s'emparera du palais. Il faut commencer les négociations.
Je passe mes mains dans mes cheveux, ça ne peut pas être possible. C'est tout simplement impossible.
- Votre Majesté... Dit-il en grimaçant. Écrivez à l'Empereur. Demandez sa miséricorde. Nous ne pouvons rien faire de plus...
- Non ! Venelia viendra avec moi. L'interrompt Edham. Sa vie sera sauve dans mon royaume. On ne peut pas faire confiance à un vampire.
Je me tourne ensuite vers lui, le regardant droit dans les yeux.
- Et mon peuple ? Lui demandais-je. Que fera mon peuple ? Je ne peux pas m'enfuir et les laisser. Je dois porter ma responsabilité. J'écrirais à l'Empereur, avant qu'il ne soit trop tard.
Edham me regarde avec colère. Je soupire. Je ne peux pas satisfaire tout le monde. Je vais risquer ma vie, certes, mais quel genre de Reine serais-je si je suis en vie alors que mes sujets meurent ?
- Retourne dans ton royaume, Edham. Lui dis-je. Je te tiendrais au courant.
- Je ne peux pas te laisser, Venelia. Dit-il doucement. Et s'il t'arrive quelque chose ?
Et je le prends dans mes bras pour le rassurer. Il me serre en retour, et encore plus fort.
- J'irais bien. Lui murmurais-je. J'irais bien, je te le promets.
Puis je me sépare de lui. Il ne voulait pas partir, mais je ne le lui laisse pas le choix. Je l'escorte jusqu'à la porte, puis le regarde s'en aller. J'ai besoin de réfléchir. Correctement.
- Il n'est pas possible que la donne change ? Demandais-je à mon conseiller. Pour que nous puissions gagner ?
- Non, votre Majesté... me répond-il en soupirant. Ils ont déjà gagnés. Nous ne pouvons gagner. À moins de lancer une nouvelle guerre, mais nous sommes trop faible pour le moment pour cela.
Trop faible.
Nous sommes trop faible.
Dieu, que cette histoire est compliquée. Je m'assois sur mon sofa, amenant avec moi une tonne de feuille et de quoi écrire.
- Que devrais-je écrire ? Demandais-je.
- Nous devons reconnaître notre perte. Me répond-il. Puis demander à l'Empereur vos souhaits. Bien-sûr, vous saurez mieux le former que moi.
Je hoche la tête. Je prends mon stylo, et l'approche du papier. Ma main se met à trembler. Je dois mettre ma fierté de côté. Je dois agir avant que la vie de mes sujets soit en danger. Mais pour une raison ou une autre, les mots ne sortent pas.
Cher Empereur...
Devrais-je commencer ainsi ? C'est mon ennemi, après tout. Mais je ne vais tout de même pas l'insulter. Je dois rester polie. Je prends un grand souffle et écris la première ligne. C'est fait.
Le sort de cette longue guerre est enfin éclos. Et la victoire ne nous est pas revenu.
Je ferme les yeux en me massant les tempes. Mon père serait tellement déçu. Je me demande ce qu'il aurait fait, s'il était dans ma situation. Aurait-il reconnu sa défaite, ou l'aurait-il nié en mettant la vie d'innocents en danger ?
- Votre Majesté, je crois que c'est trop tard pour la lettre... me dit mon conseiller.
Il était sorti, et je ne m'en suis même pas rendue compte, tant j'étais perdue dans mes pensées. Il s'approche de moi, une lettre à la main.
- L'Empereur nous envoie une lettre. Dit-il.
- L'as-tu lu ?
- Non, votre Majesté.
Je me saisis de la lettre et reconnaît le sceau de l'Empereur des vampires dessus. Un sceau rouge. J'ouvre l'enveloppe et en sors la lettre. Avant même de l'ouvrir, je sais que ce que je vais lire ne me plaira pas. J'ai l'impression que cette lettre me brûle la main, alors qu'aucune flamme n'en sort.
Mon cœur bat à la chamade, ne sachant pas à quoi s'attendre. J'aurais dû laisser Edham rester. Il serait resté à mes côtés en lisant cette lettre.
Je finis enfin par la déplier, et au premier regard, les lettres semblaient entrer en collision les unes avec les autres. Je ferme les yeux un instant, tentant de réguler ma respiration qui est beaucoup trop rapide.
Je lis la lettre rapidement, et lorsque j'arrive à la signature de l'Empereur plus bas, je me sens nauséeuse. Les larmes me montent aux yeux. Le pire est arrivé. Le pire arrivera.
- Votre Majesté, vous êtes devenu pâle. Tout va bien ?
Je relève ma tête, non. Non, rien ne va. Tout est devenu hors de contrôle. Et je ne sais pas si je vais m'en sortir. Mais je me rappelle à nouveau des mots de mon père. Un bon gouverneur doit garder son sang froid. Alors je ravale mes larmes.
Je me lève du sofa, tentant de me reprendre.
- Appelle le tailleur. Lui ordonnais-je. Il me faut une robe au plus vite.
Malgré mon envie de pleurer, je dois me contenir. Je vivrais ce moment comme si c'était tout ce que j'attendais.
Je n'ai pas d'autre choix.
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Blood's Crown
RomanceLa Reine des humains et l'Empereur des vampires se retrouvèrent tous deux au cœur d'une guerre datant de plusieurs siècles, dès leur ascension au trône. Dès l'instant où la guerre prit fin, un des deux dû se soumettre à l'autre. Malgré leur haine et...