Blood's Crown

10.

Le lendemain, je me réveille seule dans le lit. Je tente de me rappeler de la nuit dernière, mais tout ce dont je m'en souviens ne sont que des bribes de conversations. Puis tout me revient. Cet étrange rideau noire. Cette soudaine envie de dormir.

Je me relève en sursaut, craignant qu'il m'ait fait quelque chose. Mais rien. Il n'a rien fait. Je soupire de soulagement, alors que je le vois boutonner sa chemise devant son miroir.

- Je vous l'ai dis. Me dit-il sans me regarder. Votre corps me dégoûte. Je ne vous toucherais pas. Jamais.

Il me l'a dit, oui. Et il semble y prendre du plaisir. Comme s'il pensait me faire du mal avec ses mots. Mais c'est bien le contraire. Il peut dire ce dont il a envie, je n'y accorderais aucune importance.

- Avez-vous une bibliothèque ? Lui demandais-je en me levant du lit. J'aimerais lire durant votre absence.

- Il y en a une. Me répond-il. Votre Dame vous y emmènera après le petit-déjeuner.

Je hoche la tête. Ma Dame ? J'ose espérer que c'est une humaine. Mais la réalité me rattrape très vite. Même les humains dans cet Empire ne sont pas fiables. Ils me détestent car ils me tiennent responsables pour ces lois "discriminantes" envers les vampires, surtout leurs amants.

Je me demande s'ils me détestent toujours autant, même après avoir épousé l'Empereur des vampires.

- Je vous revoie ce soir, chère épouse. Me dit l'Empereur. Tenez-vous à carreaux durant mon absence.

Je le fixe sans répondre. J'évite d'énoncer mon plan dans ma tête, au cas où il puisse lire mes pensées. Même si Edham m'a donné un sort de protection contre les vampires, ce sort ne durera pas. Et je ne sais pas s'il fonctionne contre l'Empereur. Après tout, on peut le considérer comme le plus puissant vampire.

L'Empereur sort ensuite de la chambre. Je viens de me rendre compte que je ne connais pas son nom, et il ne connaît sûrement pas le mien. C'est drôle. J'ai épousé un homme dont je ne connais rien. Pas même le nom.

Et je trouve que cela crée une certaine distance entre nous, une distance qui m'est agréable.

Je m'habille rapidement, puis sors de ma chambre pour prendre mon petit déjeuner, seule. Les gardes baissent leurs têtes lorsque je passe, et les servantes s'approchent pour me rendre service. Elles n'ont pas les yeux rouges, elles. Je peux alors assumer qu'elles sont humaines, mais je n'en suis pas certaine.

Ici, les vampires préfèrent garder leurs yeux rouges et les humains sont reconnaissables, si ce n'est pas pour leur odeur, grâce à leurs yeux de couleurs différentes. Les enfants des vampires et humains ont la moitié de leur yeux rouges et l'autre moitié de la même couleur que leur parent humain.

Je fais les gros yeux en voyant la table. Elle est remplie de plusieurs petits plats, qui semblent si appétissant. Je m'assois et commence à déguster chacun d'entre eux. Moi qui pensait que les vampires ne savaient pas cuisiner nos plats et des pâtisseries. Je suis agréablement surprise.

- Merci, vous pouvez disposer. Dis-je aux servantes.

Elles hochent la tête avant de s'en aller. Je me retrouve alors seule. Je dois me nourrir pour garder ma force, puis attendre que ma Dame arrive et me montre où se trouve la bibliothèque. Je dois trouver un livre qui m'indiquera comment rompre les liens entre l'Empereur et moi.

Puis une fois les liens défaits, je le tuerais.

Les gens pensent que la guerre est terminée, mais c'est faux. La guerre ne vient que de commencer. Et cette fois, c'est entre l'Empereur et moi. Une guerre dont le monde extérieur n'a aucune connaissance.

Une guerre que, cette fois, je gagnerais.

EDHAM

Je fais les cents pas dans mon appartement. Venelia a épousé l'Empereur des vampires hier et je ne peux rien y faire. Je dois trouver un moyen de la faire sortir de là. Je simulerais sa mort, pour que l'Empereur n'aille pas à sa recherche.

Mais je ne peux passer les frontières de l'empire.

- Fils, elle a fait son choix. Dit mon père. Je ne te permettrais pas de mettre ta vie en danger. Tu es le futur de ce royaume.

Je secoue ma tête.

- Nous devons trouver un moyen, père. Dieu sait quel horreur lui feront subir les vampires. Lui dis-je avec désespoir. Venelia est précieuse pour moi, je ne peux pas l'abandonner.

Mon père soupire, sachant pertinemment qu'il ne pourra pas me faire changer d'avis.

- Je ne comprends pas, fils. Dit mon père en soupirant. Elle t'a rejetée tant de fois. Pourquoi t'obstines-tu à courir après elle ?

- Parce que je suis amoureux ! Dis-je en haussant la voix. Je suis amoureux d'elle. Et elle me voulait.

S'en suit un énorme silence. Il ne s'y attendait pas. Jusqu'à ce jour, ces mots ne sont jamais sortis de ma bouche. Lorsque j'étais petit, sûrement. Mais ensuite, je l'ai gardé pour moi.

- Père, je n'ai jamais cessé de l'aimer. Pas même pour une seconde. Soufflais-je. Et j'en souffre. La voir épouser un autre homme me brûle le cœur. Savoir qu'elle ne pourra peut-être jamais être mienne me retourne l'estomac.

- ... Je comprends ta douleur. Mais pour ton bien, tu dois l'oublier. Dit mon père. La Reine des mortels était inférieur à nous, et désormais...

Non. Elle n'a jamais été inférieur à nous. Jamais.

- Et désormais, si elle se rend compte du pouvoir qu'elle détient entre ses mains, nous serons aussi insignifiant qu'un grain de poussière à ses côtés. Continue-t-il. Reine Venelia est devenue la reine des mortels, la reine des vampires et du royaume des morts.

Je ne voulais pas l'entendre. Venelia est puissante. Je le sais. Elle l'est. Et elle se servira de cette puissance pour se débarrasser de l'Empereur, puis nous nous retrouverons. Je ne vois aucune autre fin possible pour cette histoire. Certainement pas la fin que me propose père.

- Et plus encore, elle est devenue notre ennemie.

Je serre les poings.

- Ton ennemie, peut-être, mais elle n'est certainement pas la mienne. Dis-je avec rage. Elle est la fille de ton ami, elle est mon ami d'enfance, mon premier amour.

- Mais elle n'est plus ce qu'elle était. Qu'elle ait été consentante ou non, elle est devenue l'épouse de notre pire ennemie. Me répond-il. Je ne te dirais rien de plus, fils. Tu le verras de tes propres yeux demain, lors de la pleine lune.